THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LE LION ET LE RAT

http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/index-fiche-47601.html

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8887770/f117.image

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3744701/f16.image

par Mesdemoiselles AUROY

1930

domaine public

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8887770/f117.image


PERSONNAGES

 

LE  LION  - LE  RAT

 

PREMIER  TABLEAU

 

La scène représente l'entrée d'un bois. Le lion est couché. Il dort.
Ronflements formidables. Il se redresse brusquement.

 

LE  LION. - (Voix terrible). Qui est là ? Tiens... Tiens ! Que vois-je sortir de ce petit trou ? Ma parole, c'est un rat ! Oui, un petit rat, là, entre mes pattes !

LE  RAT. - J'ai peur... Oh ! Que j'ai peur ! Ne me mangez pas, Monsieur le Lion... je ne savais pas que vous étiez là. Je vous demande pardon de vous avoir réveillé ; je ne le ferai plus.

LE  LION. - Que vais-je faire de toi ?... petit bout de rat ?

LE RAT. - Oh ! Laissez-moi retourner dans mon trou.

LE  LION. - Allons, petit rat, je te fais grâce, tu es vraiment trop petit. Va où il te plaira, mais laisse-moi dormir !

LE  RAT. - Oh ! Merci, Monsieur le Lion, merci !

     (Le lion se rendort. Ronflements sonores).

LE  RAT. - (Il chante en berceuse. Air : Do-do, l'enfant do).
Pour moi, grand Lion
Tu fus gentil, tu fus bon,
Mais le petit rat,
Sois sûr, ne l'oubliera pas.

 

DEUXIÈME  TABLEAU

Le lion est pris dans un filet. Rugissements terribles.

 

LE LION. - Je suis pris, bien pris. Plus je me débats, plus je m'empêtre dans les mailles du filet. (Il rugit encore plus fort).

LE RAT, entrant. - Qui pousse ces cris affreux ? On dirait que c'est mon ami le lion. Mais oui, c'est bien lui ! Oh ! Quel malheur ! Il est pris dans un piège. (S'approchant). Monsieur le Lion...


LE LION. - Tiens, c'est toi, petit rat, je te reconnais !

LE  RAT. - Oui, c'est moi, Monsieur le Lion. Je suis bien triste de vous voir si malheureux. Vous avez été bien gentil pour moi l'autre jour et je voudrais pouvoir vous aider à sortir de ce filet.

LE  LION. - Mon pauvre petit rat, tu ne peux rien pour moi, tu es trop petit. Sauve-toi bien vite plutôt, car le chasseur va venir, il pourrait t'arriver malheur à toi aussi.

LE  RAT, criant, joyeux. - J'ai une idée ! J'ai une idée !

LE  LION. - Pauvre petit rat, que peux-tu faire ?

LE  RAT. - Oh ! La bonne idée ! Avec mes dents, je vais me mettre à ronger la corde pour faire un trou dans le filet, et en agrandissant ce trou, vous pourrez sortir.
     (Il chante. Air : Biquette ne veut pas sortir du chou:)
Ah ! ah ! T'en sortiras,
Ô Lion, je le jure,
Ah ! Ah ! T'en sortiras
De ce piège-là !

LE  LION. - Essaye toujours, petit rat, puisque tu y tiens.

LE  RAT, rongeant la corde. - Voilà une maille craquée ! Voilà déjà un petit trou ! et une autre maille !

LE  LION. - Mais je commence à espérer en sortir ! Cher petit rat !

LE  RAT. - Le trou est fait. Et maintenant, tirons pour agrandir le trou.

LE  LION, après quelques efforts. - Sauvé ! !

LE  RAT. - Quel bonheur ! quel bonheur !

LE  LION. - Cher petit rat, je te remercie. Sans toi, j'étais pris par le chasseur. Tu m'as sauvé la vie.

LE RAT. - Mais vous avez été si gentil pour moi, l'autre jour. J'aurais été bien triste qu'il vous arrive malheur.

LE LION. - (Il chante. Air : Biquette ne veut pas sortir du chou).
Gai, gai, j'en suis sorti,
Raton, Ratonnette.
Gai, gai, j'en suis sorti
De ce piège-là !
Et maintenant, sauvons-nous vite !
 

RIDEAU


     Il est nécessaire de rappeler l'apologue d' Ésope (trouvé sur Wikisource) :


LE  LION  ET  LE  RAT  RECONNAISSANT
http://fr.wikisource.org/wiki/Fables_d%E2%80%99%C3%89sope/Le_Lion_et_le_Rat_reconnaissant

 

     Un lion dormait ; un rat s’en vint trottiner sur son corps. Le lion, se réveillant, le saisit, et il allait le manger, quand le rat le pria de le relâcher, promettant, s’il lui laissait la vie, de le payer de retour. Le lion se mit à rire et le laissa aller.

     Or il arriva que peu de temps après, il dut son salut à la reconnaissance du rat. Des chasseurs en effet le prirent et l’attachèrent à un arbre avec une corde. Alors le rat l’entendant gémir accourut, rongea la corde et le délivra. « Naguère, dit-il, tu t’es moqué de moi, parce que tu n’attendais pas de retour de ma part ; sache maintenant que chez les rats aussi on trouve de la reconnaissance. »

     Cette fable montre que dans les changements de fortune les gens les plus puissants ont besoin des faibles.
 

Ésope.


     Voici maintenant la version de Jean de la Fontaine :


LE LION ET LE RAT
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/jean_de_la_fontaine/le_lion_et_le_rat.html


Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.

De cette vérité deux Fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde.
Entre les pattes d'un Lion
Un Rat sortit de terre assez à l'étourdie.
Le Roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu'il était, et lui donna la vie.
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu'un aurait-il jamais cru
Qu'un Lion d'un Rat eût affaire ?
Cependant il advint qu'au sortir des forêts
Ce Lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage.
Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage.

Jean de la Fontaine
 

     Un pastiche de Dominique Bonnaud est consultable sur Gallica :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9691780h/f59.item

 
 
 



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