LE VOYAGEUR. - Tiens, mon ami, je suis content de toi : voilà deux sous pour ta peine.
LE BATELIER. - V'là t'il pas une belle régalade ?
LE VOYAGEUR. - Et de quoi te plains-tu ? Si j'avais su, je n'aurais pas été si généreux.
(Le petit gars, qui n'a pas cessé de piocher, s'arrête, jette les yeux de l'autre côté du pont.)
LE PETIT GARS. - Tiens, où donc est-il passé ? Je ne le vois plus, ce Monsieur, c'est dommage, il m'amusait.
LE VOYAGEUR, arrivant sur lui, la canne levée. - Ah ! je t'amusais, drôle ? Je vais t'en donner de l'amusement sur lequel tu ne comptais pas. (Il s'avance et lui applique plusieurs coups de canne.) Tiens ! tiens ! En veux-tu ? en voilà. Voici, mon petit, pour t'apprendre à me chanter lire lon pha, c'est le secret de ma mère. Tiens encore... pan pan.
LE PETIT GARS, criant et se défendant avec la pioche. - Veux-tu bien finir ? grand lâche qui bats un enfant.
LE VOYAGEUR. - J'ai cassé le verre de ta montre à répétition, sans doute ? C'est fâcheux, mais tu te souviendras de la leçon.
(Il sort.)
FIN