THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES
PREMIER TABLEAU : Le départ
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L'ouvrage est mis en ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100712718.r=fragerolle?rk=321890;0
Sous le grand cèdre séculaire,
Le père était assis.
Moissonneurs et troupeaux, du soleil fuyant la colère
Et des arbres cherchant l'ombrage tutélaire,
S'apprêtaient à goûter un bienfaisant repos.
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Le fils aîné disait :
« Vois les brebis fécondes, les blancs agneaux ;
Vois les génisses blondes, les noirs taureaux ;
Cela, père, c'est notre bien
Qu'augmente chaque jour le travail des esclaves. »
Le vieillard dit,
Levant vers les cieux ses yeux graves :
« Bénissons Jéhova
Notre éternel soutien. »
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Le second fils paraît :
« Ce dur travail me lasse,
À l'ombre des cités, je veux me divertir.
Je veux ma part des trésors qu'on entasse.
Mes compagnons sont là, père je veux partir ! »
Le père répondit :
« Que le ciel te protège. Prends ton argent et pars.
Que nul vœu sacrilège n'accompagne tes pas !
Un jour peut-être, un jour
Le remords te fera songer, fils, au retour !
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Au pas cadencé des montures,
Voici partir le fils ingrat.
Son cortège en grand apparat
Fait briller au soleil l'éclat de ses parures !
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Au pas cadencé des montures,
Voici partir le fils ingrat.
Du soleil, affrontez l'éclat,
Allez courir les aventures !
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Voyant partir son fils,
Le vieillard, sans colère,
Triste, baisse la tête et se prend à pleurer !...
Le soleil finit sa carrière ;
La caravane, au loin, se perd dans la poussière ;
À l'horizon les bruits joyeux vont expirer...
Voyant partir son fils,
Le vieillard sans colère,
Triste, baisse la tête et se prend à pleurer !...
DEUXIÈME TABLEAU : L'arrivée à Thèbes
Thèbes, la ville aux cent portes.
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Les femmes, se pressant en joyeuses cohortes,
Vont au devant de l'étranger
Dont la main répand l'or, perles et coralines !
Légères, elles vont, un flot de mousseline
Les couvre d'un voile léger.
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C'est lui, le jeune Hébreu, lui que la foule adore,
La harpe, le clairon, la lyre et la mandore
S'unissant gaiement au tambour.
Rieuses, découvrant la pourpre des gencives,
Les prêtresses d'Athor en des poses lascives,
Dansent et chantent,
Dansent et chantent tour à tour.
TROISIÈME TABLEAU : Le festin
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Dépouillez les jardins, gerbez les fleurs écloses ;
Parez-vous de lotus, couronnez-vous de roses
Et chantez les hymnes d'Athor...
C'est l'heure du festin, c'est l'heure de l'orgie !
Les vins sombres et clairs, les vins de Phénicie,
Coulent dans l'ivoire et dans l'or.
QUATRIÈME TABLEAU : La fête sur le Nil
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Et plus tard, dans la nuit, sous les astres frileux,
Des canges, sur le Nil, sur le Nil aux flots bleus,
Berceront votre molle ivresse !
Isis ! Athor ! Belles déesses, longtemps encor
Longtemps encor prolongez nos ivresses !
Fils prodigue, là-bas, un vieillard au front nu
Pleure et dit : « Jéhova ! Qu'est-il donc devenu,
L'enfant chéri de ma vieillesse ? »
CINQUIÈME TABLEAU : La famine
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La famine est venue et les peuples s'en vont
Dans les champs dépouillés et sur la route grise,
Ce gardeur de pourceaux, ce maigre vagabond,
C'est lui, le jeune Hébreu dont Thèbes fut éprise.
La famine est venue et les peuples s'en vont...
Il se lamente : « Hélas ! chez mon père aujourd'hui,
Le mercenaire mange à son gré ; comme lui
Que ne puis-je apaiser la faim qui m'exaspère !
Oui, je retournerai sous le toit de mon père ;
Je dirai : j'ai pêché contre le ciel et vous,
Père, j'ai mérité votre juste courroux ;
Des chaînes à mes mains, à mes pieds des entraves ;
Faites de votre fils le dernier des esclaves ;
Si mon péché fut grand, mon remords est profond ! »
SIXIÈME TABLEAU : Le retour
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