THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LE ROI DE THULÉ
 

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Légende du Nord en dix chants

Musique de Jean Fragerolle

Poème de Desveaux Vérité


Dessins de P. Boissart

 

1909

 

Domaine public.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502319m.r=Le+Roi+de+Thul%C3%A9%2C+l%C3%A9gende+du+Nord+en+10+chants.langEN


PERMIER  TABLEAU
 

LE PALAIS DES ONDINES

 

C'est un récit du bon vieux temps
Où l'on voyait des rois épouser des bergères.

C'est alors que les océans
Étaient le paradis des ondines légères.

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C'est un récit du bon vieux temps.
Or donc, la reine des ondines
Dans son palais tenait sa cour quand
Une d'elles dit :
« Loin des vagues marines,
Je veux aller faire séjour.
Permettez donc, ô belle reine,
Que j'aille au pays des humaines ;
Dans la forêt et dans la plaine
Je veux parcourir leurs chemins. »
La reine répondit :

« Adieu donc belle ondine !
Pour offrande divine,
Prends cette coupe d'or,
Qu'elle te soit prospère
Et laisse que j'espère
De te revoir encor. »

 

DEUXIÈME  TABLEAU
 

LA CHANSON DU PÊCHEUR


Alors, la vague qui chemine
Porta l’aventureuse ondine
En l'île de Thulé, dans l'océan du Nord
Et là, la vierge sans défense
Prêtait l'oreille à la romance
.

Lorsque la nuit déjà lointaine

Éteint son dernier diamant,
Il faut sur la mer incertaine
Que je m'en aille au gué du vent.

Mais quand l'orient illumine

Les flots profonds, les flots amers,
Réponds, n'es-tu pas une ondine,
Toi qui parais au bord des mers ?


 

TROISIÈME  TABLEAU
 

VERS THULÉ


La nuit est revenue avec la douce brise ;
Mais l'ondine à son tour du pêcheur est éprise,
Et debout près de lui, sous le ciel constellé,
Tel est son chant d'amour en voguant vers Thulé :

« Je ne possède rien que cette coupe au monde ;
Des trésors de la terre et de la mer profonde
Elle seule est à moi,
J'ignore la vertu qui peut être la sienne,
Mais mon plus cher désir est qu'elle t'appartienne
Et tu seras mon roi. »

 

QUATRIÈME  TABLEAU
 

LES ÉPOUSAILLES


Rêve exaucé ! Ton chanteur
Dans l'île de Thulé portait le diadème ;
C'est afin d'être aimé pour lui-même
Qu'il avait revêtu les habits d'un pêcheur.


Vous allez sans retard unir vos destinées,
Et peuple et courtisans
Vous offrent les présents
Dont ils veulent doter votre hyménée.

Le héros d'armes va devant
Sur son destrier paradant
Que font piaffer les sonneries
Et le glaive et les javelines
.

Puis les fillettes en essaim
Portant des dentelles de lin,
Des broderies ;

C'est le rouet et le fuseau
Qui, comme il sied, sont le cadeau
Des ménagères des chaumières.
En ce coffret tout ciselé
Dames d'atours ont rassemblé
Les perles fines.

Les pages lèvent fièrement

Aiguières, flambeaux d'argent
Tout enguirlandés de verveine ;
Le dais est le don des seigneurs
L'on entendrait battre leurs cœurs.

Voici la reine,
L'écuyer fait briller encor
Le casque et les éperons d'or

Et le glaive et les javelines

Et martial, le sénéchal
Promène l'étendard royal
Semé d'hermines.

Le Majordome et l'échanson

Majestueux à l'unisson
Avancent leur panse replète.

L'un conduit un agneau dolent,
L'autre offre un broc du vin de l'an
De la comète.

Mais les valets de meute alors,
Sonnant leurs trompes et leurs cors,

Mêlent leur fanfare au cortège ;
Le grand veneur paraît bientôt,

Le poing coiffé du blanc gerfaut
Pris en Norvège.

Et seul, ému, toujours courtois,

Tenant la coupe dans ses doigts.
À son tour, le roi se révèle .

Lui seul a droit de la porter.
Afin de boire à la santé
De la plus belle.


CINQUIÈME  TABLEAU
 

LES ONDINES


Les ondines au loin sur la vague rieuse
Chantaient en admirant le sacre solennel :
« Que longtemps elle vive et qu'elle vive heureuse,
Notre sœur qui combla les désirs d'un mortel. »

 

SIXIÈME  TABLEAU
 

LA VIEILLESSE


Tu vieilliras ondine, et le destin l'exige.
En quittant ton palais,
Tu renonças dès lors au glorieux prestige
Des immortels attraits.
Oui, tu pouvais là-bas, indéfiniment belle,

Et vivant sans amour,
Mirer dans l'océan
Ta fraîcheur éternelle,
Être jeune toujours.
Tu préféras la vie où l'on va deux ensemble
En n'ayant qu'un seul cœur ;
Tu sauras que vieillir près de l'époux qui tremble,

C'est encor le bonheur.

 

SEPTIÈME  TABLEAU
 

L'ÂGE D'OR


Sous ce règne heureux, c'est alors que tes grèves,
Belle île de Thulé,
Voient s'accomplir les rêves
Que l'homme a poursuivis et poursuivra toujours.
Couronne-toi de fleurs sous tes vertes charmilles,
Contemple ton bonheur dans tes fils et tes filles,
Récolte largement le fruit de tes labours !
Et sans crainte ouvre au vent les voiles de tes barques,

Sonne tes carillons et bénis tes montagnes
Dans l'amour de tes nuits, au soleil de tes jours.




 

 
 



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