THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LE RENARD. - Bonjour, Mère Catherine, je suis Monsieur le Renard, j'ai de jolis poulets dans mon sac ! Si vous en voulez un, vous n'avez qu'à le dire, car je les ai volés pour vous. J'entends, vous n'aimez pas cela. Eh bien non, je ne les ai pas volés quoique renard, mais pour Mère Catherine que ne ferait-on pas ? Même une bonne action ! Allons ! Allons ! Acceptez mon cadeau ! Il part du cœur... et du poulailler ! (Il sort).
 

LE COCHON. - Hin ! Hin ! Bonjour, mère Catherine, je suis votre cuisinier. J'ai eu le prix au concours de Poissy, car j'ai de bons jambonneaux. Je m'en vais vous apporter une aune de boudin. (Il sort).
 

LA BICHE. - Où êtes-vous, mère Catherine, vous vous cachez ! Montrez vous donc ! Venez voir votre petite biche chérie, comme vous m'appeliez ! Mais non, ne vous dérangez pas, je vais vous retrouver. (Elle sort).

LE LIÈVRE. - Ah ! Mon Dieu que j'ai eu peur ! En venant ici je viens de voir un homme avec un fusil, non, ce n'était pas un fusil, c'était un bâton, il m'a mis en joue et j'ai détalé, je ne vous dis que ça ! Mais voyez comme j'ai eu peur : j'ai cru que le bâton était chargé, comme les fusils et j'ai joué des pattes. Ah ! c'est vrai que je suis peureux, mais pas auprès de mère Catherine à qui je souhaite une bonne fête. (Il sort).

LA PANTHÈRE. - Madame Panthère peut-elle entrer ? Où est donc cette bonne mère Catherine que je la croque... de baisers et que je lui montre ma belle fourrure. L'hiver, je viendrai me coucher sur ses pieds pour la réchauffer. Ne craignez rien, mère Catherine, j'ai rentré mes griffes. (Elle sort).

LE LION. - Bien que je sois le Roi des animaux et qu'on me doive tous les respects, je m'incline devant vous ma bonne madame Catherine. Si l'on vous fait jamais quelque dommage, comptez sur moi. (Il sort).

L'ÉLÉPHANT. - Ah ! que j'éprouve le besoin de serrer cette bonne mère Catherine sur mon coeur ! Pourvu que je ne l'écrase pas ! C'est que si j'allais me tromper... Entrons ! (Il sort).

LE PORC-ÉPIC. - Moi, vilain noiraud, toujours sur ses gardes ! Moi, bon petit porc-épic dire bonjour à madame Catherine.

Air : Dansez Canada.

Dansez Canada,
Zizi boubou,
Dansez Canada,
Toujours comm' ça.

Peux pas embrasser
Bonn' tit' mère«Catherine
Parc' qu'ell' dit qu' ma barbe
Ca la piqu' toujours. (Reprise).

(Il sort).


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L'OURS. - Et moi aussi, je viens vous saluer, mère Catherine, quoique je sois assez ours d'habitude... Oh ! vous vous reculez ! N'ayez pas peur, je ne vous mangerai pas. (Il sort).

LE RHINOCEROS, dansant. - En votre honneur, mère Catherine, je veux danser un petit pas. (Il danse et sort).

 

SCÈNE  IV

 

CATHERINE, sortant vivement de la maison. - Je n'en veux plus ! Je ne reçois plus. Trop de bêtes et encore de grosses bêtes qui me font mourir de peur ! Babolein ! Babolein !

 

SCÈNE  V

CATHERINE, BABOLEIN.

BABOLEIN. - Me voilà, dame Catherine, me voilà ! Eh bien êtes-vous contente ? Vous en ai-je adressé assez de bêtes ? Avez-vous assez reçu de compliments ?

CATHERINE. - J'en ai reçu trop, mon fils, et je ne demandais pas la visite de tous ces monstres que tu m'as envoyés.

BABOLEIN. - Des monstres ! Excusez ! Les plus beaux animaux de la création.

CATHERINE. - C'est bien possible, mais ce ne sont pas mes animaux à moi, ils ne vivent pas avec moi.

BABOLEIN. - Alors, ces animaux-là , vous ne les aimez point ?

CATHERINE. - Si, je les aime tout de même, mais de loin. Ce ne sont pas ces bêtes-là que je préfère. Vous le savez bien, grand innocent. Est-ce que vous m'avez vu jamais caresser un lion, un ours, un éléphant et embrasser un porc-épic ?

BABOLEIN. - Dame ! J'avais cru bien faire ! Je m'étais dit : Pour la fête de dame Catherine, il n'y a rien qui soit trop beau. Puisqu'elle aime les bêtes, il faut lui amener celles qu'elle ne voit pas d'habitude, ça lui fera plus de plaisir.

CATHERINE. - Tu n'as pas réfléchi que ces bêtes-là ne me connaissent pas plus que je ne les connais moi-même. Elles m'ont bien fait les compliments que tu leur as dictés, mais elles ne m'ont pas paru très convaincues : Le lion me faisait les gros yeux et léchait ses babines ; la panthère semblait prête à bondir sur moi; le cochon me flairait comme si j'étais une truffe ; l'ours ouvrait les bras comme si il allait me faire valser ; l'âne, en dressant ses oreilles, chantait une chanson qui écorchait les miennes ; enfin tous me faisaient plutôt peur que plaisir.

BABOLEIN. - Excusez-moi, madame Catherine, moi, j'avais cru bien faire ; mais je peux encore tout réparer.

CATHERINE. - Non ! Non ! Je te remercie, je ne veux plus voir personne.

BABOLEIN. - Ce n'est pas possible ! Votre fête ne peut pas se passer comme cela... Ils sont là qui attendent le moment de se présenter ; ce sont vos benjamins. Ils comptent bien que vous allez leur faire bon accueil.

CATHERINE. - Allons ! Je veux bien, fais-les entrer.

 

SCÈNE  VI

 

Les mêmes, puis La Vache, Le Mouton, La Chèvre,
Le Chien, Le Chat, entrant tour à tour.

 

BAB0LEIN. - Voilà votre laitière.

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LA VACHE. - Bonjour notre maîtresse, je vous apporte du bon lait, bien crémeux, avec lequel vous pourrez faire d'excellents fromages, j'ai déjeuné ce matin dans une prairie où il y avait beaucoup d'herbes aromatiques et vous verrez que mon lait s'en ressent. Bonne fête, notre maîtresse. (Elle sort).

CATHERINE. - À la bonne heure ! Je la reconnais, ma bonne vache. Je te remercie, je vais te traire tout à l'heure.

BABOLEIN. - Voici votre mouton.

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CATHERINE. - Ah ! mon petit mouton ! Que tu es gentil ! Toi aussi tu veux me fêter ? Pour te récompenser, je te donnerai une petite sonnette que j'attacherai à ton cou avec un ruban bleu, comme cela, si tu te perds dans les champs, on et retrouvera.

BABOLEIN. - Ça vous fait plaisir, hein ? Voici maintenant votre chèvre.

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CATHERINE. - Quoi ! ma chèvre aussi ! Ah ! la petite capricieuse ! Mademoiselle s'est décidée à venir ! Voilà qui est gentil de sa part ! (On entend un chien qui aboie.)

BABOLEIN. - Et celui-là, le reconnaissez-vous ?
 

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CATHERINE. - Mon petit chien ! Viens, mon toutou, viens que je t'embrasse ! Nous sommes tous deux amis, dis ? (Le chien aboie). Oua ! Oua ! Oui, tu me reconnais, tu es content. Tu auras un bonbon tout à l'heure.

BABOLEIN. - Il n'y en a plus qu'un maintenant, devinez lequel !

CATHERINE. - Un moineau, une colombe, une poulette ?

BABOLEIN. - Non, ce n'est pas un oiseau.

CATHERINE. - Un lézard ? Un poisson rouge.

BABOLEIN. - Non ! non ! Ce n'est pas cela.

CATHERINE. - Alors, je donne ma langue au chat.

BABOLEIN. - Précisément ! C'est votre chat. (Le chat fait miaou miaou).

 
 



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