THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LES  SOUHAITS  RIDICULES

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Fanchon

 
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Blaise
 
Conte de Noël
 
Domaine public

PERSONNAGES :
BLAISE, paysan,
FANCHON, paysanne,
FÉE.

     Un intérieur rustique. Blaise et FANCHON. - sont assis près de la cheminée.

 
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BLAISE. - Voilà, femme, j’ai remis une bûche au feu. Avant que de s'aller coucher, il faut bien veiller un peu la nuit de Noël !

FANCHON. - C'est dommage que nous n’ayons pas, comme nos voisins, un bon réveillon  !

BLAISE. - Hélas ! ma pauvre femme, j’ai beau travailler dur dans la forêt, nous faisons maigre chère !

FANCHON. - Ah ! s’il y avait encore des fées !

BLAISE. - Mais, ma pauvre Fanchon, tu sais bien que les fées n’existent pas !

FANCHON, qui se redresse, presque effrayée. - Oh ! regarde la flamme ! Comme elle s’allonge... comme elle brille !

BLAISE. - Ciel ! que vois-je ?

BLAISE et FANCHON, ensemble. - Une fée ! Une fée !

LA FÉE. - Oui, une fée, la fée Noël qui a entendu vos plaintes ! Voyez ensemble ce qui peut vous rendre heureux. Les trois premiers souhaits que vous formerez, quels qu’ils soient, je les exaucerai !

     (Elle disparaît).

BLAISE. - Madame la Fée !... elle est partie !

FANCHON. - Je tremble encore de saisissement. Ah ! mon homme, nous allons être heureux. Bientôt, nous habiterons un palais et nous aurons des valets pour nous servir. (Elle saute de joie).

BLAISE. - Et au lieu de passer mon temps à abattre des arbres dans la forêt, je donnerai des fêtes splendides !

FANCHON. - Mais, ne parlons pas tant, mon homme. Il ne s’agit pas de former des souhaits à la légère. Si tu veux m’en croire, attendons à demain pour faire notre premier souhait. Réfléchissons ; la nuit porte conseil.

BLAISE. - (Il s’assied). C’est bien mon avis, sage Fanchon. Tiens, ma femme, je me sens tout heureux depuis que la fée est venue. Qu’on est bien auprès de ce bon feu ! Pendant que nous avons une si bonne braise, ce qu’il nous faudrait, c’est une aune de boudin !

     (Un boudin tombe de la cheminée).

FANCHON. - Du boudin ! Malheureux  ! La fée t’a entendu et voilà un souhait exaucé.

BLAISE. - Mais ce n’était pas un souhait ! J’ai dit cela... comme cela... sans penser...

FANCHON. - C’est bien là ta bêtise ! Tu n’es qu’un lourdaud !

BLAISE. - Et toi qu’une péronnelle !

FANCHON. - Ta bêtise est cause que nous n’avons plus que deux souhaits. Nous pouvions obtenir un royaume, de l’or, des perles, des diamants, de beaux habits... et c’est du boudin que tu demandes ! Ah ! ce boudin, rien qu’en le voyant, je me sens envie de pleurer. (Elle pleure).

BLAISE. - En voilà assez ! Tais-toi !

FANCHON. - Non, je ne me tairai pas ! Tu n’es qu'un âne ! (Elle pleure, la tête sur les genoux).

BLAISE. - Maudite soit la pécore ! Je voudrais quelle ait le boudin au nez !

FANCHON, qui se redresse, le boudin au nez. - Malheureux ! Qu’as-tu fait ?

BLAISE. - Ah ! ma pauvre femme !

FANCHON, qui trépigne. - Je ne veux pas de cela à mon nez, non, non, non ! (Elle tire). Aye ! Aye !... Holà !... je ne peux pas, il tient trop fort.

BLAISE. - Oh  ! pourquoi nous sommes-nous mis en colère ! Attends, ma Fanchon, je vais t’aider à te débarrasser de ce boudin ! (Il tire).

FANCHON. - Holà ; tu me fais mal ! Tu m’arraches le nez ! Tu vois bien que c’est impossible ! Laisse-moi ! (Elle pleure).

BLAISE, à part. - Ma pauvre femme, qui était si bien tournée ! Est-il possible que son joli petit nez reste ainsi allongé ? J’ai vraiment parlé à la légère !... (Haut). Ne pleure pas, ma femme, tu me fends le cœur !

FANCHON. - Que vais-je devenir avec ce boudin au nez ? Je n’oserai plus me montrer à personne. Ah ! il vaudrait mieux mourir ! (Elle pleure plus fort).

BLAISE. - Ne dis pas cela, ma Fanchette. Écoute, il nous reste encore un souhait à faire. Nous allons demander un royaume. Tu seras reine, et ainsi personne n’osera se moquer de toi.

FANCHON. - Me vois-tu sur un trône, une couronne d’or sur la tête, avec un nez long comme le bras ?

BLAISE. - Nous le cacherons, ce nez. Je te ferai faire un bel étui en or, garni de perles fines.

FANCHON. - Non, non, non ! Deviens roi, si tu veux ; moi, je resterai cachée au fond de cette chaumière. (Elle pleure plus fort).

BLAISE. - Ah ! ma petite Fanchon, je ne peux pas te voir plus longtemps malheureuse, je t’aime trop ! Comme dernier souhait, veux-tu que nous demandions à la fée de te débarrasser de ce vilain nez ?

FANCHON. - Oh ! oui ! Oh ! oui ! Bonne fée Noël, je vous en supplie... (Le boudin tombe).

BLAISE, embrassant sa femme. - Ma Fanchon, ma Fanchon, que je suis heureux de revoir ton joli minois ! Je ne serai pas roi, tu ne seras pas reine, mais nous saurons nous contenter de notre sort.

FANCHON. - Être reine et laide ! Non, non, plutôt que d’avoir une couronne d’or dans ces conditions, je préfère rester Fanchon et garder ma coiffe blanche, Mais, dis-moi, Biaise, que dirais-tu d’un bon réveillon ? Ce boudin qui m’a tant fait pleurer, si nous le faisions griller dans la cheminée ?

BLAISE. - Quelle bonne idée ! Voilà justement minuit qui sonne, c’est le moment de réveillonner ! C’est égal, j’ai fait des souhaits bien ridicules !

FANCHON. - Bah ! n’y pensons plus, mon homme ! C’est Noël, réjouissons-nous du festin inattendu que nous allons faire. Va chercher une autre bouteille derrière les fagots, et moi, je vais faire griller le boudin.

BLAISE et FANCHON, dansant. - (Ils chantent. Air : Dansons la capucine).
     Dansons la capucine,
     Y a du boudin chez nous,
     Comme chez la voisine,
     Tous deux, régalons-nous,
     You !

 
RIDEAU
 
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