THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

TABLEAU N° 8 : CHEZ LA SOURIS DES CHAMPS

 

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POUCETTE, entrant par un côté. - Bonjour, madame. Veuillez excuser mon audace, mais n'auriez-vous pas un grain d’orge à me donner ? Je n'au rien mangé depuis deux jours.

SOURICETTE. - Pauvre petite ! Viens manger avec moi dans ma chambre ; il y fait chaud. (Poucette entre près de la souris). Je te permets de passer l’hiver ici ; mais à condition que tu tiennes ma chambre bien propre, et que tu me racontes quelques jolies histoires ; je les adore.

POUCETTE. - D'accord, madame...

SOURICETTE. - Voyons, ne m'appelle pas madame... Non, appelle-moi Tantine, je préfère. Et toi, quel est ton petit nom ?

POUCETTE. - Je m'appelle Poucette... ma... ma... Tantine !

SOURICETTE. - Aide-moi à faire le ménage. Nous allons recevoir une visite ; mon voisin a l’habitude de venir me voir une fois par semaine. Il est encore bien plus à son aise que moi ; il a de grands salons et porte une magnifique pelisse de velours. S’il voulait t’épouser, tu serais bien heureuse, car il n’y voit goutte. Raconte-lui tes plus belles histoires.


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TAUPE, entrant. - Bonjour, Voisine.

SOURICETTE. - Bonjour, maître Taupe. Laissez-moi vous présenter ma nièce, Poucette.

POUCETTE. - Bonjour, maître Taupe.

TAUPE. - Que sait-elle faire, votre nièce, voisine ?

POUCETTE. - Je sais chanter, maître Taupe. (Elle chante sur l'air à peu près de « Quand trois poules vont au champ »).
Trois oiseaux s'en vont chantant,
Trois oiseaux s'en vont chantant.
Ils s'envolent dans le vent,
Ils s'envolent dans le vent.

Dehors, brille le soleil,
Oui, c'est une vraie merveille.
Trois oiseaux s'en vont chantant,
Ils s'envolent dans le vent.

TAUPE. - Quelle belle voix vous avez, mon enfant. Mais si je peux vous donner un conseil, c'est de mieux choisir vos chansons. Les oiseaux, on s'en fiche. Le soleil ? Quelle affaire ! Chantez-moi mes greniers à blé, l'or dans mes coffrets, mes immenses propriétés. Chantez-moi moi, une magnifique taupe dans la force de l'âge... (Se radoucissant). Laissez-moi vous faire visiter mon domaine...

SOURICETTE. - Ce sera avec joie, maître Taupe.

TAUPE. - Ne vous effrayez pas de l'oiseau mort qui se trouve sur le passage, et qu’on y a enterré au commencement de l’hiver.

     (Poucette, Souricette et maître Taupe sortent. La lumière s'éteint et se rallume. Changement de décor : dans la galerie. On aperçoit Poucette qui s'occupe d'une hirondelle allongée sur le sol).


 

TABLEAU N° 9 : AVEC L'HIRONDELLE


POUCETTE. - Pauvre petit oiseau, que je te plains !

HIRONDELLE. - Ne me plains pas, Poucette, j'ai beaucoup de chance, au contraire, puisque tu m'as soignée. Tu m'as nourrie et abreuvée. Tu m'as raconté des histoires, tu m'as chanté des chansons. Maintenant, je peux partir, m'envoler... Viens avec moi !

POUCETTE. - Je ne peux pas, jolie hirondelle, je ne peux pas. La souris des champs a besoin de moi.

HIRONDELLE. - Adieu donc, adieu, jolie petite fille. Quivit ! quivit ! (L'hirondelle s'envole et sort par le haut de l'écran).


 

TABLEAU N° 10 : LES FIANÇAILLES.


     (Changement de décor : de nouveau chez la souris des champs).

SOURICETTE. - Poucette, Poucette, c'est merveilleux : maître Taupe vient de me demander ta main. J'ai tout de suite accepté, tu penses bien. Cet été, tu travailleras à ton trousseau : tu prépareras le linge de maison ainsi que de beaux habits pour toi. Pour épouser la taupe, il faut que tu sois convenablement pourvue de vêtements et de linge.

POUCETTE. - Mais...

SOURICETTE. - Allons, au travail ! J'ai engagé quatre araignées pour fabriquer le fil. Tu tisseras, ma belle, tu tisseras ! La noce est prévue pour le début de l'automne.

NARRATEUR. - Et Poucette tissa, tissa, tissa.

POUCETTE. - Tantine, je viens de finir la dernière pièce de mon trousseau.

SOURICETTE. - C'est bien, Poucette. Dans quatre semaines : la noce !

POUCETTE. - Mais, Tantine, je n'aime pas maître Taupe.

SOURICETTE. - Aimer ? Quelle bêtise ! Tout ça de la part d'une jeune fille qui a failli mourir de faim ! Ne sois pas entêtée, ou je te mordrai de ma dent blanche. Tu devrais t’estimer bien heureuse d’épouser un aussi bel homme, qui porte une pelisse de velours noir dont la reine elle-même n’a pas la pareille. Tu devrais remercier le bon Dieu de trouver une cuisine et une cave si bien garnies.

NARRATEUR. - Le jour de la noce arriva.

POUCETTE. - Tantine, j'aimerais aller dire au revoir au soleil...

SOURICETTE. - Au revoir au soleil ? Qu'elle idée ! Enfin, si ça peut te faire plaisir...

POUCETTE; - Merci, Tantine, merci, je reviens tout de suite. (Elle sort).

TAUPE, entrant. - Allons, vite, le notaire est prêt. Il ne reste plus qu'à signer le contrat... Mais, Voisine, où est ma fiancée ?


SOURICETTE. - Elle arrive. Elle est sortie quelques instants pour dire adieu au soleil.

TAUPE. - Dire adieu au soleil ? Quelle bêtise ! Enfin, attendons-la.


 

TABLEAU N° 10 : NOUVELLE FUITE


     (La lumière s'éteint et se rallume. Poucette est au milieu de fleurs).

POUCETTE. - Adieu, beau soleil ! Adieu puisque je suis condamnée à vivre désormais sous la terre. (S'approchant d'une fleur). Jolie petite fleur, si jamais tu vois l’hirondelle, tu la salueras de ma part.

HIRONDELLE, se posant près de Poucette. - Quivit ! quivit ! Tu peux me saluer toi-même !

POUCETTE, se jetant au cou de l'hirondelle. - Enfin, tu es là, je vais pouvoir te dire adieu.

HIRONDELLE. - Adieu ? Et pourquoi donc ?

POUCETTE. - Je dois épouser la vilaine taupe qui reste sous la terre, où le soleil ne rentre jamais.

HIRONDELLE. - Comment ? Ne plus jamais voir le soleil ? Mais c'est affreux. Écoute, l’hiver arrive, je retourne dans les pays chauds ; veux-tu me suivre ? Tu monteras sur mon dos, et tu t’y attacheras avec ta ceinture. Nous fuirons loin de ta vilaine taupe et de sa demeure obscure, bien loin au delà des montagnes, où le soleil brille encore plus beau qu’ici, où l’été et les fleurs sont éternels. Viens donc avec moi, chère petite fille, toi qui m’as sauvé la vie lorsque je gisais dans le sombre corridor, à moitié morte de froid.

POUCETTE. - Oui, je te suivrai !

     (Poucette s’assoit sur le dos de l’oiseau et s'envole avec lui).


 

TABLEAU N° 11 : AU PAYS DES FLEURS


     (La lumière s'éteint et se rallume. Nouveau décor : un jardin. On pourr a garder les fleurs du tableau précédent mais dans une autre disposition).

HIRONDELLE, se posant avec Poucette. - Voici ta demeure, Poucette. Choisis toi-même une des plus belles fleurs : ce sera ta maison. Quant à moi, j'habiterai à côté, dans un nid en hauteur.

POUCETTE, sautant de joie. - Quel bonheur ! Quel bonheur ! Merci, mon amie !

     (L'hirondelle s'envole et quitte l'écran. Un petit homme avec des ailes et une couronne s'approche d'elle).

GÉNIE. - Bonjour, je suis le génie des fleurs. Qui es-tu ? Comment t'appelles-tu ?

POUCETTE. - Je m'appelle Poucette. Je suis une petite fille comme les autres... (à part) Qu'il est beau !

GÉNIE. - Veux-tu devenir ma femme ?

POUCETTE. - Mais bien sûr, tout de suite ! Sans attendre !

GÉNIE. - Alors, tu deviendras la reine des fleurs. Nous habiterons dans une rose éternelle. Permets-moi de te donner des ailes... (On change l'ombre de poucette avec celle qui porte des ailes et une couronne). Désormais, tu ne t’appelleras plus Poucette, ce nom est vilain, et toi tu es belle, belle comme doit l’être la reine des fleurs. Désormais, nous t’appellerons Maïa.

     (On voit des petites personnes avec des ailes s'approcher du couple royal).

     (On pourra intégrer un ballet de papillons au milieu duquel Poucette et le génie viendront danser).

 


FIN


      La pièce a été écrite à partir du texte consultable sur Gallica :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6566537p.r=andersen+david+soldi.langFR

     Voici une planche d'ombres trouvée sur le web : 

 Poucette, conte en ombres chinoises, theatre d`ombres, silhouettes, marionnettes
http://urlz.fr/7To5
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