THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LE  PETIT  OISEAU

coucou oiseau en theatre d`ombres ombres chinoises silhouettes marionnettes
ombre de Nicolas AUBERT

 

conte des Indiens d'Amérique


adapté pour le théâtre d'ombres par Nicolas AUBERT

décembre 2013
 

     (L'écran est éteint. Le conteur est devant l'écran et il s'adresse au public).

CONTEUR. - Bonjour tout le monde. Je suis ici pour vous raconter ce qui m'est arrivé hier soir. Comme je n'avais rien à faire, j'ai fait un tour dans mon grenier. J'ai monté l'escalier, j'ai ouvert la porte, j'ai allumé la lumière. Le grenier était vide et là, au milieu de la pièce principale, il y avait un coffre, un grand coffre ancien. Sans faire de bruit, je me suis approché. Sans faire de bruit, j'ai ouvert le couvercle. À l'intérieur, il y avait des petits sacs de toile brune.
     J'ai ouvert le premier sac et dedans il y avait du sable de toutes les couleurs. J'ai fait couler un peu de sable sur mes mains. Il avait une odeur d'algue. Une lumière de toutes les couleurs a envahi le grenier. J'ai refermé le sac et je l'ai posé à côté du coffre.
     J'ai pris un deuxième sac et il tremblait entre mes doigts. Je l'ai mis contre mon oreille et il faisait : « Tic-tac, tic-tac, tic-tac ». Je l'ai ouvert. Dedans, il y avait une vieille montre. J'ai ouvert la montre. J'ai vu un petit grain de blé. Il remuait à droite, à gauche... et il faisait tic... tac... tic... tac...

     Dans le troisième sac, j'ai découvert un drôle de petit bonhomme. Il était habillé tout en vert et il portait un bonnet rouge. Il m'a regardé et il m'a dit : « Tu veux que je te raconte une histoire ? » J'ai dit oui et il m'a raconté... (Le conteur fait un geste circulaire de la main, il montre le castelet. La lumière de la salle s'éteint, celle de derrière le castelet s'allume).
 

NARRATEUR. - Cette histoire est une histoire vraie. Elle s'est passée au Québec, une province du Canada, il y a très très longtemps.
     Dans une grande forêt, l’automne était déjà bien avancé… Il commençait à faire froid… très froid…
    Un petit oiseau qui devait retourner dans des contrées plus chaudes se retrouva avec une aile cassée…

     Il ne pouvait plus voler… Alors, en sautillant il se retrouva dans une grande forêt… La neige commençait à tomber drue… Il voulait demander un refuge aux arbres pour passer l’hiver, se réchauffer et se soigner.
     Ce qu'il ne savait pas, c'est que tous les arbres de la forêt avaient fait la fête pendant toute la nuit. Ils avaient trop dansé, trop bu et ils avaient mal à la tête.

     Chemin faisant, il rencontra un tremble.

arbre en ombre chinoise théâtre d`ombres silhouette marionnette
dover publications inc.

OISEAU. - Cui-cui, cui-cui, cui-cui,
Écoute-moi, mon grand ami,
Grand arbre qui es devant moi,
Je t'en prie, prends-moi dans tes bras.
Je ne sais pas voler et mon aile est cassée.
J'ai besoin de tes branches pour pouvoir me soigner.


LE TREMBLE. - Je ne peux pas, je ne peux pas.
Les oiseaux, ce n'est pas pour moi.
Toute la nuit, j'ai fait la fête
Et j'ai un horrible mal de tête.
J'abrite beaucoup d'écureuils
Mais toi, tu vas salir mes feuilles.
Donc, le mieux que tu aies à faire

C'est de chercher un trou par terre.
Éloigne-toi, allez, va-t-en !
Car tu me fais perdre mon temps.
 

NARRATEUR. - Alors, le petit oiseau s’en alla en sautillant, il y avait de plus en plus de neige et il avait froid… de plus en plus froid. Il rencontra un bouleau.


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OISEAU. - Cui-cui, cui-cui, cui-cui,
Écoute-moi, mon grand ami,
Grand arbre qui es devant moi,
Je t'en prie, prends-moi dans tes bras.
Je ne sais pas voler et mon aile est cassée.
J'ai besoin de tes branches pour pouvoir me soigner.


LE BOULEAU. - Je ne peux pas, je ne peux pas.
Les oiseaux, ce n'est pas pour moi.
Toute la nuit, j'ai fait la fête
Et j'ai un horrible mal de tête.
J'abrite beaucoup d'écureuils
Mais toi, tu vas salir mes feuilles.
Donc, le mieux que tu aies à faire
C'est de chercher un trou par terre.
Éloigne-toi, allez, va-t-en !
Car tu me fais perdre mon temps.
 

NARRATEUR. - Le petit oiseau avait de plus en plus froid et de plus en plus de mal à sautiller dans la neige épaisse mais il continua son chemin.
     Il rencontra alors un érable qui à cette époque de l’année avait de belles feuilles rouges et il lui dit :


OISEAU. - Cui-cui, cui-cui, cui-cui,
Écoute-moi, mon grand ami,
Grand arbre qui es devant moi,
Je t'en prie, prends-moi dans tes bras.
Je ne sais pas voler et mon aile est cassée.
J'ai besoin de tes branches pour pouvoir me soigner.


L'ÉRABLE. - Je ne peux pas, je ne peux pas.
Les oiseaux, ce n'est pas pour moi.
Toute la nuit, j'ai fait la fête
Et j'ai un horrible mal de tête.
J'abrite beaucoup d'écureuils
Mais toi, tu vas salir mes feuilles
Donc, le mieux que tu aies à faire
C'est de chercher un trou par terre.
Éloigne-toi, allez, va-t-en !
Car tu me fais perdre mon temps.
 

NARRATEUR. - Le petit oiseau continua, de plus en plus épuisé. La neige, le froid, le vent du nord…
     Alors, il rencontra un mélèze, il avait de belles épines bien chaudes et il lui dit :


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OISEAU. - Cui-cui, cui-cui, cui-cui,
Écoute-moi, mon grand ami,
Grand arbre qui es devant moi,
Je t'en prie, prends-moi dans tes bras.
Je ne sais pas voler et mon aile est cassée.
J'ai besoin de tes branches pour pouvoir me soigner.


LE MÉLÈZE. - Je ne peux pas, je ne peux pas.
Les oiseaux, ce n'est pas pour moi.
Toute la nuit, j'ai fait la fête
Et j'ai un horrible mal de tête.
J'abrite beaucoup d'écureuils
Mais toi, tu vas salir mes feuilles.
Donc, le mieux que tu aies à faire
C'est de chercher un trou par terre.
Éloigne-toi, allez, va-t-en !
Car tu me fais perdre mon temps.
 

NARRATEUR. - Je ne vous parlerai pas des autres arbres : les chênes, les charmes, les autres. Tous ont rejeté le petit oiseau. Il était désespéré… S’il ne pouvait pas s’abriter et se réchauffer, il allait mourir de froid et de faim, il avança encore un peu et se reposa au pied d’un grand arbre, c’était un sapin. Mais il ne demanda rien car les réponses des autres arbres de la forêt l’avaient découragé.
     À un moment donné, alors qu'il commençait à s’endormir en pensant qu’il n’allait pas se réveiller, il entendit une voix qui lui disait :

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LE SAPIN. - Que fais-tu là, petit oiseau, tu m’as l’air bien mal en point ?


OISEAU. - Cui-cui, cui-cui, cui-cui,
Écoute-moi, mon grand ami,
Grand arbre qui es devant moi,
Les autres n'ont pas voulu de moi.
Je ne sais pas voler et mon aile est cassée.
Je n'ai plus qu'à dormir jusqu'au beau mois de mai...
 

LE SAPIN. - Dormir ? Mais tu ne te réveillerais jamais, malheureux ! Monte le long de mes branches, tu trouveras un peu plus haut une maison d'écureuil où tu pourras attendre au chaud. Je vais soigner ton aile avec un peu de sève et du pourras attendre patiemment le printemps. Mais, je t'en prie, ne fais pas de bruit car j'ai fait la fête toute la nuit et j'ai un horrible mal de tête.

NARRATEUR. - Alors le petit oiseau grimpa du mieux qu’il put et se blottit au cœur du sapin. Le sapin soigna ses ailes avec un peu de sa résine.
     L'hiver s'installa et l'enfant Gel découvrit le petit oiseau.


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LE GEL. - Qui es-tu, petite chose à plume ?

OISEAU. - Je suis un petit oiseau. Je devais m'envoler vers les pays chauds mais je me suis cassé une aile...

NARRATEUR. - Et le petit oiseau raconta son histoire à l'enfant Gel.

LE GEL. - Ainsi, à part le sapin, tous les arbres de la forêt t'ont chassé ?

OISEAU. - Oui, pourquoi ?

LE GEL. - Eh bien, l'hiver prochain, je leur réserverai une surprise à ma façon...

NARRATEUR. - Le printemps arriva et le petit oiseau se sentait bien, il avait repris des forces grâce au sapin. Mais il était temps pour lui de retourner vers le sud.

OISEAU. - Sapin, je te remercie de m’avoir abrité et soigné mais l’heure est venue pour moi de partir vers le sud pour retrouver ma famille.

LE SAPIN. - Envole-toi, petit oiseau. Au revoir, au revoir !

OISEAU. - Au revoir, mon ami, je ne t'oublierai jamais. (Il sort).

NARRATEUR. - L'automne suivant, on vit dans la forêt voler des feuilles, des feuilles de tremble, d'érable, de mélèze, de chêne... de tous les arbres de la forêt. L'enfant Gel avait tenu parole. Les arbres de la forêt se sont retrouvés nus. Seul le sapin et ses cousins ont gardé leurs belles et chaudes épines vertes
     C'est depuis ce temps là que tous les arbres de la forêt perdent leurs feuilles en automne ? Tous ? Non, pas le sapin. (L'écran s'éteint, la salle s'allume).

LE CONTEUR, revenant devant l'écran. - Vous vous souvenez que j'étais dans mon grenier ? J'avais ouvert un coffre... j'avais trouvé des sacs en toile. Et bien, j'ai remis le petit lutin dans son sac, j'ai remis le sac dans le coffre. J'ai refermé le coffre et je suis sorti. Je suis revenu le lendemain et le coffre n'était plus là. Alors, soyez gentils, si vous le retrouvez, appelez-moi.


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FIN
 


     Cette histoire m'avait été racontée lors du stage en vue de l'obtention de mon BAFA, ce qui ne date pas d'hier. Elle permet de présenter des ombres d'arbres, feuillus et nus, ainsi que des silhouettes de feuilles.

     J'ai été heureux d'apprendre qu'elle venait d'un conte Amérindien.

     Pour rédiger la saynète, je me suis inspiré de deux sites, désormais inaccessibles (les liens renvoient sur d'autres sites qui n'ont rien à voir avec le conte).


     Les silhouettes sont données à titre indicatif et ne correspondent pas forcément aux arbres de l'histoire.

     Il n'y a guère de difficultés à en trouver des modèles (ainsi que pour les feuilles) sur google images.

 

 
 



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