THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

ARLEQUIN. - (Tentant de le retenir). Juste un petit morceau, juste... Trop tard. Décidément, ce n'est pas mon jour.


SCÈNE  VII

Arlequin - le procureur - le capitaine.


LE  PROCUREUR. - (au capitaine) Vous verrez, cher capitaine, la baronne de Ratatouille est une hôtesse charmante.

LE  CAPITAINE. - Croyez-bien, cher procureur, que j'en suis intimement persuadé. (À Arlequin) Monsieur, que faites-vous là à rôder près des maisons des braves gens ?

ARLEQUIN. - Euh ! euh ! je suis là pour... pour...

LE  PROCUREUR. - Qu'importe, que diable ! Entrons, mon cher capitaine.

LE  CAPITAINE. - Bien volontiers, monsieur le procureur !

     (Ils entrent tous les deux chez Madame de Ratatouille).


 

SCÈNE  VIII

Arlequin - Colombine - l'Anglais.

 

COLOMBINE. - Bonsoir, c'est bien vous, monsieur Arlequin ?

ARLEQUIN. - Oui, c'est bien moi. Est-ce bien vous, mademoiselle Colombine ?

COLOMBINE. - Oui, mon cher monsieur Arlequin, c'est bien moi, votre petite Colombine.

ARLEQUIN. - Et que faites-vous ici à cette heure ?

COLOMBINE. - J'accompagne monsieur que voici chez la baronne de Ratatouille. Il est invité à un repas avec le procureur et le capitaine.

ARLEQUIN. - On m'a envoyé ici pour vous prévenir : le repas n'est pas prêt. Si vous le désirez, nous pouvons faire une petite promenade apéritive en calèche, vous et moi, tous seuls... enfin, si vous voulez...

COLOMBINE. - Je veux bien, moi, mais que vais-je pouvoir faire de mon Anglais ?

ARLEQUIN. - Je m'occupe de tout, mademoiselle Colombine. (à l'anglais, en montrant la maison de madame de Ratatouille)  Mister, you can go to eat here !

L'ANGLAIS. - Thank you, man, thank you. (Il sort chez madame de Ratatouille).


SCÈNE  IX

Arlequin - Colombine - le coche.

 


ARLEQUIN. - Cocher ! en route !

      (Le cocher arrive avec son coche).

ARLEQUIN. - Donnez-moi la main, chère Colombine, nous allons faire le tour de Paris !

COLOMBINE. - Est-ce bien raisonnable, monsieur Arlequin ? C'est que je suis promise au capitaine...

ARLEQUIN. - La belle affaire ! Une promesse comme celle-là ne vaut rien : fiancée à un homme qui va dîner sans vous ! Ne réfléchissez pas, partons sur mon tapis volant !

COLOMBINE. - Qu'est-ce que vous parlez trop bien, monsieur Arlequin, je vois bien que vous êtes un enjoleux. Comment pourrais-je vous résister, moi, une simple jeune fille ?

     (Ils montent dans le coche. À partir de cet instant, le coche passera et passera encore sur l'écran. On entendra juste les voix d'Arlequin et de Colombine).


 

SCÈNE  X

Les voix d'Arlequin et de Colombine.



premier passage
 

COLOMBINE. - Monsieur Arlequin, voyons... Vous m'aviez promis de rester sage !

ARLEQUIN. - Vous vous méprenez sur mes intention, jolie Colombine.

 

deuxième passage


COLOMBINE. - Mais, monsieur Arlequin, je ne vous permets pas !...

ARLEQUIN. - Ce n'est rien, chère Colombine, ce n'est rien...

 

troisième passage


COLOMBINE. - Vous allez me rendre folle, monsieur Arlequin !

ARLEQUIN. - Mais non, mais non, tendre Colombine.

     (On pourra improviser d'autres dialogues  et d'autres passages en faisant passer le coche en gardant à l'esprit qu'ils pourront être coquins mais de bonne tenue).


 

SCÈNE  XI

Le procureur - le capitaine - l'anglais - le coche.


LE  PROCUREUR. - Après une telle soirée, je vous propose de venir prendre un verre de liqueur dans mes appartements. (à l'anglais)  Drink a scotch whisky ?

L'ANGLAIS. - Yes ! Yes !

LE  CAPITAINE. - Bien, voici un coche. Cocher ! Holà, cocher !

LE  COCHER. - (arrêtant son coche) Qu'y a-t-il pour votre service, monsieur ?

LE  PROCUREUR. - Pourriez-vous nous emmener au vingt de la rue Rouletabille, mon brave ?


LE  COCHER. - Bien sûr, une minute, s'il vous plaît ! (criant) Tout le monde desdend !

 

SCÈNE  XII

Les mêmes - Arlequin - Colombine.



     (Arlequin descend avec Colombine).

LE  CAPITAINE. - Colombine !? Mais que faites-vous en compagnie de cet homme ?

COLOMBINE. - Mon cher capitaine, je viens juste de le rencontrer et il s'est proposé de m'offrir à dîner.

LE  CAPITAINE. - À dîner ? Et qu'avez-vous mangé, très chère ?

COLOMBINE. - Nous venons à peine de terminer l'apéritif...

LE  CAPITAINE. - Et bien, vous finirez la soirée avec moi !

COLOMBINE. - Ce sera un plaisir, comme toujours, mon cher capitaine.

     (Le juge, le capitaine, l'anglais et Colombine montent dans le coche).

LE  COCHER. - Monsieur Arlequin, qui va me payer la course ?

ARLEQUIN. - Demandez au capitaine, je suis sûr qu'il s'en fera un plaisir ! Bonsoir !

     (Le coche s'en va).

ARLEQUIN. - Mon Dieu, quelle soirée. Qu'est-ce que j'ai faim. C'est égal, je ne suis pas prêt de l'oublier, mon Dîner d'Arlequin.

 

(FIN)
 


     Une telle pièce semble avoir été écrite par le théâtre Séraphin. Comme je ne l'ai pas en ma possession, ceci est ma version de l'histoire, élaborée à partir de la planches d'ombres chinoises de l'imagerie de Metz -en début de page- consultable sur le site des arts de la marionnette.












 

 
 



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