THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

TROISIÈME PRINCESSE. - N'infiftons pas, Prinfe, vamais ve n'épouverai quelqu'un qui ne parle pas comme tout le monde.

(Elle se retourne et sort de l'écran).

NARRATEUR. - On a vu défiler bon nombre de princesses. Certaines semblaient convenir. Mais elles avaient toutes un défaut : aucune n'était une vraie princesse. (On pourra organiser un défilé de princesses).

LE PRINCE. - Si cela continue ainsi, je ne rencontrerai jamais de femme.

LA REINE. - Calme-toi, mon fils, tu en auras une ; souvent le bonheur est devant la porte, on n'a qu'à l'ouvrir.

(On entend frapper à la porte du château).

LE ROI. - Faites entrer !

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PRINCESSE. - Votre majesté, votre altesse, votre altesse royale, je vous prie de bien vouloir excuser mon retard. Je suis une vraie princesse.

LE ROI. - D'où venez-vous donc, mademoiselle ?

PRINCESSE. - Je viens d'un pays lointain. Je suis la fille d'un roi puissant. Lorsque votre lettre est parvenue avec le portrait de votre fils dans le royaume de mon père, j'ai senti naître en moi un grand amour pour ce prince et je suis partie avec l'intention de devenir sa femme.

LA REINE. - Voilà qui me parait un peu étrange, et vous n'avez nullement l'air d'une princesse. Depuis quand une princesse voyage-t-elle sans suite et vêtue d'aussi mauvaise robe ?

PRINCESSE. - La suite n'aurait fait que me retarder, et le Prince aurait pu choisir quelqu'un d'autre à ma place. Quant à la couleur de ma robe, le soleil l'a pâlie et la pluie l'a effacée entièrement. Si vous ne croyez pas que je sois une princesse, envoyez une ambassade à mon père.

LE ROI. - C'est trop d'embarras ; une ambassade ne saurait voyager aussi vite que vous. Il faudrait des années ! Si vous ne pouvez prouver autrement que vous êtes une vraie princesse, vous n'avez rien à faire ici et le mieux sera pour vous de retourner au plus vite dans votre pays.

LA REINE, au Roi. - Laissez-la rester, mon ami, je veux la mettre à l'épreuve, et je saurai très vite si c'est une princesse véritable.

LE ROI, à la princesse. - Très bien, qu'on donne à manger à notre invitée.

PRINCESSE. - Je vous en remercie, votre majesté. (Elle sort).

LE ROI, à la Reine. - Et comment comptez-vous y prendre, ma douce, pour savoir s'il s'agit d'une vraie princesse ?

LA REINE. - C'est mon petit secret, très cher, à demain.

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On supprimera le pot de chambre.
On ajoutera des matelas au fur et à mesure.

 

NARRATEUR. - La Reine monta ensuite elle-même à la tour du château et fit préparer un lit superbe dans un magnifique appartement. Lorsqu'on eut apporté les matelas, elle y mit trois pois, un au pied du lit, un autre au milieu et le troisième au chevet ; puis on ajouta encore six matelas, puis les draps et les édredons. Quand tout fut prêt, la Reine conduisit la jeune fille dans cette chambre.

LA REINE. - Après une si longue marche, vous devez être fatiguée, mon enfant. Dormez bien, demain nous discuterons plus amplement de tout cela.

PRINCESSE. - Je vous remercie infiniment, votre altesse.

     (La lumière s'éteint et se rallume).

NARRATEUR. - À peine faisait-il jour, que la reine monta à la tour où elle croyait la jeune fille plongée dans le plus profond sommeil ; mais celle-ci était tout éveillée.

LA REINE. - Comment avez-vous dormi, ma fille ?

PRINCESSE. - Affreusement mal, votre altesse, je n'ai pas fermé les yeux de la nuit.

LA REINE. - Pourquoi donc, mon enfant ? Le lit n'était-il pas bien fait ?

PRINCESSE. - Jamais de la vie je n'ai couché dans un tel lit ; il était dur de la tête aux pieds, comme si j'avais été couchée sur des pois.

LA REINE. - Seule une véritable princesse pouvait avoir une peau assez délicate pour sentir les pois sous la pile de matelas que j'ai fait mettre sur le lit. Je vois bien que vous êtes une vraie princesse. Je vais vous envoyer une toilette royale, des perles, des pierreries. Parez-vous comme une fiancée. Aujourd'hui même nous célébrerons le mariage qui doit vous unir à mon fils.

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La princesse


     (On pourra faire défiler la noce sur une musique d'ambiance :

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http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/fritz-le-violoneux-3.php
Exemple de défilé de noces

 

RIDEAU
 


     Les ombres sont (à l'exception du lit), tirées d'ouvrages d'Arthur RACKHAM, téléchargeables sur Gallica et faisant partie du domaine public:
     La belle au bois dormant :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56874807
     Cendrillon :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56886555

     Chacun de ces ouvrages contient des silhouettes de princesses pour organiser un défilé.

 
 
 



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