pièce de théâtre d'ombres
pour Pâques
de Nicolas AUBERT,
libre de droits.
PERSONNAGES :
FRÈRE JACQUES
LE PRINCE
BELOEIL
TOUFOU
BEAUNEZ
SOLDAT I
SOLDAT II
LES FEMMES
LE SORCIER
Décors : à gauche, une église, à droite, un château.
FRÈRE JACQUES, sortant de l'église et déambulant dans tous les sens. - Ce n'est pas Dieu possible, non, ce n'est pas possible ! Mais où sont-elles passées ? Elles n'ont pas pu s'envoler tout de même ? Mais où sont-elles ?
(On entend des voix s'élever et chanter la célèbre chanson:)
CHŒUR. -
Frère Jacques,
Frère Jacques,
Dormez-vous ?
Dormez-vous ?
Sonnez les matines,
Sonnez les matines,
Ding, ding, dong,
Ding, ding, dong.
LE PRINCE, sortant du château. - Frère Jacques, que se passe-t-il ? Pourquoi n'avez-vous pas sonné les cloches ce matin ? Nous avons près de deux heures de retard sur le protocole au château.
FRÈRE JACQUES. - Veuillez m'excuser, votre altesse, mais mes cloches ont disparu.
LE PRINCE. - Mais voyons, frère Jacques, c'est impossible. Vous savez bien qu'il faut un matériel énorme pour les déplacer...
FRÈRE JACQUES. - Je le sais bien, mon prince. Mais le fait est là : les cloches ont disparu.
LE PRINCE. - Eh bien, il ne me reste plus qu'une chose à faire : je vais vous envoyer tous les savants du royaume. Ils trouveront sans doute une solution.
(Le prince sort, frère Jacques fait les cent pas. Les savants arrivent.)
BELŒIL. - Alors comme ça, frère Jacques, vous avez perdu...
TOUFOU. - …Vos cloches...
BEAUNEZ. - ...Ding, ding, dong !
FRÈRE JACQUES. - Ne m'en parlez pas, c'est un malheur, une calamité, une...
BELŒIL. - Silence ! Taisez-vous ! Laissez travailler les spécialistes.
TOUFOU. - C'est ça ! Pouvez-vous nous donner une description précise de vos cloches ?
BEAUNEZ. - Taille, couleur des yeux, longueur des cheveux...
FRÈRE JACQUES. - Mais... elles n'ont rien de tout ça, ce sont des cloches !
BELŒIL. - Peut-être, monsieur, mais il n'empêche qu'il nous faut plus de renseignements que ça.
TOUFOU. - Monsieur refuse de nous donner la description précise des disparues.
BEAUNEZ. - Eh bien, monsieur, devant tant de mauvaise volonté, nous ne pouvons que vous laisser vous débrouiller...
FRÈRE JACQUES. - Mais...
(Les trois savants sortent.)
FRÈRE JACQUES, essayant de les rattraper. - Eh, ne partez pas ! Trop tard. Peut-être que les soldats pourront m'aider. (Il appelle en criant.) À moi, la troupe !
SOLDAT. - Monseigneur, vous avez appelé la troupe ?
FRÈRE JACQUES. - Si fait, mon bon, si fait. Mes cloches ont disparu, envolées, évaporées, vaporisées, atomisées. Aidez-moi.
SOLDAT. - Je crains de ne pas pouvoir. Je suis de faction pour la journée. Quant aux autres...
FRÈRE JACQUES. - Oui ? Les autres ?
SOLDAT. - Les voilà qui arrivent. Jugez par vous-même. (Le soldat sort.)