— Ordre de l'Empereur, Fils du Ciel, notre Maître :
Faites place, et que tous s'éloignent sans tarder.
La Princesse, sa fille, à l'instant va paraître,
Et nul œil indiscret ne la doit regarder.
Contre l'ordre formel personne ne proteste
Et, de rentrer chez soi, chacun s'est dépêché.
Mais le jeune Aladin est curieux, il reste,
Et pour voir passer la Princesse, il s'est caché.
VII. LA PRINCESSE
Dans le Céleste Empire aucune n'est plus belle,
Son voile flotte au caprice du vent,
Son visage est charmant comme une fleur nouvelle,
Son sourire plus doux que le soleil levant.
Un petit esclave déploie
Au-dessus de sa tête
Un parasol léger,
Et l'on croirait voir voltiger
Les oiselets brodés sur sa robe de soie.
Et le cœur d'Aladin est éperdu d'amour.
Mais elle a disparu, vision poétique,
Son âge ? dix-sept ans. Son nom ? Badroulboudour (Son nom n'est pas joli, mais il est exotique).
Belle princesse, pour tisser
Tes robes aux couleurs divines.
Un enfant ne pourrait chausser
Tes tout petits souliers brodés de perles fines.
C'est la douce nuit d'été,
La nuit sereine,
Les clochettes ont tinté
Sur les tours de porcelaine.
Mais pour qui voit tes traits charmants,
Que sont les plus purs diamants,
Et qu'importe des fleurs la senteur embaumée
D'un éclat bien plus radieux,
Brillent les saphirs de tes yeux,
La fleur de ton sourire est la plus parfumée.
C'est la douce nuit d'été,
La nuit sereine,
Les clochettes ont tinté
Sur les tours de porcelaine.
Ah ! C'est la douce nuit d'été,
La nuit sereine,
Les clochettes ont tinté
Sur les tours de porcelaine.
Plus lent.
Et, tandis que l'écho de l'harmonieux chant
Va se perdre à travers les obscures allées,
Voici que, sans rien dire, au balcon se penchant,
La princesse a souri parmi les azalées.
IX. LA COUR DU FILS DU CIEL
Changement de décor, nous sommes, s'il vous plaît,
Chez l'Empereur, voici tous les grands dignitaires :
Ministres, mandarins civils et militaires,
Les bonzes, les lettrés, la Cour au grand complet.
Passent les courtisans en courbant leur échine ;
Des petits, des plus grands, des maigres et des gras,
Les uns sont tout rasés, d'autres ont des barbiches
Ainsi que les magots qu'on voit sur les potiches.
(entrée d'Aladin)
Mais un seigneur paraît, superbement vêtu,
C'est Aladin portant la lampe merveilleuse.
L'Empereur, en chinois, lui dit : — Qui donc es-tu
Pour marcher le front haut et la mine orgueilleuse ?
X. LES TRÉSORS D'ALADIN
— Je me nomme Aladin, du Monde je suis roi :
La lampe magique est à moi.
Mes richesses sont infinies,
Je suis plus puissant qu'un dieu,
J'ai pour esclaves les génies
De la Terre et de l'Air, des Ondes et du Feu.
Voici mes serviteurs qui franchissent ta porte ;
Sous le poids des présents que j'apporte,
Leurs dos vigoureux sont ployés.
Tous les trésors du monde et bien d'autres encore,
Je viens les déposer aux pieds
De la Princesse que j'adore.
XI. LES MANDARINS
Mais le temps a passé, nous sommes au grand jour
Des noces d'Aladin et de Badroulboudour.
Et tandis que le peuple boit dans les tavernes,
En somptueux habits, en bottes de satin,
Les nobles invités, se rendant au festin,
Défilent, escortés de porteurs de lanternes.