L'ALLER
Décors : les mêmes qu'auparavant.
On remplacera un arbre par un palmier ou
on mettra un des arbres sens dessus-dessous.
Ombre : l'Enfant d'Eléphant.
NARRATEUR. - (On verra l'Enfant d'Éléphant passer de gauche à droite, disparaître sur le bord de l'écran, revenir, repasser, repasser encore... Il pourra rencontrer des personnages auxquels il posera des questions farfelues. Il se sauvera avant d'être fessé). Notre enfant d'Éléphant alla de Grahamstown à Kimberley et de Kimberley à Khamascountry, et à Khamascountry il prit la direction du nord-est, jusqu’à ce qu’enfin (changement de tableau, on met sens dessus-dessous le deuxième arbre). Il atteignit les rives du grand Fleuve Limpopo, aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses, bordé d’arbres à fièvre, exactement comme l’avait décrit l’Oiseau Kolokolo (Inclure dans la scène le Serpent-Python-Bicolore-de-Rocher puisque l'Enfant d'Eléphant arrive à sa rencontre).
LE FLEUVE
Décors : les deux arbres à l'envers, ou deux palmiers, un rocher.
Ombres : l'Enfant d'Éléphant, le python, le crocodile.
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - (Au Serpent) 'Scusez-moi, Monsieur le Serpent-Python-Bicolore-de-Rocher, mais avez-vous vu une chose ressemblant à un Crocodile dans ces parages hétérogènes ?
SERPENT. - Si j’ai vu un Crocodile ? Que vas-tu me demander ensuite ?
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - ’Scusez-moi, mais auriez-vous l’obligeance de me dire ce qu’il mange au dîner ?
SERPENT. - Une telle question ne mérite qu'une bonne correction. (Le Serpent quitte son rocher et vient frapper l'Enfant d'Éléphant).
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - C’est étrange. Mon père et ma mère, mon oncle et ma tante, sans parler de mon autre tante la Girafe et de mon autre oncle le Babouin, m’ont tous donné la fessée pour mon insatiable curiosité, et je suppose que vous faites la même chose pour la même raison. Au revoir, Monsieur le Serpent-Python-Bicolore-de-Rocher. Et merci pour la leçon que vous venez de me donner (L'Enfant d'Éléphant se dirige vers l'autre côté de l'écran où l'attend le crocodile. Seule la tête du Crocodile dépasse du sol). (Au Crocodile) ’Scusez-moi, mais vous n’auriez pas vu un Crocodile dans ces parages hétérogènes ?
CROCODILE. - (Le crocodile sort du sol et l'Enfant d'Éléphant recule un peu). Approche, Petit. Pourquoi me poses-tu cette question ?
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - ’Scusez-moi, mais mon père m’a donné la fessée, ma mère m’a donné la fessée, sans parler de ma grande tante l’Autruche et de mon gros oncle l’Hippopotame, de ma tante la Girafe qui rue si fort et de mon oncle poilu le Babouin, sans oublier le Serpent-Python-Bicolore-de-Rocher à l’écailleuse queue flagelleuse, près de la rive, qui frappe plus fort que tous les autres, et donc, si ça ne vous ennuie pas, j’aimerais mieux ne plus être fessé.
CROCODILE. - Approche, car c’est moi le Crocodile, et pour le prouver, je verse des larmes de Crocodile.
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - Vous êtes la personne que je cherche depuis si longtemps. Voudriez-vous me dire, s’il vous plait, ce que vous mangez au dîner ?
CROCODILE. - Approche, Petit. Je vais te le souffler à l’oreille. (L'enfant d'Éléphant s'approche et le Crocodile l'attrape par le nez). Je pense, je pense que je commencerai aujourd’hui par de l’Enfant d’Éléphant.
ENFANT D'ÉLÉPHANT, en parlant du nez. - Laissez-boi aller ! Fous be faides bal ! (Le Serpent-Python-Bicolore-de-Rocher s'approche de l'Enfant d'Éléphant).
SERPENT. - Mon jeune ami, si tu ne te mets pas maintenant, immédiatement et sans délai à tirer de toutes tes forces, j’ai bien peur que ce vieil ulster à larges bandes de cuir, autrement dit : le Crocodile, te précipite dans ce courant limpide avant que tu puisses dire “ ouf ”. (Ici, le jeu prend le pas sur le dialogue. Le Crocodile tire d'un côté et entraîne l'Enfant d'Éléphant avec lui. L'Enfant d'Éléphant tire le Crocodile de l'autre côté. Les ombres rejoignent le milieu de l'écran. On accompagnera la scène de cris d'effort).
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - Je n'en beux blus.
SERPENT. - (Le serpent s'approche et vient contre l'Enfant d'Éléphant). Voyageur imprudent et inexpérimenté, nous allons maintenant nous livrer sérieusement à un petit effort de traction car sinon, j’ai le sentiment que ce vaisseau de guerre à propulsion là-bas avec un pont supérieur blindé, à savoir : le Crocodile, va compromettre pour toujours ta future carrière. (Le Crocodile d'un côté, l'Enfant d'Éléphant et le Serpent de l'autre, on jouera le même jeu qu'auparavant. Enfin, le nez de l'Enfant d'Éléphant s'allonge : on pourra prendre une autre ombre, avoir fait un nez en élastique ou en plusieurs morceaux repliés sur la tête de l'animal, qu'on déplie ensuite, un changement d'ombre... Le choix fait ici est le simple changement de silhouette. Le Crocodile lache l'Enfant d'Éléphant et disparaît).
ENFANT D'ÉLÉPHANT, au serpent. - Merci, Monsieur le Serpent-Python-Bicolore-de-Rocher. Excusez-moi, mais il faut que je soigne mon nez.
SERPENT. - Pourquoi voudrais-tu faire ça ? Il est très bien, maintenant, ton nez.
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - ’Scusez-moi, mais mon nez est vilainement déformé et j’attends qu’il reprenne son galbe.
SERPENT. - Tu risques d’attendre longtemps. Certaines gens ne savent pas ce qui est bien pour eux. Avec ton nouveau nez, tu peux te doucher, ramasser les melons sans te baisser, chasser les mouches qui te gênent. Si tu as chaud, tu pourras te faire une galette de boue que tu poseras sur ta tête et surtout... surtout... avec un tel instrument, je parie que plus personne ne te donnera jamais la fessée. Aimerais-tu recevoir encore des fessées ?
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - ’Scusez-moi, mais ça ne me plairait pas du tout.
SERPENT. - Ça te dirait de donner une fessée à quelqu’un ?
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - Ça me plairait énormément, je l’avoue.
SERPENT. - Dans ce cas, tu verras que ton nouveau nez est fort utile pour fesser les gens.
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - Merci. Je m’en souviendrai ; maintenant, je crois que je vais rentrer chez moi et rejoindre ma chère famille pour essayer. (L'Enfant d'Éléphant quitte l'écran et refait le chemin en sens inverse jusqu'à chez lui).
LE RETOUR
Décors : on remettra un arbre à l'endroit
ou on remplacera un palmier par un arbre.
Ombres : l'Enfant d'Eléphant, un hippopotame
Si l'Enfant d'Eléphant a croisé des animaux
à l'aller, il peut se jeter sur eux au retour.
NARRATEUR. - Alors, l’Enfant d’Éléphant rentra chez lui à travers l’Afrique en frétillant de la trompe. Lorsqu’il voulait manger des fruits, il les cueillait directement sur l’arbre au lieu d’attendre qu’ils tombent comme auparavant. Lorsqu’il voulait de l’herbe, il l’arrachait au sol au lieu de s’agenouiller comme auparavant. Lorsque les mouches le piquaient, il brisait une branche d’arbre et s’en servait comme Chasse-mouches ; et il se faisait un nouveau bonnet de boue fraîche-fangeuse-spongieuse lorsque le soleil était trop chaud. (L'Enfant d'Eléphant croise un Hippopotame).
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - Veuillez m'excuser pour ce que je vais vous faire, Monsieur Hippopotame, mais je dois essayer mon nouveau nez (Il frappe l'Hippopotame qui s'enfuit). C'est vrai que ce nouveau nez est bien pratique. En plus, je peux chanter avec : brououououououou. C'est super.
UN NOUVEAU ROI
Décors : les deux arbres à l'endroit.
Ombres : l'Enfant d'Eléphant à trompe longue,
ses parents avec nez et avec trompe,
le babouin, la girafe, l'autruche, l'hippopotame.
(L'Enfant d'Eléphant arrive face à ses parents).
ENFANT D'ÉLÉPHANT. - Comment allez-vous ?