THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LE LOUP  ET  LES  SEPT  CHEVREAUX
le loup et les sept chevreaux en ombres chinoises, theatre d`ombres, silhouettes, marionnettes
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Le loup et les sept chevreaux

 

(Décors : à gauche, la cabane des chèvres ; à droite, un arbre ; au milieu, un puits).

 

CHÈVRE, entrant sur l'écran, à la cantonade. - Je n'y crois pas, je n'y crois pas ! Mes maîtres ont voulu me manger ! Ils ont mis de l'eau dans le chaudron, avec des légumes et du sel, ils ont allumé un feu sous le chaudron, et le fermier s'est approché de moi avec un grand sourire et des mots gentils. Quel imbécile, il avait son grand couteau à la main. Je me suis sauvée. Mais, c'est joli comme tout, ici ! Je crois que je vais m'y installer. (Elle s'approche de la cabane). Qu'est-ce que c'est ? Bê ! Une cabane sauvage ! C'est bien que tout soit en place - à la fois la porte et la cheminée. C'est fini de fuir dans les bois. Je vais ramener mes enfants, et ensemble nous vivrons dans cette maison ! Oh, la jolie cabane. Je vais pouvoir m'y installer avec mes sept chevreaux. (Elle entre dans la cabane).

 

LOUP, survenant et s'approchant de la cabane. - Bonjour, madame, je n'ai pas eu l'honneur de vous être présenté. Sortez donc un peu, que je vous donne le bonjour.

 

CHÈVRE, sortant de la cabane. - Bonjour, monsieur, je suis la chèvre. À qui ai-je l'honneur ?

 

LOUP. - Bonjour, madame la chèvre. Sachez que je suis le loup. Je venais vous inviter à déjeuner.

 

CHÈVRE. - C'est gentil, monsieur loup. Qu'y a-t-il au menu ?

 

LOUP. - Au menu ? Je crois bien que je vais manger de la chèvre, des cornes aux sabots ! (Il s'approche de la chèvre).

 

CHÈVRE. - Oh, monsieur, un peu d'exercice à l'apéritif, je n'ai rien contre. En garde ! (La chèvre se penche et vient attaquer le loup, cornes en avant). À l'attaque !

 

LOUP. - Mais, vous êtes folle, vous venez de me frapper à l'estomac. C'est ma partie la plus fragile...


CHÈVRE. - Oh, monsieur, je peux vous attaquer partout où il vous plaira ! (Elle se précipite vers le loup qui s'enfuit). Passez le bonjour à madame ! Bon, il ne me reste plus qu'à ranger la maison en attendant l'arrivée de mes enfants. (Elle se rend dans la cabane où elle disparaît).

 

(La lumière s'éteint puis se rallume. Trois chevreaux sortent de la cabane).

 

CHÈVRE. - Mes petits cabris, je dois aller dans la prairie. N'ouvrez la porte à personne. Surtout, prenez garde au loup ! S'il arrivait à entrer dans la maison, il vous mangerait tout crus ! Ce coquin sait se déguiser et jouer la comédie. Mais il a une voix rauque et des pattes noires : c'est ainsi que vous le reconnaîtrez.

 

CHEVREAU 1. - Je suis le plus rapide !

 

CHEVREAU 2. - Je suis le plus fort !

 

CHEVREAU 3. - Je suis le plus malin !

 

CHÈVRE. - Vous n'êtes pas des boucs, mes petits ! Pour un loup, vous n'êtes que des bouchées gourmandes. Même à trois, vous n'avez aucune chance contre lui !

 

CHEVREAU 1. - Je peux courir plus vite que lui !

 

CHEVREAU 2. - Je peux lui donner un coup de cornes !

 

CHEVREAU 3. - Je... je... je rentre à la maison, j'ai trop peur du loup. (Il rentre dans la cabane).

 

CHÈVRE. - Non, non, non ! Je ne veux pas que vous vous battiez contre le loup. Moi-même, j'ai eu de la chance car je l'ai eu par surprise. Alors, s'il arrive, ne lui ouvrez pas. La cabane est solide, vous serez protégés.

 

CHEVREAU 1. - Ne t'inquiète pas, maman.

 

CHEVREAU 2. - Nous ferons bien attention. Tu peux partir sans crainte.

 

CHÈVRE. - Bê, bê, j'ai confiance en vous.

 

(Elle sort de la maison et de l'écran, côté bois).

  

(Le loup arrive du bois et s'arrête devant la maison).

 

LOUP, en criant. - Ouvrez la porte, mes biquets, c'est moi, votre mère, et je vous rapporte à tous quelque chose.

 

CHEVREAU 1. - Quelle est cette grosse voix ? Ça ne peut pas être notre maman.

 

CHEVREAU 2. - Tu as raison, grand frère.

 

CHEVREAU 3. - Ça doit être le loup dont maman nous a parlé.

 

CHEVREAU 1, au loup. - Nous ne t'ouvrirons pas !

 

CHEVREAU 2. - Tu n'es pas notre maman !

 

CHEVREAU 3. - Notre maman a une voix douce et agréable et ta voix est rauque.

 

CHEVREAU 1. - Tu es le loup !

 

LOUP, se déplaçant au milieu de l'écran. - Sapristi, je n'avais pas pensé à ça. Je vais aller acheter un gros morceau craie et je vais en croquer un peu pour adoucir ma voix. (Il sort de l'écran, puis revient. Durant le déplacement, il chante :)

Prom'nons-nous dans les bois

Pendant que le loup n'y est pas,

Car s'il y était...

 

(Il rentre sur l'écran, se dirige vers la cabane et frappe à la porte).

 

LOUP, d'une voix douce. - Ouvrez la porte, mes biquets, c'est moi, votre maman, et je vous rapporte à tous un petit quelque chose. (Le loup pose sa patte sur le rebord de la fenêtre).

 

CHEVREAU 1. - Mais, qu'est-ce que c'est que cette patte noire ?

 

CHEVREAU 2. - Notre maman n'a pas les pattes noires !

 

CHEVREAU 3. - C'est le loup !

 

CHEVREAU 1, au loup. - Nous ne t'ouvrirons pas !

 

CHEVREAU 2. - Notre maman n'a pas les pattes noires comme toi !

 

CHEVREAU 3. - Tu es le loup !

 

LOUP, se déplaçant au milieu de l'écran. - Sapristi, je n'avais pas pensé à ça. Je vais aller acheter un sac de farine et je vais l'utiliser pour blanchir ma patte (Il sort de l'écran, puis revient. Durant le déplacement, il chante :)

Prom'nons-nous dans les bois

Pendant que le loup n'y est pas,

Car s'il y était...

 

(Il rentre sur l'écran, se dirige vers la cabane et frappe à la porte).

 

LOUP. - Ouvrez la porte, mes biquets, c'est moi, votre maman, et je vous rapporte à tous un petit quelque chose.

 

CHEVREAU 1. - Montre-nous ta patte d'abord !

 

CHEVREAU 2. - Nous voulons savoir si tu es vraiment notre maman.

 

CHEVREAU 3. - Allez, allez, dépêche-toi !

 

LOUP. - Voilà, voilà, mes agneaux. (Le loup pose sa patte sur le rebord de la fenêtre).

 

CHEVREAU 1. - Ta voix est douce, tu as une patte blanche.

 

CHEVREAU 2. - Tu dois être notre maman.

 

CHEVREAU 3. - Nous t'ouvrons la porte.

 

LOUP, entrant dans la maison. - Houououou, par ici la bonne chair fraîche.

 

(La lumière s'éteint, on entend les grognements du loup, les cris des petits, des meubles qu'on déplace).

(La lumière revient. On ajoute le gros ventre à l'ombre du loup).

 

LOUP, sortant de la maison. - Houlala ! Je crois bien que j'ai trop mangé. Je ne peux plus marcher. Je vais m'allonger un peu, là, contre cet arbre. (Le loup va s'allonger contre l'arbre du décor).

 

(La chèvre arrive côté bois, dépasse le loup sans le voir, et arrive devant sa maison).

 

CHÈVRE, apeurée. - Mais, mais, la porte est grande ouverte... (Elle entre dans la maison). Comment ? Les meubles sont renversés, le lavabo a volé en éclats, les draps et les couvertures traînent par terre... Mes petits, mes petits, où êtes-vous ? Broutard, où es-tu ? Galopin, où es-tu ? Trottedru, où es-tu ? Cornefine, où es-tu ? Blanchette, où es-tu ? Noireaude, où es-tu ? Tichamois, où es-tu ?

 

TICHAMOIS. - Bê, bê... (Il entre sur l'écran, dans la cabane et s'avance timidement de sa maman).

 

CHÈVRE. - Où es-tu, Tichamois ? je crois que je t'ai entendu...

 

TICHAMOIS. - Je suis là, maman, dans la pendule !

 

(La chèvre sort de l'écran côté cabane et revient avec Tichamois).

 

CHÈVRE. - Tichamois, enfin, tu es vivant (elle l'embrasse). Où sont passés tes frères ?

 

TICHAMOIS. - C'est le loup, maman, c'est le loup. Il les a tous mangés.

 

CHÈVRE. - Mais pourquoi lui avez-vous ouvert ?

 

TICHAMOIS. - Maman, il avait une voix douce et une patte blanche, comme toi.

 

CHÈVRE. - Viens, mon chéri, suis-moi.

 

TICHAMOIS. - Pourquoi faire, maman ?

 

CHÈVRE. - Tichamois, nous allons à la chasse au loup !

 

(La chèvre se déplace vers la droite de l'écran et tombe sur le loup qui ronfle comme un sonneur).

 

CHÈVRE, à Tichamois. - Regarde, Tichamois, le ventre du loup bouge encore. Tes frères et sœurs sont peut-être encore en vie. Vite, Tichamois, va à la maison me chercher mes ciseaux, une aiguille et du fil. Fais vite.

 

TICHAMOIS. - Oui, maman. (Tichamois se rend dans la cabane et revient). Tiens, maman, voici tes ciseaux, une aiguille et du fil. (Tichamois fera un petit saut vers sa mère à l'évocation de chaque objet qui n'existeront pas en dehors du dialogue).

 

CHÈVRE, s'approchant du loup. - Bon, je prends mes ciseaux et je découpe le ventre du loup. (On voit une tête de chevreau qui sort du ventre du loup). Broutard, sors vite ! (On fera sortir chaque chevreau à l'évocation de son nom par sa maman. Dès sorti, chaque chevreau se rend dans la cabane où il disparaît). Galopin, Trottedru, Cornefine, Blanchette, Noireaude, sortez-vite ! Enfin, il sont tous vivants ! Bon, je vais remplir le vendre du loup avec de grosses pierres (qui n'existeront pas plus que les ciseaux, l'aiguille et le fil). Maintenant, je le recouds. Ouf, il va se réveiller ! Vite, à la maison !

 

LOUP, se réveillant. - Quel festin, mes amis, quel festin ! Comme j'ai le ventre lourd ! J'ai l'impression d'avoir des pierres dans l'estomac à la place des chevreaux ! Je vais boire un peu dans le puits. Bien, je me penche pour boire, oh non ! (Le loup tombe dans le puits).

 

(Les sept chevreaux et la chèvre accoururent alors autour du puits et se mettent à danser en chantant :)

 

CHEVREAUX. - Prom'nons-nous dans les bois

Puisque le loup n'y est pas.

Car s'il y était, il nous mangerait.

Mais il s'est noyé,

On est libéré !

 

TOUS, criant. - Bê !

 

FIN
 

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puits par Nicolas AUBERT, libre de droits
 
 



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