THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LE  NAIN. - Sache donc que Rosemonde est renfermée dans une île qu'on appelle l'île inaccessible. Tous les efforts pour y pénétrer sans talisman seraient vains, et une mort terrible deviendrait le prix de ton audace.

ARLEQUIN. - Oh ! là ! Là ! Je suis tout tremblant, rien que d'y penser ! Je suis sûr que je suis blême.

LE  NAIN. - Mais je vais, grâce à des charmes secrets, t'y transporter toi et ton écuyer, sans que vous ayez aucun péril à redouter.

ARLEQUIN – Ohimé ! nous transporter ! Est-ce que nous allons nous envoler ?

FLORESTAN. - Ô mon généreux protecteur, je m'abandonne à vous.


LE  NAIN. -
Air : Un homme pour faire un tableau.
Sans redouter aucun malheur,
Je vais, en moins d'une seconde.
Grâce à mon métier d'enchanteur,
Te faire revoir Rosemonde.


FLORESTAN. - Partons, Seigneur, sans hésiter !

ARLEQUIN. - Mais je ne vois pas de voiture....

LE  NAIN. -
Je saurai, pour vous transporter,
En trouver une belle et sûre.


     (Le Nain touche de sa baguette le bahut qui se transforme en nuage supportant un char volant que traîne un griffon, sur lequel se place le petit Nain. Le théâtre change et représente un beau jardin ; un banc est au pied d'un arbre).


nuage


char volant

 dragon en ombres chinoises theatre d`ombres silhouettes marionnettes
griffon

 

SCÈNE  IV.


à la place du banc...

un banc

une fontaine
moulin en ombre chinoise silhouette
un moulin
arbre en ombre chinoise théâtre d`ombres silhouette marionnette
un arbre

Rosemonde seule.

femme dame princesse en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouettes marionnettes
Rosemonde

ROSEMONDE. - Hélas ! je ne sais où porter mes pas pour trouver le repos. Ce lieu charmant, ce site délicieux, malgré toutes les séductions qui m'y entourent, n’est qu'une prison que je maudis, et d'où je ne puis m'échapper ; le maître odieux qui commande ici en souverain veille trop bien sur son infortunée victime !... Que je suis à plaindre ! Et Florestan qu'est-il devenu ? Hélas ! il ne me reste rien ! pas même la dernière consolation des malheureux... l'espérance. (Se levant). On vient de ce côté !... Ah ciel ! c’est mon infâme persécuteur. Ah ! fuyons... (Statues descendant de leurs piédestaux). .


de quoi figurer deux statues...
 

     (Elle veut fuir, mais des gardes qui étaient cachés se montrent et lui interceptent le passage).

 

SCÈNE  V.

 

Rosemonde, Ilcanor.


Ilcanor

ILCANOR. - Vous le voyez, Rosemonde, vous tenteriez vainement de vous soustraire à ma vigilance. Hé ! pourquoi fuir ma présence ? Vous refuserez-vous donc toujours à recevoir les vœux d'un roi qui ne veut que votre bonheur ?

ROSEMONDE. - Votre aspect m'est odieux et vos discours sont un outrage. Sachez que je ne veux pour époux que Florestan.


ILCANOR. - Rosemonde, je ne puis tolérer plus longtemps un tel langage... Vous oubliez trop que vous êtes en ma puissance, et désormais votre liberté dépendra de votre soumission. (L'obscurité est venue ; on entend rouler le tonnerre). Mais que signifient ces signes précurseurs de quelque événement ? Suis-je menacé de quelque péril ? Oui ! mon art m'apprend que mon rival est près de moi. (Regardant dans la coulisse). Ô ciel ! c'est lui-même. Mais qu'ai-je vu ? Le Nain Jaune l'accompagne... Qui donc t'a délivré de mes enchantements ?

 

SCÈNE  VI.

 

Rosemonde, Ilcanor, le nain, Florestan, Arlequin.

 

LE  NAIN. - Ilcanor, le jour la vengeance approche : rends-nous Rosemonde, ou crains tout de notre courroux !

ILCANOR. - Ah ! perfides ennemis, vous croyez Ilcanor sans moyens de lutter ! Bientôt vous allez être détrompés... À moi, puissances infernales, délivrez-moi de ces traîtres ! Toi, Rosemonde, deviens une statue, et toi, Florestan, va au fond des entrailles de la terre recevoir le juste châtiment de ta témérité ! (Rosemonde est devenue immobile et sa figure est devenue en marbre ; elle est entourée de statues qui forment un groupe. Florestan s'est abîmé au milieu des flammes). Quant à toi, odieux Nain Jaune...


LE  NAIN. - Quant à moi, j'échappe à ton pouvoir. (Il disparaît dans l'arbre - Arlequin s'est sauvé).

 

ACTE  II

 

Le théâtre représente un site désert et affreux,
une caverne à droite.


suggestion de désert


caverne

 
 



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