IX. Messaline aux catacombes.
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« Je veux voir les chrétiens, » dit-elle à Silius
Et tous deux vont aux catacombes
Où règnent le silence et la fraîcheur des tombes.
Les disciples du Christ chantent un orémus.
« Jésus, de ton Père éternel,
Implore pour nous la clémence.
En toi seul est notre espérance,
Et toi seul qui, par ta souffrance,
As trouvé le chemin du ciel. »
Mais on la reconnaît :
« Va-t-en, fille impudique !
Hors d'ici la tigresse
Aux entrailles de feu !
Poursuis ailleurs ta honte
Et tes amours publiques !
- Chrétiens ! Vous paierez cher l'amour de votre Dieu ! »
X. Le supplice des chrétiens.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k386148w/f35.image.r=messaline%20gabriel%20de%20montoya
Messaline a tenu son horrible promesse.
Sur chaque colline se dresse
Le croix qui symbolise un culte méconnu.
Mais la foi des chrétiens grandit par le supplice,
Et tous, se souvenant du divin sacrifice,
Offrent au bourreau leur sein nu.
(Parlé) Leurs voix, se confondant au vaste cantique,
S’élèvent en un chœur mystique
Qui doit être doux au Seigneur
Et l'Impératrice étonnée,
Du fond de son âme damnée,
Insulte au nom du Rédempteur.
XI. Le départ de Claude pour Ostie.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k386148w/f39.image.r=messaline%20gabriel%20de%20montoya
Pour recevoir les grains d'Afrique,
Claude, en grande pompe est parti,
Suivi de nombreux domestiques,
Race vile au cœur perverti.
Vers Ostie, aux bouches du Tibre,
Le cortège avance en chantant
Et Messaline seule à Rome en cet instant,
D'un geste qui traduit son orgueil insultant,
Dicte sa volonté d'Impératrice libre.
XII. L'orgie.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k386148w/f43.image.r=messaline%20gabriel%20de%20montoya
Un cri d'amour jaillit vers son triomphateur :
« Silius, mon amant, je te veux empereur ! »
À cette même nuit, Messaline convie
Tous ceux que la débauche a fait ses partisans
Et l'on peut voir, avec de pareils courtisans,
Le règne de l'amour préluder par l'orgie.
XIIbis. L'impératrice nue.
Une étrange surprise attend les invités :
Sur un pavois d'hermine et tous voiles ôtés,
Messaline se montre nue.
Son jeune sein palpite à l'appel du plaisir,
Un murmure trahit plus d'un secret désir.
« De l'Olympe descendue,
Aphrodite est parmi nous.
Mortels, pliez les genoux,
Adorez sa beauté nue.
Que vos yeux émerveillés
Longtemps gardent la mémoire
D'avoir connu, dans leur gloire,
Tant de trésors révélés.
Mortels, pliez les genoux,
Aphrodite est parmi nous. »
XIII. Au Forum.
« Au Forum ! Au Forum ! Dit-elle à Silius,
C'est moi qui veux t’offrir l'Empire.
Que le peuple à ma voix dépose Claudius !
Le trône à qui sut me séduire ! »
Et Silius, touché d'un si noble destin,
S'abandonne à la voix qui flatte sa chimère
Et pressé de vêtir une pourpre éphémère,
Il étreint son amante et songe au lendemain.
XIV. Le retour de Claude.
(Parlé) Mais voici Claude et ses licteurs,
Tous heureux de montrer leur zèle.
Le troupeau des conspirateurs
Se dissipe au vent, pêle-mêle,
Et Messaline et son amant,
Autour d'eux n'ont plus seulement
Un ami demeuré fidèle.
XIVbis. La poursuite.
On la guette, on la suit dans son appartement
Et déjà la sombre milice
Des assassins se rue avec acharnement
Sur les pas de l'Impératrice
Mais elle a prévenu la mort.
XV. L'expiation d'amour.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k386148w/f47.image.r=messaline%20gabriel%20de%20montoya
« Ô volupté, divin trésor,
Tu me laisses inassouvie.
Je meurs sans avoir apaisé
La soif ardente du baiser
Dont le feu dévora ma vie.
Ô volupté, divin trésor,
Je meurs, sans avoir apaisé
La soif ardente du baiser
Dont le feu dévora ma vie. »
XVI. L'incendie de Rome.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k386148w/f51.image.r=messaline%20gabriel%20de%20montoya
Une lueur immense embrase l'horizon,
Le palais des César flambe comme un tison.
Qui donc alluma l'incendie ?
Qui donc ?... Les favoris déçus dans leur espoir
De voir monter l'épouse adultère au pouvoir
Et de dominer sa folie
Et dans le flot ardent qui vole vers les cieux,
Une clameur grandit et pleure,
Appelant Messaline,
Et c'est la voix de ceux
Qui furent ses amants d'une heure.
XVII. Les imprécations.
Entends nos cris désespérés,
Vois nos mains qui vers toi se tendent,
Regarde nos bouches qui mordent,
Contemple nos traits altérés.
Ceux qui charmait ta vois câline,
Ceux que ton baiser rendait fous,
Vers toi se traînaient à genoux,
Implorant ton nom : Messaline.
FIN