LE DRAGON VERT
Il s'agit d'un conte populaire recueilli par Henri Pourrat et que j'avais lu dans un livre de poche : Les Contes du Vieux Vieux Temps.
L'histoire parle d'une jeune fille qui va devenir dragon vert (un soldat d'élite) pour retrouver son mari.
Je n'ai plus le livre en ma possession et la présente saynète est donc construite à partir des souvenirs que j'en ai gardés.
Les ombres sont libres de droits.
LE DRAGON VERT
LA TEMPÊTE
décor de gauche : la cascade Décors : à gauche, une cascade ; à droite, une vague ; une vague amovible viendra attaquer le bateau.
ombre du bateau
Ombres : un bateau, une vague NARRATEUR. - Sur la mer immense, une tempête fait rage, une de ces tempêtes qui peut briser un grand navire comme une coquille de noix. Là, au milieu des vagues immenses, un bateau pirate lutte contre la tempête. On entend les cris de son capitaine.
décor de droite : vague
CAPITAINE. - Je jure, si la tempête se calme, de ne plus jamais tuer personne.
NARRATEUR. - La tempête redoubla de violence.
CAPITAINE. - Je jure, si la tempête se calme, d'épouser la première fille que je verrai dans mon village.
NARRATEUR. - Et la tempête se calma immédiatement.
vague amovible
RIDEAU
AU VILLAGE Capitaine
Décors : des maisons.
CAPITAINE. - (à part) Ah ! Que c'est bon d'être de retour chez soi. Mais... que vois-je ? Une jeune fille ? J'ai juré que j'épouserai la première fille que je rencontrerai en rentrant dans mon village. (à la jeune fille) Holà, mignonne, viens voir un peu par ici. Quel est ton joli nom, la belle ?
LISELINE. - Monsieur, je m'appelle Liseline. je vends de belles pommes rouges. Voudriez-vous m'acheter une de mes pommes ?
CAPITAINE. - Une pomme, deux pommes, cent pommes ? Pardi, je te prends tout ton panier. Mais, dis-moi, où habites-tu, la belle ?
LISELINE. - Monsieur, la maison de mon père est sur la falaise, il n'y en a qu'une.
CAPITAINE. - Eh bien la belle, tu diras à ton père que ce soir, sans manquer, j'irai lui parler.
LISELINE. - Il en sera fait selon vos désirs, Monsieur, j'avertirai mon père.
CAPITAINE. - Alors, à ce soir, ma jolie. (Il sort, la jeune fille sort de son côté).
(La lumière s'éteint.)
jeune fille - Liseline
CHEZ LE BEAU - PÈRE
Décors : un miroir, une cheminée
cheminée tirée d'une planche d'ombres du domaine public miroir tiré d'une planche d'ombres du domaine public (Le père et sa fille sont déjà dans la maison).
CAPITAINE. - (Il entre). Holà, brave homme, je vous souhaite le bonsoir.
PÈRE. - Bien le bonsoir, Monsieur, bien le bonsoir.
CAPITAINE. - Brave homme, nous devons parler. Immédiatement.
PÈRE. - Eh bien, Monsieur, je vous écoute. Est-ce que cela concerne ma fille ?
CAPITAINE. - Tout à fait, brave homme, tout à fait. Sors la belle vaisselle, invite ta famille et tes voisins. Dans une semaine, j'épouse ta fille.
PÈRE. - Non mais, ça ne va pas bien dans votre tête ! Si ma fille s'en va, qui va me faire la soupe, aller gagner un peu d'argent pour la maison ? Je ne gagne pas assez tout seul. De plus, elle a à peine quatorze ans. Elle est trop jeune pour se marier.
CAPITAINE. - Trop jeune ou pas, j'ai juré que j'épouserai la première fille que je croiserai en rentrant chez moi. Et c'est jeune fille, c'est ta fille, brave homme.
PÈRE. - Qu'elle soit ma fille ou non, elle est trop jeune, beaucoup trop jeune.
CAPITAINE. - Taratata. Je l'épouserai dans une semaine.
PÈRE. - Non, non et non, j'ai dit non : elle est trop jeune.
CAPITAINE. - Non mais, tu n'as pas de plumes aux fesses, pourtant...
PÈRE. - Pourquoi des plumes aux fesses ?
CAPITAINE. - Tu es un perroquet : tu ne sais que répéter : Elle est trop jeune. Tu dois donc avoir des plumes aux fesses.
PÈRE. - Je ne suis pas un perroquet... mais, comme un perroquet, j'ai deux pattes. Et je ne vais pas tarder à vous envoyer un coup de pied dans le derrière, si vous insistez, Monsieur. Ma fille ne se mariera pas avec vous car elle est trop jeune. Plumes aux fesses ou pas plumes aux fesses.