ATELIER D'OMBRES CORPORELLES
Le mort récalcitrant de Paul Eudel, libre de droits.
Lorsque des acteurs jouent en projetant leurs silhouettes sur un écran, on parle d'ombres corporelles. Le public ne voit que le drap (écran) et les silhouettes des acteurs.
Les ombres corporelles, tout en permettant la réalisation de saynètes, sont une source non négligeable d'activités d'animation.
Le matériel est des plus simples : un drap -fixé verticalement sur un tasseau, sur une corde tendue...-, qu'on appellera « écran », une source lumineuse -spot, projecteur...- pour projeter l'ombre des acteurs sur le drap... et c'est parti.
On pourra ajouter des accessoires, des chapeaux, des jouets, des draps, des foulards... qu'on fabriquera ou qu'on trouvera dans une boutique de déguisements. Les objets pourront ne pas exister « en vrai » et être remplacés par des découpages en bois ou en carton, vu que seule leur ombre sera visible.
Les activités pourront s'adresser à un public très large, en partant des Petites Section de Maternelle pour arriver jusqu'aux adultes. Il est évident que les activités proposées -et leur complexité- ne seront pas les mêmes en fonction de l'âge ou des capacités des participants (cf. expérience en IME http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/ombres-et-handicap.php).
Pour des ateliers menés pour et avec des adultes ou -tout au moins- d'un niveau élevé, dramaction.ca (http://www.dramaction.qc.ca/fr/) offre une multitude d'idées qui ont, je l'avoue, servi de base à ma propre réflexion sur le sujet :
http://www.dramaction.qc.ca/fr/wp-content/files/theatre_ombre.pdf.
Il sera utile -mais non indispensable, c'est au choix de chacun- dès le début, de faire travailler les acteurs sur un fond musical pas trop rapide. Cela permet de donner le rythme des exercices, d'exiger l'écoute de la musique par le public et donc d'éviter d'éventuels débordements. On pourra également chercher à ce que les exercices soient effectués sur des rythmes différents.
ORGANISATION
Pour chaque atelier, le groupe sera scindé en acteurs -jouant derrière l'écran- et en spectateurs. Quand un groupe ou une personne ne sont pas en activité, ils regardent le ou les autres qui passent derrière l'écran. Cela permet aux acteurs de se familiariser avec l'idée de jouer -caché, c'est vrai- devant un public. De plus, chacun pourra faire siennes les trouvailles faites par d'autres.
Le meneur d'atelier s'improvisera « metteur en scène » et se réservera le droit d'orienter les exercices à sa fantaisie, en demandant de les rejouer si nécessaire, avec d'éventuelles transformations. Il fera remarquer les petits détails qui, sans lui, pourraient vite passer inaperçus (geste très parlant, mouvement intéressant)...
Le dialogue avec le public est essentiel. On analyse les ombres, on les critique éventuellement, on cherche à les améliorer, on fait de nouvelles propositions... On fait le calme pour regarder, écouter une nouvelle proposition d'ombres.
La plupart des situations se prêtent à des jeux de devinettes entre les acteurs et le public. En faisant faire le même exercice plusieurs fois, par des acteurs différents, on enrichira le travail par des propositions variées et une saine émulation (que l'animateur devra contrôler).
LES BUTS
Les différents exercices devront permettre de trouver comment positionner le corps par rapport à la source de lumière, au drap tendu : de profil, de face, à l' « égyptienne ». C'est encore plus vrai lorsqu'on utilise des accessoires en carton qui doivent passer pour un véritable objet alors qu'ils sont en deux dimensions.
- Que se passe-t-il lorsqu'on s'approche de la source de lumière en s'éloignant de l'écran, lorsqu'on fait le contraire, quelle distance est-elle la bonne ?
- Que se passe-t-il lorsqu'on éloigne, rapproche, déplace sur le côté la source de lumière ? Quels effets peut-on créer ainsi (grandir, rapetisser, disparaître)...
- Que se passe-t-il en augmentant le nombre de sources de lumières, en utilisant des projecteurs colorés, en jouant avec des lampes de poche ?
Il faudra également trouver le rythme des mouvements : trop rapides, ils ne seront pas perceptibles par le public ; trop lents, ils n'auront pas l'effet escompté.
Pour chaque petite situation, on analysera, critiquera, proposera... jusqu'à trouver le jeu juste, celui qui sera expressif, ni trop lent, ni trop rapide... Plusieurs jeux pourront être retenus.
etc.
SE PRÉSENTER
Les acteurs vont défiler un par un derrière l'écran. Chacun passe, seul, de profil, et le public essaie de le reconnaître.
Avec des petits enfants, il peut être intéressant de filmer chaque passage et puis, en repassant les images, demander à chacun de se reconnaître.
Pour corser l'exercice, les acteurs devront passer de manière à ne pas être reconnus. Ils pourront alors utiliser des accessoires. L'important est de changer l'image que les autres ont de soi, en présentant une nouvelle image ou en cassant les codes (posture, démarche, vêtements, coiffure)...
SE DÉPLACER
Une fois tout le monde passé, on pourra demander aux acteurs de repasser en essayant de trouver une démarche originale (à reculons, à quatre pattes, à cloche-pied, en nageant la brasse, en nageant le crawl, en pédalant, au pas, en levant les genoux, en relevant les talons, genoux bloqués, en battant des bras -tendus puis repliés-, en remuant la tête en avant et en arrière, en tournant sur soi même, en se penchant en avant, en se penchant en avant puis en arrière, en oscillant, en faisant des grands pas, en faisant des petits pas, en sautant, à quatre pattes)... Il ne faudra pas hésiter à noter les démarches découvertes et à accompagner les notes par des dessins explicatifs de manière à se doter d'un répertoire de déplacements les plus variés possibles.
On pourra essayer de produire des effets avec le déplacement (personne ivre, fatiguée, ayant mal quelque part, gaie, triste, effrayée, en colère)...
Les acteurs pourront également se déplacer comme un animal (souris, lion, chat, chien, oiseau, papillon, éléphant, singe, coq, cheval)...
On se rendra vite compte qu'il faut utiliser des codes pour transformer son ombre en celle d'un chien (renifler partout), en souris (grignoter quelque chose), en éléphant (en simulant une trompe avec un de ses bras), en lion (en donnant des coups de griffes)... Quels codes seront-ils nécessaires pour mimer la fatigue, l'ivresse, la douleur ?
SE DÉGUISER / MIMER
Les acteurs devront passer derrière l'écran en utilisant un ou plusieurs accessoires : chapeau, vêtements différents, armes et outils factices. Il faudra alors faire deviner un animal, un métier, une action, un objet, un sentiment, un personnage célèbre... Il n'y a pas véritablement de limites, tout dépendra des capacités du groupe de travail.
JOUER UNE CHANSON
Individuellement, on pourra jouer une chanson, si possible à gestes (Jean Petit qui danse ; Tête, épaules et genoux, pieds ; Tourne, tourne, petit moulin ; Monsieur l'escargot)...
À plusieurs, on pourra travailler à partir de rondes chantées (Le fermier dans son pré ; Mon petit lapin a bien du chagrin ; Gugusse avec son violon)... Ce travail impliquera une recherche de mise en scène puisqu'on passera de danses sur un cercle (ronde) à des danses sur une ligne (face à l'écran). Pour certaines chansons, les gestes devront être remplacés par d'autres de manière à être lisibles par le public (Le petit moulin, par exemple).
On s'attaquera à la création d'accessoires : chapeaux, tête de lapin, violon... qui seront utilisés pour faire vivre les chansons représentées.
De plus, certaines chansons sont de véritables mini-comédies musicales et racontent une petite histoire (Trois jeunes tambours, Le chevalier du guet, Ah, les crocodiles, En passant par la Lorraine)... Il ne faudra pas hésiter à les utiliser pour créer de petites saynètes musicales. Dans un premier temps, il ne sera pas nécessaire d'utiliser des dialogues et on pourra se contenter de suivre la chanson. Par la suite, on pourra la remplacer par des répliques improvisées ou non par les acteurs. On a là une source très riche d'expression écrite, de création de textes, de recherche de mise en scène.
JOUER UNE SITUATION DU QUOTIDIEN
Dire bonjour à quelqu'un, faire cuire un œuf à la poêle, découper un rôti, griller des brochettes au barbecue, pêcher à la ligne, écrire une lettre et la poster... sont autant de situations simples à mettre en scène. Il faudra fabriquer une fausse poêle, un faux rôti, de fausses brochettes...
Certaines situations seront plus adaptées pour être jouées à deux, à trois, voire à plus.
CRÉER UN PERSONNAGE
Le chevalier, la ballerine, la sorcière, le chasseur, le bricoleur, le policier... sont autant de personnages figés dans notre imaginaire. Les rôles devront être aussi bien interprétés par des garçons que par des filles.
On pourra également essayer d'exprimer des sentiments avec son ombre (peur, inquiétude, joie, timidité, colère)... mais également des contraires (grand/petit ; mince/enveloppé ; léger/lourd)... en ayant la possibilité d'utiliser des accessoires ou des objets.
IMPROVISER
L'improvisation pourra suivre un canevas ou bien, les acteurs devront créer une histoire à partir d'une série d'objets imposés, d'un verbe d'action...
On pourra adapter les situations d'improvisation des pages :
http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/improvisations-en-ombres-chinoises.php
JOUER
Pourquoi ne pas mettre sur pied un spectacle ? Quelques chansons, une histoire mimée sous les mots d'un narrateur... on n'est pas obligé de faire dans le compliqué. Le résultat sera au rendez-vous.