LES DEUX SOURDS
PERSONNAGES :
GARDIEN
SIMON
LISA
MONSIEUR DUBONNET
MONSIEUR COMMEUNPOT
chien, chat
Décors : un réverbère à gauche de l'écran,
l'entrée d'un jardin public à droite.
(Devant l'entrée d'un jardin public,
un gardien fait les cent pas).
GARDIEN. - (Il fait les cent pas en chantonnant sur l'air de la Marseillaise). Pom, pom, pom, pom, pom, pom, pom, pom, pom...
CHAT. - (Il traverse l'écran et se dirige vers le jardin où il entre. Il miaule en arrivant à hauteur du gardien). Miaou !
GARDIEN. - Bonjour, mon minou. Miaou à toi aussi.
CHIEN. - (Il traverse l'écran et se dirige vers le jardin où il entre. Il aboie en arrivant à hauteur du gardien). Ouaf ! Ouaf !
GARDIEN. - Oh, il est beau le chienchien, ça, c'est un joli chienchien ! Ouah ouah à toi aussi, chienchien !
SIMON. - (Il arrive à gauche de l'écran, suivi par Léa). Viens, Lisa, on va faire un tour dans le parc.
LISA. - D'accord, Simon, allons-y. (Les enfants s'approchent de l'entrée du parc).
GARDIEN. - Stop, les enfants, c'est trois sous l'entrée. Trois sous... par personne. Vous êtes... Attendez, je calcule. Un enfant plus un enfant, ça fait deux enfants. Bien, maintenant, calculons le prix : trois sous multipliés par deux, ça fait six... Si vous voulez entrer, vous me devrez six sous.
SIMON. - Mais, Monsieur, nous n'avons pas d'argent.
GARDIEN. - Aucun problème, les enfants, pas d'argent, pas d' bon temps, fichez-moi l' camp. Ah, ah, je tiens une de ces formes, aujourd'hui, moi.
SIMON. - Mais, monsieur...
GARDIEN. - Pas d'argent, pas d' bon temps, fichez-moi l' camp : Ah, ah, ah. Peut-être que Monsieur a besoin d'un léger coup de pied dans le derrière pour aller voir ailleurs si j'y suis ?
SIMON. - Non, non, Monsieur, nous partons. (Les enfants repartent vers la gauche de l'écran. Simon se retourne et parle à sa sœur). Lisa, c'est décidé, on va faire un tour dans le parc..
LISA. - Mais, Simon, c'est payant. Tu as bien vu : le gardien ne veut rien savoir.
SIMON. - Écoute, j'ai un plan : on va jouer calmement avec des cailloux à côté de lui et, lorsqu'il aura le dos tourné, on se faufilera dans le parc : ni vu, ni connu j' t'embrouille. (Monsieur Dubonnet entre par la gauche).
MONSIEUR DUBONNET. - Quoi ? Qu'est-ce que j'entends ? Vous voulez entrer dans le parc sans payer ? Vous voulez vous faufiler au nez et à la barbe d'un gardien exemplaire dont le sérieux n'est plus à prouver. Je suis littéralement indigné, offusqué... C'est scandaleux... c'est... c'est..
SIMON. - Je... je... je disais ça pour rire, monsieur Dubonnet...
LISA. - Oui, croyez Simon, monsieur Dubonnet, il ne ment jamais.
MONSIEUR DUBONNET. - C'est une très mauvaise façon de faire... Vous n'auriez pas fait trois pas dans le parc que le gardien vous aurait rattrapés tous les deux par les oreilles. Ensuite, tel que je le connais, il aurait fait appeler la police, votre famille, le maire, les pompiers... Qui sais-je encore... J'ai un bien meilleur plan.
SIMON. - Comment ? Vous voulez nous aider ?
MONSIEUR DUBONNET. - Oui, vous allez vous avancer avec moi et entrer dans le parc. Je vais me débrouiller avec le gardien pour le paiement. C'est facile, il ne me connaît pas.
SIMON ET LISA. - Merci, Monsieur Dubonnet, merci beaucoup.
MONSIEUR DUBONNET. - Ce n'est rien, les enfants, marchez devant, je m'occupe de tout. (Les enfants marchent devant. Lorsqu'ils arrivent au niveau du gardien, Simon lui adresse la parole).
SIMON. - Re-bonjour, Monsieur le gardien, on peut entrer ? C'est notre oncle qui va vous payer.
GARDIEN. - Allez-y, mes enfants. (S'adressant à monsieur Dubonnet). Monsieur, vous me devez six poux... oh non, six sous pour les enfants.
MONSIEUR DUBONNET. - (À part) Ce gardien ne m'a pas l'air très éveillé. Je vais lui jouer une petite farce à ma façon. Je vais faire semblant d'être sourd comme un pot. (Tout haut) Comment, mon brave ? Est-ce que je veux voir l'éléphant ?
GARDIEN. - (Plus fort) Non, c'est six sous pour l'entrée dans le jardin !
MONSIEUR DUBONNET. - Comment ? Vous vendez des crottes de lapin ? Parlez plus fort, je vous prie, je n'entends pas très bien.
GARDIEN. - (En criant) Six sous pour le parc ! Vous devez payer !
MONSIEUR DUBONNET. - Comment ? Vous voulez m'embrasser ? Mais, Monsieur, je ne vous permets pas...
GARDIEN. - (s'énervant) Vous me devez six sous !
MONSIEUR DUBONNET. - Désolé, je ne mange pas du chou.
GARDIEN. - (hurlant) Six sous, six sous, six sous, je vous dis !
MONSIEUR DUBONNET. - Mercredi ? Mercredi ? Vous êtes sûr qu'on est bien mercredi ?
SIMON. - (Il sort du parc avec sa sœur et s'adresse à monsieur Dubonnet). Nous avons fini notre promenade, monsieur Dubonnet.
MONSIEUR DUBONNET. - Ah !? C'est bien, les enfants, allons-y. (Il commence à sortir avec les enfants).
GARDIEN. - (essayant de rattraper monsieur Dubonnet) Mais... ça ne va pas du tout, ça ! Ça ne va pas du tout !
MONSIEUR DUBONNET. - Mais si, mon brave, ça va très bien, ne vous inquiétez pas. Au revoir, Monsieur, au plaisir. (Il sort avec les enfants).
GARDIEN. - Mais... mais il se moque de moi, celui-là, il n'est pas plus sourd que vous et moi.
MONSIEUR COMMEUNPOT. - (Il entre et s'approche du gardien). Bonjour, Monsieur, c'est combien pour entrer dans le parc ?
GARDIEN. - Pour un adulte, c'est six sous, payables de suite.
MONSIEUR COMMEUNPOT. - Quoi ? Vous avez une appendicite ?
GARDIEN. - (Il crie). C'est six sous l'entrée !
MONSIEUR COMMEUNPOT. - Comment ? C'est six crottes de nez ? Vous êtes sérieux ?
GARDIEN. - (Il s'approche de Commeunpot. On prendra l’ombre qui se bagarre). Vous ne comprenez pas ? (Il hurle). Six sous, six sous, six sous !
MONSIEUR COMMEUNPOT. - Ah oui, vous voulez vous battre ? (On remplacera Commeunpot par l'ombre qui se bat et les deux personnages sortent de l'écran en se battant et en criant des « Et tiens ! » « Choppe ça » « Tu en veux encore ? ).
FIN