THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

CAPITAINE. - Bon sang de bois ! Je n'ai jamais vu une tête de mule comme toi !... Bon d'accord, je veux bien attendre un an.

PÈRE. - Dans un an, elle sera encore trop jeune...

 
CAPITAINE. - ...Très bien, très bien. Je vais vous faire parvenir un sac d'or et elle passera une année à l'école des filles. Comme ça, elle ne perdra pas son temps à vendre des pommes. J'y ajouterai un sac de plus pour qu'elle n'ait plus besoin de travailler pour vous nourrir.

PÈRE. - Monsieur, je suis votre obligé.

CAPITAINE. - Au revoir, je vais reprendre la mer pour un an. À l'année prochaine, ma chérie. À l'année prochaine, beau papa (Il sort).
Le père de Liseline
 
PÈRE. -  Que penses-tu de tout ça, ma fille ?

LISELINE. - (enchantée) Je suis heureuse, papa, très heureuse. Un aussi bel homme... Tu as vu comme il me voulait ?

PÈRE. - Bon, si cet homme te plaît... on verra...

 
(La lumière s'éteint.)

 
L'ÉCOLE  DES  FILLES

Décors : une maison, un moulin.

maison décor en ombre chinoise théâtre d`ombres silhouette marionnette
 


NARRATEUR. - (On verra Liseline passer et repasser sur l'écran avec des accessoires). Pendant un an, Liselise apprit des tas de choses utiles à l'école des filles : faire la cuisine (On verra passer une casserole), faire de la couture (On verra passer une chaussette), s'occuper de la maison (On verra passer un balai) et j'en passe. À la fin de l'année, elle en savait plus que ses professeurs.

 
(La lumière s'éteint.)

CHEZ  LE  BEAU  PÈRE  2

(Décor : un miroir, une cheminée)

    
(Le père et Liseline sont déjà dans la maison.)
 
CAPITAINE. - (Il entre). Bonjour, beau-papa. Je suis de retour. Demain, on fait la noce.

PÈRE. - Taratata, mon capitaine. Ni hier, ni aujourd'hui, ni demain. Elle est encore trop jeune.

CAPITAINE. - Comment ? Tu m'as déjà fait poireauter pendant un an. Ne crois pas que tu vas me faire attendre une année de plus...


PÈRE. - Mais non, mais non, elle était trop jeune, elle est trop jeune, elle sera trop jeune. Nous attendrons sagement qu'elle ait dix-huit ans.

CAPITAINE. - Non mais, ce n'est pas possible. Je vais devoir épouser une orpheline. Je vais te massacrer, brave homme, t'écrabouiller, te déventripailler, te désencorpusquer, te... te...


PÈRE. - Mais non, mais non, il ne faut pas vous mettre dans des états pareils. Vous allez nous faire une attaque à vous énerver comme ça.

CAPITAINE. - Alors, comme ça, je m'énerve ? Eh bien, réponds à cette question : vas-tu me donner ta fille en mariage oui ou non ?


PÈRE. - Non.

CAPITAINE. - Comment ? J'ai mal entendu ?


PÈRE. - Vous avez très bien entendu : j'ai dit non.

CAPITAINE. - Bon c'est d'accord, espèce de vieille bourrique. Tu es encore plus cabochard que moi. Je vais te faire parvenir deux sacs d'or : un pour toi, l'autre pour envoyer ta fille à l'école des garçons. Tant qu'à faire, qu'elle apprenne quelque chose en attendant l'année prochaine... (Il sort).

 
(La lumière s'éteint).
 
 
L'ÉCOLE  DES  GARCONS

Décors : une maison, un moulin,
inversés par rapport à l'école des filles.



cheval

 
NARRATEUR. - (On verra passer Liseline avec des armes, un cheval, un guerrier... en fonction des situations).

 

épée


     Pendant une année entière, Liseline apprit toutes les choses qu'un garçon devait savoir : tirer au pistolet, se battre à l'épée, faire du cheval, combattre à mains nues... tant et si bien qu'à la fin, elle en savait plus que ses professeurs.

 
bras avec un pistolet -à placer sur Liseline.
 
LE  MARIAGE

 
Décors : la ville

Liseline en robe de mariée

 
NARRATEUR. - (On verra passer le Capitaine, Liseline en robe de mariée et son père). Et le mariage s'est fait, simplement. Il y a eu une grande fête dans tout le village, mais ça ne nous concerne pas. (Liseline revient) Quant à Liseline, elle s'amusa à inventer une petite chanson :
 
(sur l'air de "Ah, vous dirais-je maman")
 
Il m'a mis la bague au doigt,
Une bagu' rien que pour moi.
On aura des beaux bébés,
Bien joufflus et tout pot'lés.

Un anneau il m'a passé
Pour toujours, je l'aimerai.

(Liselise sort, le Capitaine entre, puis le marquis
qui l'aborde
.)


 

 
Marquis

 
CAPITAINE. - Bonjour, voisin.

MARQUIS. - Bonjour, Capitaine, bonjour. Et je dois vous remercier...

CAPITAINE. - Me remercier ? Et pourquoi ?

MARQUIS. - Voyons, vous venez d'épouser une jeune fille. Je l'ai vue, elle est belle comme le jour...

CAPITAINE. - Et alors ?

MARQUIS. - Vous allez partir sur votre bateau pendant un an. Comment voulez-vous que votre femme ne tombe pas amoureuse de moi pendant votre absence, je suis si beau, si instruit, si raffiné, si...
 
CAPITAINE. - Ma femme est amoureuse de moi, que de moi. C'est compris ?

MARQUIS. - Allons, Capitaine, ne vous fâchez pas. Mais si vous êtes si sûr de vous, je vous parie que lorsque vous reviendrez, je vous donnerai la bague de mariage de votre femme et des informations sur elle que je n'aurai pu obtenir qu'en la voyant toute nue. Je parie mon château et mes terres.

CAPITAINE. - Pari tenu, Marquis.

MARQUIS. - Eh bien, Capitaine, je vous souhaite le bonjour. (Il sort).
 
 



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