LE MEUNIER, SON FILS ET L'ÂNE
par Nicolas AUBERT
d'après un apologue d'Ésope.
Illustrations d'Arthur RACKHAM.
mars 2014
libre de droits.
(L'âne, suivi par le fils, puis par le meunier, traverse l'écran).
FILS. - Papa, papa !
MEUNIER. - Oui, mon fils ?
FILS. - Papa, où on va comme ça ?
MEUNIER. - Nous allons au marché. J'espère pouvoir y vendre notre âne.
(Il croisent trois jeunes filles).
UNE JEUNE FILLE. - A-t-on jamais vu pareille paire de nigauds ? Aller à pied, le long de la route poussiéreuse, quand ils pourraient monter sur l'âne !
(Les jeunes filles sortent).
MEUNIER. - Ce n'est pas idiot, fils, ce qu'on vient d'entendre. Monte sur notre âne. Je marcherai à côté.
FILS. - C'est bien vrai, papa, c'est moins fatiguant.
(Le fils monte sur l'âne, le meunier marche devant. Ils croisent trois bourgeois).
BOURGEOIS. - Holà, meunier, quel est ce curieux équipage ?
MEUNIER. - Comme vous le voyez, messieurs, je mène cet âne au marché pour le vendre.
BOURGEOIS. - Ça, je le vois bien brave homme. Mais vous allez gâter votre fils en le laissant aller à dos d'âne, tandis que vous vous fatiguez à pied. Allons, faites-le marcher, ce grand paresseux ! Cela lui fera le plus grand bien.
MEUNIER. - C'est logique, ce que vous me dites-là. Fils, descends et échangeons nos places.
(Le meunier monte sur l'âne à la place de son fils qui le suit à pied. Les bourgeois sortent. Une femme et ses enfants arrivent).
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LA FEMME. - Quel égoïste que ce vieillard ! Il va sur son âne tout à son aise et laisse son pauvre petit garçon sur ses jambes le suivre comme il peut.
MEUNIER. - Tiens, fils, monte derrière-moi.
(Le fils monte en croupe. La femme et ses enfants disparaissent. Un groupe apparaît).
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UNE VOIX. - Vous croyez que l'âne est à lui ?
AUTRE VOIX. - Oh non, il a dû le louer pour la circonstance. Brave homme, c'est votre âne ?
MEUNIER. - Sachez, monsieur, que je le conduis au marché pour le vendre.
VOYAGEUR. - Bon Dieu ! avec une pareille charge sur le dos, cette pauvre bête sera tellement épuisée de fatigue quand elle arrivera que personne ne voudra la regarder. Vous feriez bien mieux de la porter !
MEUNIER. - Pour vous être agréables, répondit le vieillard, nous pouvons essayer.
(Le meunier, son fils et l'âne disparaissent à gauche de l'écran et reviennent en portant l'âne. La foule se précipite sur eux).
LA FOULE. - Ce sont des fous ! Venez tous voir !
(Le meunier s'enfuit avec son âne et son fils. La foule les suit. L'âne revient de l'autre côté de l'écran, en brayant, poursuivi par le meunier et son fils. Ils traversent l'écran. Le meunier revient avec son fils).
MEUNIER. - Ça y est, on à tout gagné ! L'âne est tombé dans la rivière et il s'est noyé. À m'efforcer de contenter tout le monde, je n'ai contenté personne, et, par-dessus le marché, j'ai perdu son âne. Ah ! On m'y reprendra, d'écouter des imbéciles. (Il sort avec son fils).
FIN
C'est vrai que question originalité, le meunier, son fils et l'âne, ce n'est pas vraiment le top.
Seulement, sur Gallica, un nouvel ouvrage illustré par Arthur Rackham a été mis en ligne. Il s'agit d'une série d'apologues d'Ésope (les ancêtres des fables de La Fontaine).
J'avais un texte, des silhouettes déjà faites, une histoire simple de randonnée... Je n'ai pas résisté...
Pour le livre surGallica, allez faire un tour sur :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6567125d.r=Rackham%2C+Arthur.langFR