THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

AFFAIRE  D'HONNEUR

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     L'idée de cette saynète -créée au Chat Noir- nous vient de Paul JEANNE qui écrit dans Les Théâtres d'Ombres à Montmartre :

     « Un fait divers ?... citons Affaire d'Honneur de Fernand Fau. Une querelle, que l'actualité politique ou littéraire permet de situer quand et où l'on veut pour la rendre contemporaine, met deux adversaires en présence. Sur le terrain de combat, -on les place « à égale distance l'un de l'autre », - pistolet en main, pour échanger les deux coups d'usage. Ils se visent, tirent, et avec une maladresse réciproque remarquable, ils se manquent, - mais pas leurs témoins respectifs qui, à chaque salve, mordent la poussière.

     Moralité : deux balles échangées sans résultat, dit le procès-verbal de la rencontre. Était-ce l'avis... posthume des témoins ? »

     Une recherche sur Fernand Fau a permis de dénicher le dessin suivant :

http://www.lambiek.net/artists/f/fau-fernand.htm

     Effectivement, il pourrait être amusant de présenter des personnages connus, qu'ils soient de la politique, du cinéma ou même de la chanson... Le motif du duel est vite trouvé. Quant à sa justification légale, ils diront qu'ils jouent dans une émission de télé-réalité et que les pistolets devaient être chargés à blanc...

     En attendant, voici ma version de l'histoire :

AFFAIRE  D'HONNEUR

texte et ombres libres de droits
 

Nicolas AUBERT
 

Décor : une ville. On pourra suggérer un parc avec des arbres et des bancs...

     Nos deux personnages arrivent chacun de chaque côté de l'écran et se bousculent.

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MALTOURNÉ. - Monsieur, veuillez m'excuser.

FAUYALER. - Monsieur, laissez-moi vous faire toutes mes excuses.

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MALTOURNÉ. - Je suis parfaitement désolé de ce qui vient d'arriver... J'aurais dû faire plus attention.

FAUYALER. - Mais non, monsieur, vous n'êtes pas le seul fautif, j'aurais dû faire attention moi aussi.

MALTOURNÉ. - Non, non, non, je suis seul responsable. Monsieur, n'essayez pas de...

FAUYALER. - ...Mais non, mais non... Dans cette affaire, nous sommes deux.

MALTOURNÉ. - Voulez-vous dire que je ne vous ai pas bousculé, que je n'ai pas, tout seul, été responsable de ce qui vient de ce passer ?

FAUYALER. - Disons que nous sommes tous deux responsables...

MALTOURNÉ. - Je vous dis qu'il n'y a que moi !

FAUYALER. - Mais non, voyons...

MALTOURNÉ. - Bon, monsieur, ça suffit ! Cela fait au moins trois fois que je vous dis quelque chose et que vous me dites que ce n'est pas vrai. Si ce que je dis n'est pas vrai, c'est donc que je suis un menteur. Monsieur, personne ne m'a jamais traité de menteur !

FAUYALER. - Mais vous êtes impossible ! Monsieur, je ne vous dis pas au revoir (il se retourne).

MALTOURNÉ, le rattrapant. - Monsieur, vous venez de m'insulter.

FAUYALER. - Et alors ?

MALTOURNÉ. - Trouvez deux témoins, nous allons nous battre, monsieur !

FAUYALER. - Comment, vous croyez que je vais me battre avec un vieux comme vous ?

MALTOURNÉ. - En tant qu'offensé, je choisis les armes : ce sera le pistolet pour vous et le pistolet pour moi.

FAUYALER. - Mais c'est interdit...

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LE JUGE, arrivant. - Qu'est-ce qui est interdit ?

MALTOURNÉ. - Monsieur ne veut pas se battre au pistolet avec moi.

FAUYALER. - Mais le duel, c'est d'un autre âge, c'est impensable...

LE JUGE. - Vous avez raison, monsieur... mais... je suis juge... on pourrait faire une petite entorse à la loi...

MALTOURNÉ. - Comment ?

FAUYALER. - Oui, comment ça ?

LE JUGE. - D'abord, il nous faut des gardiens de la loi... Gardes ! (Deux gardes apparaissent et se placent de chaque côté de l'écran.) Bien, il nous faudrait deux témoins... Vous, là-bas !