Décors : une forêt tropicale avec un lit sur un côté pour simuler le repos du Soleil.
NARRATEUR. - Le Soleil était fatigué, très fatigué, très fatigué... Ce n’est pas vraiment étonnant : imaginez-vous de grimper dans le ciel tous les matins, vous coucher le soir, recommencer le lendemain… Encore et encore et encore et encore et encore et encore ! Trop fatigué, notre Soleil ne voulait pas sortir du lit. Il voulait faire la grasse matinée !
Le monde était plongé dans les ténèbres et le découragement. Les habitants de la Terre : les animaux et les oiseaux, se sont réunis en grand conseil. Ils ont décidé d'envoyer un messager au Soleil. C’est le Paon qui a été choisi : il est tellement beau que le Soleil ne pourra rien lui refuser... Mais… qu’est-ce que je vois sous les palmiers ? Quelqu’un dort ? (Un paon apparaît).
Le Paon arrive en volant. PAON. - Eh oui, tout le monde : et les adultes, et les enfants, et les animaux, et les oiseaux sont sans lumière. Comment vivre sans lumière ? N’ayez pas peur, je suis là ! Rassurez-vous, vous Oiseaux du ciel. Le luminaire perdu reviendra. Je vais aller le séduire dans le ciel. Quand il verra ma roue, il ne pourra que revenir… Je sais, je sais, je donne l’impression de me vanter mais… tout le monde ne peut pas faire la roue aussi bien que moi !
NARRATEUR. - Tiens, le Paon vient de se taire ? Pourquoi le Paon s'est-il tu ? De quoi a-t-il eu peur ? Oh ! Je le vois qui s’approche du Soleil...
(Le paon s'approche du lit du Soleil et parle timidement).
Le Paon parle au Soleil. PAON, timidement. - Soleil ! Levez-vous, s'il vous plaît.
SOLEIL, se recroquevillant sous sa couverture. - Hum ! Qui est là ?
PAON. - Soleil, c’est moi, le Paon. Je suis un Paon et j'ai été envoyé par les habitants de la Terre. Faites attention -c'est moi-, car je suis beaucoup plus beau que tous les autres réunis. Jetez un coup d'œil sur ma roue...
SOLEIL. - (Il sort la tête de sous la couverture dans un bonnet de nuit sombre. Il regarde le Paon, qui tourne devant lui sa magnifique roue). En effet, tu fais la roue avec ta queue. Alors, quel est le gros problème ?
PAON. - Soleil, je vous en supplie, levez-vous. Nous ne pouvons pas vivre sans vous. Nous nous sentons mal !
SOLEIL. - Pas vivre ? Qui se sent mal ?
PAON. - Qui ? Tout le monde... Pour ce qui me concerne, dans l'obscurité, même moi, je ne suis pas différent d'un corbeau. Personne ne peut admirer ma magnifique roue.
SOLEIL. - Ainsi, ce n'est pas toi qui as besoin du Soleil, mais ta roue ! Ce n’est que la forme que prend ta queue ridicule ! Coupe-la ! Je ne vais pas éclairer le monde à cause d’une queue, même si elle peut prendre la forme d’une roue !
PAON. - Ah bon !..
(Le paon s'envole précipitamment. Le soleil à nouveau se cache avec sa tête et s'endort).
NARRATEUR. - Et le Paon est parti sans avoir rien obtenu. Le rossignol a donc été envoyé au Soleil. Il est si talentueux, il chante si bien que tout le monde pensait que le Soleil l’écouterait et ne refuserait pas sa demande.
(Le Rossignol apparaît).
Image à partir de laquelle une ombre de Rossignol pourra être réalisée...
ROSSIGNOL. - Les vents violents se sont calmés. Des palmiers se sont courbés en silence.
La branche qui parle au Rossignol.
BRANCHE. - Pourquoi ?
ROSSIGNOL. - C’est parce que les vents ont entendu ma chanson.
BRANCHE, dans un murmure. - Ne faites pas de bruit, tout est si calme !
ROSSIGNOL. - Je vais juste siffler une trille d'argent... Les gouttes de rosée brilleront sur les pierres et les feuilles. Pourquoi ? Parce que les étoiles pleurent quand elles m’entendent chanter et leurs larmes, en tombent sur le sol deviennent de la rosée.
(Le Rossignol chante -On trouve facilement des enregistrements sur le Net. Le soleil endormi s'agite, et soupire).
SOLEIL. - Oh, comme c'est beau, petit oiseau, comme tu chantes bien ! Dis-moi pourquoi tu es venu. J'ai l'impression que je ne pourrai rien te refuser.
ROSSIGNOL. - Ah, je vous en supplie, cher Soleil, levez-vous dans le ciel.
SOLEIL, jetant la couverture. - Quelle voix ! J'ai fondu, j'ai fondu...
ROSSIGNOL. - Que la nuit se termine.
SOLEIL. - La nuit t’empêche-t-elle de chanter, petit oiseau ?
ROSSIGNOL. - M’empêcher de chanter ? Au contraire ! La nuit, je ne peux pas m'empêcher de chanter, et si le matin ne vient pas, je vais m’enrouer ou me casser la voix.
SOLEIL. - Ah ah ! Donc, je dois absolument me lever pour que tu puisses reposer ta gorge ! Et qui pense à mon repos à moi ? Qui pense à mes vacances ? Personne ! Personne ne se soucie de moi ! Va-t-en !
(Le soleil s’enroule sous la couverture, et le Rossignol s'envole).
NARRATEUR. - Et le rossignol est parti après le paon. Après le rossignol ça a été le tour du Perroquet bavard.
(Le perroquet apparaît).
On pourra utiliser les deux ombres alternativement. PERROQUET. - Je suis le Perroquet ! Je suis plus intelligent que tout le monde, je sais imiter n'importe quelle voix. En contrepartie, je n'ai pas ma propre voix, tout le monde le sait. On ne peut pas imiter ma voix puisque je n’en ai pas. Je suis donc inimitable.
SOLEIL. - Qui va là ?
PERROQUET. - Bonjour, Soleil !
Le Perroquet parle au Soleil. SOLEIL, endormi. - Bonjour.
PERROQUET. - Arrêtez de vous amuser, levez-vous ! Tout de suite !
SOLEIL. - Et toi, qui es-tu ? Et dis-moi pourquoi est-ce que je devrais me lever ?
PERROQUET. - Je suis un perroquet et, dans le noir, je ne peux pas voir qui je taquine. Et quel est le plaisir de taquiner quelqu'un si on ne peut pas le voir se mettre en colère ?
SOLEIL, dans un murmure. - Je ne lui parlerai pas. Après tout, il pourrait en profiter pour me taquiner aussi.
PERROQUET. - Qu'est-ce que vous marmonnez là-bas ? Levez-vous ! Comment ? Vous ne répondez pas ! C’est étrange.
SOLEIL, sous sa couverture. - (Il ronfle).
PERROQUET. - Eh bien, je crois que j'ai fait tout ce qu’on attendait de moi... (Il s'envole).
Le Perroquet s'envole. (Le soleil dort. Un cocorico lointain se fait entendre. Le Soleil tourne dans son lit).
SOLEIL, avec colère. - Qu'est-ce c’est que cet oiseau là ? Apparemment, il veut me mettre en colère.
COQ, apparaissant. - Cocorico ! Cocorico ! Lève-toi ! Lève-toi !
SOLEIL. - Laisse-moi tranquille !
COQ. - Cocorico ! Cocorico ! Lève-toi ! Lève-toi !
SOLEIL. - Le Paon m’a montré sa belle roue et je l'ai chassé. As-tu une roue plus belle que celle du Paon ?
COQ. - Non, je ne suis pas très beau !
SOLEIL. - Le rossignol devant moi chantait des chansons magnifiques et je ne l'écoutais même pas. Et il a une voix, une voix ! Peut-être chantes-tu mieux que lui ?
COQ. - Non, pour tout vous dire, je chante faux… mais je chante fort !
SOLEIL. - Peux-être que tu veux me taquiner comme le Perroquet alors ?
COQ. - Non, je ne taquine jamais personne.
SOLEIL. - Eh bien alors, va-t-en ! Je vais dormir, et c'est tout. (Il se rallonge).
COQ. - (Il se dirige tranquillement vers la tête de lit du lit et crie de manière impressionnante). Cocorico ! Cocorico !
SOLEIL, sursautant. - Que ? Quoi ? ! Qui ? ! Qu'est-ce qu'il y a ?
COQ. - Cocorico ! Cocorico ! Levez-vous ! Vous êtes le Soleil, pas une pomme de terre ! Vous ne connaissez pas vos devoirs ?
SOLEIL. - Je ne sais plus très bien... Quelles sont mes responsabilités ?
COQ. - Vous devez briller et réchauffer la Terre. Sans vous, il n'y a pas de vie sur Terre, ce qui signifie que votre vie ne servira à rien.
SOLEIL, offensé. - Comment ? J'ai travaillé toute ma vie pour rien de toute façon. Personne ne m'apprécie. Le Paon ne regarde que sa roue ! Le Rossignol n’écoute que lui-même ! Le Perroquet...
COQ, le coupant. - ...Avez-vous oublié les hommes ? Qu'arrivera-t-il aux humains ?
SOLEIL. - Ai-je besoin des hommes ? Vais-je disparaître s'il n'y a pas d’humains ?
Tandis que le Coq parlera, on pourra mettre un défilé d'ombres en place. COQ. - Bien sûr. Vous serez comme un outil qui ne sert plus. Vous rouillerez !
SOLEIL. - Et alors, c’est pareil, non ?
COQ. - Et qui a creusé les puits sur Terre ?
SOLEIL. - Ce sont les hommes. Et alors ?
COQ. - Il y a un ancien poème humain qui dit :
« Dans chaque étang, je trouverai la lune ;
dans n'importe quelle flaque d'eau, les étoiles tournent ;
dans chaque puits, le soleil resplendit. »
SOLEIL. - Ah bon... Si tu le dis...
COQ. - Et comment vous brillez quand vous vous reflétez les cruches en métal dans lesquelles les femmes transportent de l'eau ! Pas étonnant que les hommes vous vénèrent...
SOLEIL. - Vraiment...
COQ. - S'il n'y a plus d’humains, le monde s'assombrira. Vous ne serez plus qu’une étoile qui brille pour personne. Si les humains sont là, vous serez le Soleil, l’astre qui brille dans tout ce qui est fait par des mains humaines.
SOLEIL. - C’est vrai, ce que tu me dis, Coq, mais comprends que je veux vivre pour moi-même, me reposer.
COQ. - Celui qui vit pour lui-même est mort pour les autres ! Et ne savez-vous pas, Soleil, que celui qui a fait du bon travail se repose bien.
(La lumière s’éteint et se rallume).
NARRATEUR. - Le soleil s'est levé dans le ciel et s'est remis au travail. Et le Coq à partir de ce moment-là se lève chaque jour avant l'aube et chante longtemps et fort. Et sa première chanson est pour Soleil.
(Le Coq arrive sur l'écran).
COQ. - Cocorico ! Soleil ! Réveillez-vous ! Il est temps de se mettre au travail.
NARRATEUR. - Et sa deuxième chanson est pour la Terre.
COQ. - Cocorico ! Terre ! Réveillez-vous ! Réchauffez-vous aux rayons du Soleil !
NARRATEUR. - Et sa troisième chanson est pour les hommes.
COQ. - Cocorico ! Braves gens ! Réveillez-vous ! Le soleil se lève ! La terre est prête à vous accueillir ! Cocorico ! Brave gens ! Réveillez-vous !
RIDEAU