THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

QUINZIÈME TABLEAU

LA ROUE MIRACULEUSEMENT BRISÉE

Ô peuple accours, ma voix t'appelle,
La roue est prête et la rebelle
Dont les propos injurieux
Osèrent braver ma puissance
Ne sera plus, par ma vengeance,
Que des débris de chair affreux.
Oui, désormais ainsi périsse
Dans un misérable supplice
Quiconque méprisera nos dieux !

Mais tout à coup un grand miracle
Aux yeux avides de spectacle
Un ange apparaît dans les cieux.
L'horrible instrument d'épouvante
Qu'il brise de sa main puissante
Se fracasse en morceaux nombreux
Et les débris de la machine,
Tout en épargnant Catherine,
Frappent les païens furieux.
 
SEIZIÈME TABLEAU

MARTYRE DE L’IMPÉRATRICE FAUSTINE

Quel bruit soudain s'étend et monte ?
L'impératrice, quelle honte !
Est, dit-on, chrétienne à son tour.
Catherine, par son exemple,
Arracha Faustine à son temple
Pour la donner au Dieu d'amour.
Faustine, la princesse, à l'instant enchaînée
Comme une vile esclave, au supplice est traînée.
La pince des bourreau met en lambeaux sa chair
Et sa tête enfin tombe en roulant sous le fer.

 
DIX-SEPTIÈME TABLEAU

MARTYRE DE PROPHYRE ET DE SES CHEVALIERS

Ce n'est pas tout encor.
Au cours de la nuit sombre,
Les restes de Faustine ont disparu dans l'ombre
Par la main des chrétiens sans doute ensevelis.
« Qu'on trouve le coupable et qu'on m'en donne avis. »
« Le voici », dit Prophyre. Et le vieux capitaine,
Sachant que c'est pour lui la mort prompte et certaine,
S'avance près du trône avec ses chevaliers.
« Tous sont chrétiens, dit-il, et tous leurs officiers. »
Le tyran sur la jour a reçu cette injure.
« Ceux-là du moins, dit-il, mourront sans sépulture.
Qu'ils soient décapités et que pour seuls tombeaux
Ils aient le ventre impur des chiens et des corbeaux. »


DIX-HUITIÈME TABLEAU

CATHERINE EST DÉCAPITÉE

Or, dès le lendemain, le monarque barbare
Ordonne d'amener Catherine à sa barre ;
« Décide de ton sort, lui dit-il et renonce à tes erreurs funestes. »
« Mon bien aimé m'attend dans les parvis célestes,
Je ne crains pas la mort. »
Quelques instants plus tard, comme pour une fête,
Au glaive du bourreau la sainte offre sa tête,
Cependant qu'une voix proclame dans le ciel :
« J'attends ma bien aimée, j'attends ma bien aimée au séjour éternel

 
DIX-NEUVIÈME TABLEAU

CATHERINE AU SINAÏ

Si l'âme est enlevée, il faut que le corps même
Puisse échapper aux dévorants vautours.
Le Seigneur a pris soin de la vierge qui l'aime
Et qui lui consacra ses jours.

Au Sinaï lointain où Moïse repose
Un chœur de chérubins, sainte, t'emportera
Ta dépouille mortelle, aimable et pure chose,
Jusqu'à la fin du monde ici bas dormira.

 
VINGTIÈME TABLEAU

APOTHÉOSE

Vierge martyre, ô vaillante patronne
Du haut du ciel, veille sur tes enfants
Et fais qu'un jour descende une couronne
Sur leurs fronts triomphants.
 
FIN
 
 



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