THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LES OREILLES D’ÂNE

de Korabelnik. Riz. T. Poletika
traduction et adaptation de Nicolas AUBERT
https://sheba.spb.ru/za/pioner-teni-1958.htm

 

PERSONNAGES :

GRAND-PÈRE - PETIT-FILS

     Combien d'entre vous ne connaissent pas le baron de Munchausen, qui n'a jamais dit la vérité ? Bien sûr, il n'y a pas de menteurs comme lui parmi vous ! Mais peut-être que parmi vos connaissances, il y a de telles personnes qui ne disent pas toujours la vérité et, pour leur édification, ce serait bien de leur montrer la pièce Les oreilles d’âne. Représenter cette saynète est assez simple.
     
Ce ne sont pas des silhouettes en carton qui joueront ici, mais de vrais acteurs : vous-même et quelqu’un d’autre. La seule difficulté que vous pouvez avoir pendant la répétition est de savoir comment faire des oreilles d'âne pour le Petit-Fils. Regardez l’image suivante : une casquette est mise sur les oreilles, elle tient les oreilles en place, cachées, sur la tête. Lorsque le Petit-Fils enlève sa casquette, il secoue la tête et ses oreilles se redressent. Il peut toujours tourner le dos au public, se pencher et dérouler les oreilles.

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https://sheba.spb.ru/za/pioner-teni-1958.htm

 

     (Appuyé sur un bâton, portant une longue barbe, un garçon apparaît, jouant le rôle du Grand-Père).

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https://sheba.spb.ru/za/pioner-teni-1958.htm

 

GRAND-PÈRE. - Oh-ho-ho ! Oh-ho-ho ! La vieillesse n'est pas une joie. Je suis vieux, vieux, vieux, vieux, je suis un très vieux Grand-Père. Aujourd'hui, j'ai cent-quinze ans. (S'adresse aux spectateurs). À mon âge, c'est agréable de s'asseoir au soleil, et de réchauffer ses vieux os. (Il s'assoit et bâille). Mais il ne me faut pas longtemps pour m'endormir. Eh bien, rien. Le Petit-Fils ne rentrera pas de l’école de sitôt. (Bâillements). Grâce ! (Il s'endort et commence à ronfler. Il est dérangé par une mouche imaginaire. Sans se réveiller, il la chasse).

 
   (Le Petit-Fils rentre. Il porte une casquette, et tient son sac d’école dans ses mains).

PETIT-FILS. - Grand-Père !

GRAND-PÈRE. - (Il ronfle).

PETIT-FILS. - Grand-Père !

GRAND-PÈRE. - (Il continue de ronfler).

     (Le Petit-Fils lui tire effrontément la barbe. Le Grand-Père reste endormi. Le Petit-Fils va se placer derrière le dos du Grand-Père, et crie).

PETIT-FILS. - Hourra !

GRAND-PÈRE, sautant de peur et regardant autour de lui. - Que ? Quoi ? Oui ? Pourquoi ?

PETIT-FILS, criant. - Ouais, c'est moi, Grand-Père, ton Petit-Fils !

GRAND-PÈRE, affectueusement. - Oh ! C’est toi ! Tu m’as fait peur. (Il s'assied). Eh bien, dis-moi ce que tu as fait à l'école.

PETIT-FILS. - Oh ! Rien de spécial ! Ah ! Oui ! Les petits ont fait pousser des racines de cerises vers le haut. Imagine les racines, et sur les racines des cerises. Délicieux ! J'en ai porté quelques-unes pour toi, mais je n'ai pas pu résister et je les ai mangées en chemin.

GRAND-PÈRE. - Très bien… très bien… Y a-t-il autre chose ?

PETIT-FILS. - Grand-Père, les arbres poussent à l’envers ! Les branches s’enfoncent dans le sol et les racines grimpent vers le haut…

GRAND-PÈRE, l’interrompant. - ...Tu en es vraiment sûr ?...

PETIT-FILS. - Eh bien, pas tout à fait à l'envers, mais un peu comme...

GRAND-PÈRE. - Un peu comme, tu dis ? Et quelles notes as-tu obtenues aujourd'hui ?

PETIT-FILS. - Un cinq. J’ai eu un cinq fois cinq fois. Ça fait cinq fois cinq : vingt-cinq.

GRAND-PÈRE, ravi. - Vraiment ?

PETIT-FILS. - Tu ne me crois pas, Grand-Père ?

GRAND-PÈRE. - Mais si, mais si mon petit ! Bon travail ! Oui : bon travail ! S’il te plaît, montre-moi ton carnet de notes pour que je puisse admirer tes si bons résultats !

PETIT-FILS. - Je ne sais plus trop si c’était cinq fois cinq ou quatre fois cinq... (Il fouille dans son sac). Ou peut-être trois fois cinq… je ne sais plus trop !

GRAND-PÈRE. - Montre-moi ton carnet de notes ! Tout de suite !

PETIT-FILS. - Je ne le trouve pas.

GRAND-PÈRE. - (Il prend le sac des mains de son Petit-Fils enfant, sort le journal, l'ouvre). Deux, deux, trois et quatre. Sur vingt, à chaque fois ! Tu m’as encore menti ? ! Dis-moi, que dois-je faire avec toi ?

PETIT-FILS. - Grand-Père, je suis déjà très sage...

GRAND-PÈRE. - Je ne le crois pas. Tu m’as déjà promis de faire des efforts à l’école et surtout, surtout, de ne plus mentir.

PETIT-FILS. - Je promets solennellement de ne toujours dire que la pure vérité.

GRAND-PÈRE. - D'accord, je vais le croire encore cette fois… une dernière fois. Et pour rendre les choses plus sérieuses : prends ce bonbon. (Il donne un bonbon à son Petit-Fils qui le déballe et se prépare à le manger). (D’un ton sévère). Attention, mon enfant ! Quiconque mange ce bonbon devra toujours dire la vérité. Si par malheur il se met à mentir, il verra pousser sur sa tête une magnifique paire d’oreilles d'âne. Voici la chose. Maintenant, mange ce bonbon !

PETIT-FILS. - J’ai promis, donc je vais dire la vérité de toute façon.

GRAND-PÈRE. - Tu peux le manger. Si tu ne mens pas, rien de mal ne pourra t’arriver ! Allez : mange-le !

PETIT-FILS. - Tu n’as pas peur que ça me donne des caries ?

GRAND-PÈRE. - Tu ne crains rien de ce côté-là ! Mais peut-être as-tu peur de ne pas pouvoir tenir ta promesse et de me mentir comme tu le fais toujours ?

PETIT-FILS. - J'ai dit : je ne mentirai pas, donc, je ne mentirai pas ! (Il mange résolument le bonbon). Voilà, c’est fait !

GRAND-PÈRE. - Maintenant, rappelle-toi : dis un seul mensonge et tu auras des oreilles d'âne.

(On entend des voix : « Allons au terrain de Foot ! Nous allons faire une partie. Toi, prends le ballon ! Nous avons un sifflet ?)...

PETIT-FILS. - Asseyez-vous, Grand-Père ici. J'irai me tenir debout dans la porte. (Il retourne sa casquette et met la visière en arrière). (Fort) Attendez-moi, les copains, j’arrive !... (Il se sauve).

GRAND-PÈRE. - (Il s'assied, bâille, s'étire). Il est encore parti, le chenapan ! On verra bien ce qui arrivera. (Il chante sur l’air : Fais dodo, Colas mon p’tit frère).
     
Au soleil, oui, face au soleil,
     
Au soleil, j'aime faire dodo... (Il s'endort).

(On entend les bruits de la partie de football : frappe de la balle, sifflet de l'arbitre, cris : « Fais-moi la passe ! » « Touche ! » « Coup-franc ! » « Corner » « Main » « Penalty »… puis un bruit de verre cassé et le cri de « Jouez sans moi ! Je reviens ! Le Petit-Fils, à bout de souffle, revient sur la scène).


GRAND-PÈRE. - C’est toi ?

PETIT-FILS. - Oui, Grand-Père, je suis rentré à la maison !

GRAND-PÈRE. - C’est bien, comme ça, nous aurons le temps de discuter. Qui a gagné ?

PETIT-FILS. - C’est nous ! Ils ont envoyé le ballon dans mon but, je l’ai pris et j’ai tiré. Je l’ai envoyé à travers le terrain.... et là…. But ! J’ai marqué ! Le score final est de trente-quatre à zéro en notre faveur.

GRAND-PÈRE. - J’ai cru entendre du verre brisé… Tu as cassé quelque chose ?

PETIT-FILS. - Non, rien du tout, Grand-Père ! Tu as dû rêver, probablement. Euh, il fait chaud ! (Il enlève sa casquette. Il a des oreilles d'âne ; sans le savoir, il essuie tranquillement la sueur de son front).

GRAND-PÈRE, terrifié. - Aïe ! Aïe ! Aïe ! C’est arrivé !

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PETIT-FILS, ne comprenant pas. - Quoi ? Que s'est-il passé ?

GRAND-PÈRE. - Oreilles !


PETIT-FILS, se touchant les oreilles. - Oh non ! (S'adressant aux spectateurs). C’est vrai ? J’ai des oreilles d’âne ? (Au Grand-Père). Grand-Père, qu’est-ce que je peux faire maintenant ? Dis-le moi !

GRAND-PÈRE. - Je ne sais pas, mon Petit, je ne sais pas. Tu sais : le bonbon était magique et tu avais promis...

PETIT-FILS. - Peut-être qu'elles vont tomber si j’arrête de mentir, non ?

GRAND-PÈRE. - C’est possible mais je ne le pense pas. Mieux vaut s'y habituer. Maintenant que tu as des oreilles d’âne, tu dois apprendre à braire comme un âne : hi han ! hi han !

PETIT-FILS. - Hi han ? Hi han ? Comme ça ?

GRAND-PÈRE. - C'est bien ça ! Habitue-toi, habitue-toi ! (Il s’en va).

PETIT-FILS, suivant son Grand-Père. - hi han ! hi han ! hi han ! hi han !…

(Ils quittent l’écran, enlèvent leur barbe et oreilles d'âne et viennent saluer devant l’écran).
 

RIDEAU

 
 



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