(La scène se passe dans la maison de Lazare.
Les voisins sont là avec Marie et Lazare.)
intérieur de la maison
MARIE. - À cause de l'antique péché, toute la postérité humaine est condamnée à la mort.
Oh ! Maintenant je ne suis que douleur !
Maintenant, mon frère est mort :
Voilà pourquoi je pleure.
Par le fruit défendu, il est certain que la mort a été imposée sur nous.
Oh ! Maintenant je ne suis que douleur !
Maintenant, mon frère est mort :
Voilà pourquoi je pleure.
Je suis devenue une malheureuse et ma sœur, une autre malheureuse, par la mort de notre frère.
Oh ! Maintenant je ne suis que douleur !
Maintenant, mon frère est mort :
Voilà pourquoi je pleure.
Lorsque je pense à toi, Lazare, avec raison je demande la mort.
Oh ! Maintenant je ne suis que douleur !
Maintenant, mon frère est mort :
Voilà pourquoi je pleure.
L'UN DES VOISINS. - Marie, que ces gémissements cessent ! Que ce profond chagrin s'arrête ! De telles lamentations, de tels cris ne sont pas nécessaires.
On n'a jamais vu que, par de telles larmes, les âmes soient revenues dans les corps. Qu'elles cessent donc ces larmes, qui ne servent à rien aux morts. Elles ne diminuent pas notre douleur.
(Marthe entre dans la chambre.)
MARTHE. - Mort exécrable ! Mort détestable ! Mort que je dois pleurer !
Je suis bien trop chétive
Et mon frère est bien mort.
Pourquoi dois-je encore vivre ?
La mort de mon frère, terrible et subite est la cause de mes gémissements.
Je suis bien trop chétive
Et mon frère est bien mort.
Pourquoi dois-je encore vivre ?
Mon frère est mort, je ne refuse pas de mourir et je ne crains pas la mort.
Je suis bien trop chétive
Et mon frère est bien mort.
Pourquoi dois-je encore vivre ?
Depuis que mon frère est mort, je refuse de vivre. Malheur à moi !
Je suis bien trop chétive
Et mon frère est bien mort.
Pourquoi dois-je encore vivre ?
L'UN DES VOISINS. - Arrête de pleurer, Marthe, s'il te plaît ; hélas, nous ne pouvons rien faire par nos pleurs. Il serait bon de persister dans les larmes, si elles pouvaient faire revivre quelqu'un.
Pourquoi ne considères-tu pas qu'en te lamentant, tu n'es en rien utile au mort ? Comment ne vois-tu pas que, par là, tu ne feras pas qu'il vive ? Tu ne fais qu'attiser ta douleur.
(Jésus entre dans la chambre avec ses disciples.)
MARTHE, à Jésus. - Si tu étais venu plus tôt — j'en ai deuil — il n'y aurait pas ici ces gémissements. — Bon frère, je t'ai perdu !
Ce que tu pouvais faire pour le vivant — j'en ai deuil — accorde-le au mort. — Bon frère, je t'ai perdu !
Tu demandes à ton Père ce que tu veux — j'en ai deuil — aussitôt ton Père te l'accorde. — Bon frère, je t'ai perdu !
JÉSUS. - Sèche ces larmes, Marthe. Laisse partir loin de toi ce deuil qui t'oppresse. Ton frère Lazare est mort, c'est vrai ; mais rien n'est impossible à mon Père. Tu vas voir.
MARTHE. - Je crois fermement que mon frère Lazare ressuscitera et vivra et, qu'à la fin des temps, tout homme ressuscitera !
JÉSUS. - Sœur Marthe, ne désespère pas, car, moi, je suis la vie véritable, et quiconque le croira, il vivra en moi.
MOI, JE SUIS LA RÉSURRECTION ET LA VIE.
Et celui qui, vivant, croit en moi, la mort ne l'atteindra pas. Crois-tu, Marthe, qu'il est vrai que tel soit l'ordre des choses ?
MARTHE. - Que tu es le Christ, le Fils de Dieu et que tu es venu pour nous secourir dans notre exil ? moi, je le crois.
(À Marie.)
Jésus est arrivé, très chère sœur Marie. Que le deuil s'arrête et que tes larmes sèchent. Implore-le par une prière humble, pour que la vie revienne à notre frère Lazare.
MARIE. - Par la consolation de qui que ce soit, ma douleur ne pourra jamais être enlevée ; mais je crois que le secours peut m’être apporté par toi, le Fils de Dieu.
Toi donc qui es puissant, toi qui es clément, viens au tombeau. Ressuscite mon frère Lazare, que la mort, due à toute chair, a enlevé si vite. Alors mon cœur pourra continuer à battre par amour et non de désespoir.
JÉSUS. - Je le veux, sœur Marie. Oui, je le veux fortement. Conduis-moi vers l'enseveli, afin qu'il soit rappelé à la vie, celui qui est retenu par la mort.
(Marie devra conduire Jésus au sépulcre.)
QUATRIÈME TABLEAU
sépulcre
(La scène représente le sépulcre. Lazare est allongé, recouvert d'un drap. Ses yeux sont obturés par un cache.)
Lazare
(En articulant les pieds de la civière, ils s'escamoteront lorsqu'on mettra l'ombre debout.)
MARIE. - Ici nous avons déposé Lazare : voici le lieu, Seigneur. Nous demandons qu'il soit ressuscité au nom de ton Père.
JÉSUS, aux voisins. - Voisins, vous avez accompagné et aidé Marthe et Marie dans la douleur. Il me faut vous demander de les aider encore. Enlevez la pierre qui est sur le tombeau, afin que Lazare ressuscite devant tout le peuple.
L'UN DES VOISINS. - Seigneur, ne pense pas que je doute de tes paroles. Cependant, tu ne pourras pas supporter l'odeur du mort, car l'odeur d'un mort de quatre jours est terriblement fétide .
JESUS, regardant le ciel. - Père, glorifie ton Verbe. Je te prie de faire vivre Lazare. Manifeste ainsi ton Fils au monde, Père, à cette heure.
Je n'ai pas dit cela par défiance, mais à cause de la présence de ce peuple, afin que, certains de ta puissance, tous croient à cette heure.
(Jésus parlera à Lazare.)
Lazare, sors de là. Use du don du souffle vital. Par l'autorité de la puissance de mon Père, viens au dehors et jouis de la vie.
(Lazare ressuscite. On retire le cache qui lui obturait la vue. Il se lève.)
Voici qu'il vit. Déliez-le et, délié, laissez-le aller.
(On retire le drap qui recouvrait Lazare.)
LAZARE. - Voici quelles sont les grandeurs de Dieu : vous avez vu celle-là et d'autres. Il a fait le ciel et les mers. La mort tremble à son commandement.
(À Jésus.)
Seigneur Jésus Christ, tu es le Maître ; tu es le Roi ; tu es le Seigneur. Tu effaceras les péchés du monde. Ce que tu ordonnes s'accomplit à l'instant. Ton règne n'aura pas de fin.
(Dans la version de base, il était prévu que si le mystère avait été célébré dans la matinée, Lazare entonnerait TE DEUM LAUDAMUS. Si la cérémonie avait eu lieu le soir, il entonnerait : MAGNIFICAT ANIMA MEA DOMINUM. )