THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LES POISSONS

 
Séraphin des enfants - recueil de pièces d’ombres chinoises
Livret de Pellerin & Cie, Épinal.
1852 | Réédition de 1914
http://www.museedelimage.fr/telechargement/peda/MIE_ombres_fichesen+.pdf p. 35
avec l'aimable autorisation du Musée de l'Image d'Épinal.

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avec l'aimable autorisation du Musée de l'Image d'Épinal.

 

Les personnages  :

Une baleine

Un saumon

Un barbillon

et plein des vaisseaux...

 

     L’histoire – C’est l’histoire d’une rencontre improbable entre une baleine, un saumon et un barbillon (sorte de poisson à moustaches ou peut-être le petit nom du barbeau mais cette espèce ne vit que dans les rivières...). La saynète pourrait très bien se dérouler dans une espèce de carrefour marin où toutes les espèces animales se croisent, au beau milieu de l’océan... Le problème, c’est que l’une voudrait bien manger l’autre. C’est toute la chaîne alimentaire qui se rejoue ici. Chaque poisson tente de négocier sa liberté auprès de son prédateur.

 

Les poissons - troisième feuille

 

     Le théâtre représente l’océan, dans le fond on voit les vaisseaux. Derrière les poissons qui ont un rôle, on fait aller et venir les autres pendant tout le cours de la pièce. Au lever du rideau un oiseau se sauve avec un petit poisson dans son bec.

 

LE BARBILLON. - Ouf ! je puis dire que je l’ai échappé belle ; une seconde de plus et j’étais happé et croqué comme mon pauvre frère… Malheureux petits poissons que nous sommes, nous avons tout à redouter : les gros poissons, les hommes et jusqu’aux oiseaux ! Ah ! sous l’eau c’est bien comme sur la terre, et, ici, comme là, les petits sont toujours la proie des grands !... En vérité, je ne sais pas comment j’existe encore… Mais, silence ! voici un saumon qui vient par ici, vite esquivons-nous.

 

LE SAUMON. - Je crois avoir ouï parler un barbillon ; çà ! mettons-nous en embuscade : ces petits poissons deviennent à présent si futés que, pour peu que cela dure, il nous faudra mourir de faim ! (Il se heurte contre une baleine). Mille pardons, mille excuses, madame, je ne vous avais point vue.

 

LA BALEINE. - Eh, parbleu, trêve de cérémonies ! car je sais fort bien que c’est précisément pour cela que je te tiens…

 

LE SAUMON. - Vous me tenez, madame, il est vrai ; mais, considérez pourtant que je ne vous fais aucun tort, ne me nourrissant, moi, que de petits poissons…

 

LA BALEINE. - Tiens ! mais c’est justement parce que cette nourriture t’a mis bien en point que tu vas être pour moi un excellent morceau… d’ailleurs, en te mangeant, je n’en agirai pas autrement avec toi que, toi, avec les petits poissons… (La frégate s’approche). Ciel, un vaisseau ! fuyons à mon tour devant les hommes. (Elle s’éloigne).

 

LE SAUMON. - Je respire ! Mais… éloignons-nous aussi, car je n’ai pas moins à redouter des hommes, qui sont encore mes plus mortels ennemis ! (La frégate disparaît). Bon ! les voilà partis, ces hommes de malheur ! En embuscade alors, car j’ai une faim d’écolier en vacance (Repasse le barbillon). Parbleu, petit étourdi, tu me reviens fort à propos, et rien à présent n’est plus pour m’empêcher de te croquer.

 

LE BARBILLON. - Oh ! Monseigneur, y pensez-vous ! Je suis si peu que rien pour vous : laissez-moi grandir et je vous promets…

 

LE SAUMON. - Taratata ! si peu que rien est toujours quelque chose, et puis, un tiens vaut mieux que deux tu l’auras… d’ailleurs, toi-même, écoutes-tu les vermisseaux qui t’implorent et leur laisses-tu le temps de grandir ? (Passe la gondole qui les effraie : les personnes qui sont dessus chantent une barcarolle).

 

LE SAUMON, se sauvant. - Ils s’amusent là-haut, après un bon festin dont mes pareils, hélas ! ont fait probablement les frais !

 

LA BALEINE. - Ceux-là se divertissent et ne sont pas équipés contre moi : je n’ai donc rien à redouter de leur part. (Le saumon qui, dans sa hâte de fuir, ne l’a pas vue, se heurte contre elle).

 

LE SAUMON, abasourdi. - (Il balbutie)… Oh, pardon, princesse, de vous avoir choquée si fort… c’est dans ma hâte de venir me mettre sous votre protection…

 

LA BALEINE. - Tu me la bailles belle, finaud ; et, cette fois, ça va y être… mais, qu’est-ce encore ? le ciel s’obscurcit… des vagues se soulèvent… plongeons !

 

     (Vient le bateau à vapeur, dont on imite la fumée avec un cigare ou une pipe, et qui termine la scène en bouleversant tout).


 

La toile tombe.


       Nous connaissions le défilé de Séraphin : Marine (http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/defiles.php) pour lequel nous ne possédions que quelques indications scéniques.
 
     Sur le web, le Musée de l'Image de la ville d'Épinal présente des documents autour d'ateliers et d'expositions réalisés sur les ombres chinoises.
(http://www.museedelimage.fr/telechargement/peda/MIE_ombres_cmp_oct16.pdf)
et (http://www.museedelimage.fr/telechargement/peda/MIE_ombres_fichesen+.pdf).
Nous y avons puisé le texte qui est présenté ici.

      Contacté par nos soins, le Musée de l'Image d'Épinal (http://www.museedelimage.fr/) nous a accordé l'autorisation de présenter texte et planche d'ombres.


 
 
 



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