THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

UNE  PLACE  PUBLIQUE

par Paul EUDEL

1886  domaine public


Ombres et textes tirés de l'ouvrage

http://www.cineressources.net/images/ouv_num/072.pdf
 



 

     Ce lever de rideau, n'a pas de texte. Ce n'était qu'un prétexte pour faire défiler quelques types de la rue.


 


 

M. et Mme Denis.
 

     (Il passe d'abord un détachement de lanciers. Il est précédé d'un trompette et d'un officier.)





 

(Vient ensuite le marchand de mort aux rats.)


MARCHAND DE MORT AUX RATS.

Voilà celui qui fait mourir les rats et les souris !


(Arrive après un rémouleur portant son outil sur le dos.)


 

RÉMOULEUR.

À repasser les rasoirs, les ciseaux et les couteaux !

(Un marchand de tamis le suit :)


 

MARCHAND DE TAMIS.

Tamis ! Tamis !


(Deux marchands de chansons ferment la marche.

Le mari, pourvu d'une jambe de bois, accompagne sur le violon, sa femme, qui chante avec lui tes couplets de monsieur et madame Denis.)


MADAME DENIS.

Quoi, vous ne me dites rien.

Mon ami, ce n'est pas bien.

Jadis, c'était différent..

Souvenez-vous en, souvenez-vous en.

J'étais sourde à vos discours

Et vous me partiez toujours !


MONSIEUR DENIS.

Mais, mamour, j'ai sur le corps

Cinquante ans de plus qu'alors ;

Car c'était en mil Sept cent...

Souvenez-vous en, souvenez-vous en.

Ah ! premier de mes amours,

Que ne duriez-vous toujours !


MONSIEUR DENIS.

En mil-sept-cent-deux, mon coeur.

Vous déclara son ardeur.

Jétais un petit volcan.

Souvenez-vous en, souvenez-vous en...

Feu des premières amours.

Que ne brûlez-vous toujours ?


MADAME DENIS.

On nous maria, je crois,

À Saint-Germain-d'Auxerrois.

J'étais mise en satin blanc..

Souvenez-vous en, souvenez-vous en.

Du plaisir, charmants atours.

Je vous conserve toujours.


MONSIEUR DENIS.

Comme j'étais étoffé !


MADAME DENIS.

Comme vous étiez coiffé !


MONSIEUR DENIS.

Habit jaune en bourracan,

Souvenez-vous en, souvenez-vous en.

Et culotte de velours...

Que je regrette toujours.


MADAME DENIS.

Comme en dansant le menuet

Vous tendiez le jarret !... Ah! vous alliez joliment.

Souvenez-vous en, souvenez-vous en...

Aujourd'hui, nous sommes lourds.


MONSIEUR DENIS.

On ne danse pas toujours !

FIN


     Cette saynète est à rapprocher de celle de Séraphin : Les crieurs de Paris :
http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/les-petits-metiers.php
 
 



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