THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

SINGE : Hi, hi, hi... C'est une blague ! Je suis le roi des farces et des grimaces. Tu veux que je t'apprenne à faire d'horribles grimaces ? Gnac gnac gnac, tire la langue ! Gnoc gnoc gnoc, fais le pied de nez ! Hi, hi, hi... Tu ne trouves pas ça drôle ?

LÉO : (en secouant la tête) Non. Ce n'est pas très malin.

SINGE : Pourtant, je suis malin comme un singe ! Parole de Coco !

     Le singe pirouette en applaudissant.

SINGE : Bravo ! Bravo ! Vive moi ! Vive Coco ! Tu veux jouer avec moi, lionceau ?

LÉO : Oh oui !

SINGE : Va voir là-bas si j'y suis !

     Le lionceau fait le tour d'un arbre, jette un coup d'œil derrière un buisson pendant que Coco court se cacher.

LÉO : (soupire) Il n'y a personne. Coco, où es-tu ? Qui a vu le singe Coco ? Coco, reviens ! Je veux bien apprendre à faire des grimaces.

     Le singe pointe la tête hors d'un buisson et fait trois galipettes.

SINGE : Trop tard, petit lionceau ! (disparaît de nouveau)

     Léo se retrouve seul parmi les hautes herbes jaunes.

Scène 3


     Peu après, un zèbre s'approche en broutant. Léo l'aperçoit et sursaute.

zèbre animal en theatre d`ombres ombres chinoises silhouettes marionnettes chinese shadow Shadow puppets Bilderbogen Schattenfiguren


LÉO : (s'enfuit) Au secours ! Au secours ! Un guépard !

ZÈBRE : Je ne suis pas un guépard !

LÉO : Au secours ! Une barrière à quatre pattes, une barrière qui sait parler !

ZÈBRE : Moi, une barrière ? (demande aux spectateurs) Est-ce que je ressemble à une barrière ? Je suis un zèbre.

LÉO : Un zèbre ? Ah oui ? Et qui a peint des rayures sur ton dos avec un pinceau ?

     Le zèbre éclate de rire, tout en dansant. Léo le regarde, étonné.

ZÈBRE : Ha, ha, ha ! Personne ! Je suis né comme ça. Ha, ha, ha !

     Léo fait comme le zèbre : il le suit en dansant et en riant.

LÉO : Ha, ha, ha !

ZÈBRE : Et que fais-tu ici, petit lionceau ?

LÉO : Avant, je cherchais mes parents. Maintenant, je cherche un ami... Veux-tu devenir mon ami ?

     Le zèbre rit encore plus fort et gigote dans tous les sens.


ZÈBRE : Ha, ha, ha ! Impossible ! Les zèbres ne sont pas les amis des lions. Ha, ha, ha ! De plus, on m'attend ! Adieu !

     Le zèbre disparaît entre les hautes herbes jaunes. Il fait un grand tour, puis revient à toute vitesse.

LÉO : (tout content) Tu viens me chercher ?

     Sans répondre, le zèbre gratte le sol de la patte.

LÉO : Tu viens me chercher ?

ZÈBRE : Mais non !

LÉO : Tu as perdu quelque chose ? Je peux sûrement t'aider.

ZÈBRE : Mais non !

LÉO : Tu as perdu une rayure ?

     Le zèbre sursaute.  

ZÈBRE : (en colère) Une rayure ? Les zèbres ne perdent jamais leurs rayures... Ça, c'est sûr !

     Le zèbre s'éloigne lentement et Léo le suit discrètement : il marche toujours juste derrière le zèbre.

ZÈBRE : Hum, hum... J'ai l'impression que quelqu'un marche derrière moi.

     La scène suivante est répétée deux ou trois fois de suite : le zèbre se retourne, mais Léo disparaît aussitôt.

ZÈBRE : (grogne) Hum, hum... C'est peut-être le vent ? Hum, hum... (marche de nouveau) Hum, hum... (s'adresse aux spectateurs) Qui ose me suivre ?

     La dernière fois, Léo répond à la question du zèbre.

LÉO : Personne !

ZÈBRE : (mécontent) Ce ne serait pas un lionceau, par hasard ?

LÉO : Non, non ! Pas du tout ! Tu es tout seul. Il n'y a pas un chat.

     Le zèbre tourne la tête d'un côté, de l'autre... et il aperçoit soudain Léo qui tremble comme une feuille.

ZÈBRE : Tu es un petit menteur !

LÉO : Je sais...

ZÈBRE : Non, plutôt un petit blagueur. (Léo fait oui de la tête) Il faut que tu comprennes quelque chose : je ne suis pas ta mère.

LÉO : Je sais...

ZÈBRE : Je ne suis pas ton père !

LÉO : Je sais...


ZÈBRE : Je ne suis pas ton ami, non plus. Alors, arrête de me suivre ! Compris ?

LÉO : Compris...

     Le zèbre fait demi-tour et disparaît pour de bon. Le lionceau, déçu, ne bouge plus et se met à pleurer.


Scène 4

léopard guépard panthère animal en theatre d`ombres ombres chinoises silhouettes marionnettes

     Un guépard s'avance lentement et l'observe sans bruit. Léo ne le voit pas.


GUÉPARD : (s'adresse aux spectateurs) Oh ! Parole de guépard, voilà mon déjeuner, tout trouvé. Je vais croquer ce lionceau. Eh, eh, je me lèche les babines…

     Le gros animal s'approche sur la pointe des pattes.

GUÉPARD : J'ai une faim de loup... ou plutôt, une faim de guépard ! Oh, oh, ce lionceau ne se doute de rien. Eh, eh, je vais me régaler. Mais, il pleure... Beurk ! Il va être trop salé. Je vais d'abord le consoler.

     Le guépard s'assied près du lionceau et le salue.

GUÉPARD : Bonjour !

LÉO : Bonjour. Snif...

GUÉPARD : Pourquoi pleures-tu ?

LÉO : Je n'ai pas d'ami, snif...

GUÉPARD : Si tu arrêtes de pleurer, je deviendrai ton ami. (s'adresse aux spectateurs, à voix basse) Ce n'est pas vrai, mais il ne faut pas le répéter.

     Léo regarde attentivement le guépard.

LÉO : Vous avez l'air rudement fort...

GUÉPARD : Terriblement fort. Mais je suis surtout le plus rapide de la Terre !

LÉO : Plus rapide qu'un papa lion ?

GUÉPARD : Évidemment !

LÉO : Qu'est-ce vous êtes ?

GUÉPARD : Hum... Je suis un gué gué...

LÉO : Un guègue ?

GUÉPARD : Non, je suis très gai gai... (demande aux spectateurs) Je suis très gai, c'est bien vrai ?autruche animal en théâtre d`ombres ombres chinoises marionnette silhouette

     Pendant que le guépard parle à Léo, une autruche arrive. Elle regarde et écoute sans se faire voir.

GUÉPARD : (s'adresse à Léo) Je suis un zèbre très gai !

LÉO : Un zèbre ? Mais vous n'avez pas de rayures !

GUÉPARD : Heu... Non, je les ai enlevées. Je les ai remplacées par des taches. (s'adresse aux spectateurs) Eh, eh, eh... Ça y est, il ne pleure plus ! C'est le moment de le manger. À trois, je le croque tout cru : un... deux...

LÉO : Moi, je connais un zèbre.

GUÉPARD : Ah oui ? L'un de mes cousins ?

LÉO : Il m'a dit qu'il ne pouvait pas perdre ses rayures.

GUÉPARD : Ce zèbre-là n'est pas très malin.

LÉO : Si vous savez enlever des rayures, vous savez aussi enlever des taches ?

GUÉPARD : Naturellement !

LÉO : Vous pouvez me montrer ?

GUÉPARD : (aux spectateurs) Ce lionceau commence à m'énerver avec toutes ses questions. Il est vraiment temps de le dévorer. À trois, je le croque tout cru : un... deux...

AUTRUCHE : (toujours dans son coin) Aïe, aïe, aïe... Le guépard prépare un mauvais tour. Ce lionceau va avoir des ennuis, c'est moi qui vous le dis. Aussi vrai que je suis l'autruche la plus intelligente de la région !

     Pendant que l'autruche s'avance sur la pointe des pattes, le guépard ouvre grand sa gueule.

GUÉPARD : Dis-moi petit ! Entre amis, on peut se rendre des services.

LÉO : Bien sûr.

GUÉPARD : Regarde au fond de ma gorge ! Ça me fait mal. Vois-tu un os ou une arête ?

     Léo s'approche de la gueule du guépard.

Scène 5

     À ce moment-là, l'autruche bondit à côté du guépard.

AUTRUCHE : Vite, petit lionceau ! Recule ! Dépêche-toi ou le guépard te croquera !

GUÉPARD : Quoi ! De quoi te mêles-tu, emplumée ?

LÉO : Ce n'est pas un guépard ! C'est mon ami... mon seul ami !

GUÉPARD : Eh, eh, eh... Un ami qui va te dévorer !

     Le lionceau fait un bond en arrière. L'autruche le saisit par la peau du cou et elle l'emporte à toute vitesse, poursuivie par le guépard.

GUÉPARD : (en grondant) Au voleur ! On m'a volé mon déjeuner ! Au voleur ! Attrapez-la ! Attrapez cette autruche emplumée ! (souffle car il a du mal à respirer) Ffff... Ffff... Depuis quelque temps, je m’essouffle vite ; je dois être malade. Ffff… Ffff… Il faut que je prenne rendez-vous chez le docteur. Ffff…

     L'autruche va et vient, poursuivie par le guépard. Le guépard, essoufflé, finit par s'arrêter de courir.

GUÉPARD : (essoufflé) Ffff... Je n'en peux plus. Ffff… Je ne peux plus respirer... Ffff… j'abandonne la partie...

     Le guépard s'éloigne lentement et disparaît.

Scène 6

     L'autruche dépose doucement le lionceau sur son dos.

AUTRUCHE : Tu peux dormir. Là, tu ne crains rien. Au fait, que cherchais-tu, tout seul dans la savane ?

LÉO : Je cherchais un ami ou une amie... Mais je crois que je l'ai trouvée.

AUTRUCHE : Je le crois aussi...


     Musique douce. L'autruche berce le lionceau. La lumière baisse peu à peu.

AUTRUCHE : Bonne nuit, Léo ! Fais de beaux rêves. Bonne nuit, petit lionceau.

 

Noir. Fin de la musique.


 

FIN
 


     On pourra trouver le texte sur :
http://www.annrocard.com/articles.php?lng=fr&pg=1809

lion animal en théâtre d`ombres ombres chinoises marionnette silhouette

lionne animal en théâtre d`ombres ombres chinoises marionnette silhouette
les parents de Léo...
 

 
 



Créer un site
Créer un site