THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

SAINT  GEORGES  ET  LE  DRAGON
 
     Deux textes sont représentés ici : une saynète avec dialogues et une poésie ancienne dont la fin est facilement transposable en ombres.

dragon
 
 

SAINT  GEORGES  ET  LE  DRAGON

 

texte et ombres de Nicolas AUBERT

 

décembre 2012, libre de droits.

PERSONNAGES :

SAINT  GEORGES
L'HERMITE
NARRATEUR

LE  DRAGON
UN  HABITANT
LA  PRINCESSE
UN  PASSANT
LE  PEUPLE
LE  ROI

campagne en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouette marionnette

arbres pour composer un côté du décor.

maison en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouette marionnette
maison dont on prendra la moitié pour le décor.
 

     L'écran s'allume. La scène représente un bois avec une cabane sur la gauche et des arbres sur la droite. Georges, puis l’ermite, sortent de la cabane.

guerrier en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouette marionnette
Georges
 

GEORGES, à l'ermite. - Mon bon anachorète, j'aimerais rester près de vous pour prier Dieu.


ermite
 

L'HERMITE. - Georges, Georges, je t'ai recueilli à moitié mort, je t'ai soigné, je t'ai guéri par la grâce de Dieu. Mais je ne crois pas que ton chemin soit de rester à cueillir des herbes, à soigner les gens de passage et à prier Dieu...

GEORGES. - Mais... J'en ai assez de la guerre. Cela fait plus de dix ans que je ne côtoie plus que les champs de bataille. Je connais plus de morts que de vivants... La vue du sang m'est devenue insupportable...

L'HERMITE. - Je conçois ta lassitude, mon cher Georges. Mais ne regarde pas que le mauvais côté des choses. Songe au nombre de vies que tu as sauvées par tes actions. En sauvant toutes ces villes des envahisseurs étrangers, tu as protégé des vies innocentes. De plus, je suis persuadé, non, je sais, que tu leur as apporté la protection qu'ils avaient implorée à Dieu.

GEORGES. - Alors, que dois-je faire ? Conseillez-moi !

L'HERMITE. - Comment ça, Georges, ta ligne de conduite ne te paraît pas évidente ? Tu es sur terre pour protéger les faibles des méchants. Combien d'enfants as-tu protégés, combien de villes et de villages as-tu sauvegardés ? Tu es la main armée de Dieu, il faut te rendre à cette évidence !

GEORGES. - N'est-il pas écrit que qui vivra par l'épée périra par l'épée ? Ne pouvez-vous rien me dire de plus ?

L'HERMITE. - Dieu, dans Son infinie bonté, m'a fait la faveur de m'envoyer un songe. Tu dois te rendre dans la ville de Sylène qui est à trente lieues à l'est d'ici. Là, tu rencontreras ton destin. Je viendrai sous peu t'y rejoindre.

GEORGES. - Bien, j'écoute et j'obéis. (Il sort. Changement de tableau.)

     ((Changement de décor. La scène représente la ville de Sylène vue de loin, à droite. On verra le dragon la survoler le temps de la tirade du narrateur).

ville en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouette marionnette
décor pour suggérer la ville

ville en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouette marionnette
décor pour suggérer la ville
 

NARRATEUR. - En ce temps là, un dragon terrorisait les habitants de la ville de Sylène en Lybie. Quiconque sortait de la ville était dévoré. (Des personnages miniatures sortent de la ville et sont dévorés par le dragon.) Il n'y avait pas de limites à son appétit. Des soldats furent envoyés contre ce monstre.

     (Changement de décor ou d'écran. On change d'échelle. On voit, à droite, la porte de la ville. À gauche, le décor représente des arbres).
 

prince en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouette marionnette
soldat

soldat en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouette marionnette
soldat

NARRATEUR. - Des soldats furent envoyés contre le dragon. Mais, l'un après l'autre, ils furent dévorés. (La scène est jouée.) Désormais, personne n'osa plus ni sortir ni entrer dans la ville. (Changement de décor, on est dans la ville : maisons à gauche et à droite de l'écran.) En quelques mois, le commerce périclita et la famine menaça tout le monde. (On voit des gens courbés aller et venir en ville.) C'est alors que...

LE DRAGON, apparaissant soudain. - Holà, braves gens ! Vous ne sortez plus, vous ne m'attaquez plus, vous me fuyez, vous m'ignorez, moi, moi qui vous aime tant ! J'ai faim, j'ai horriblement faim. Donnez-moi à manger sur le champ ! quelques vaches, quelques moutons, quelques poules, que sais-je ? La ville de Sylène est pourtant réputée pour sa richesse !
 

homme marquis en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouettes marionnettes
habitant

UN HABITANT, terrorisé. - Mais... Monseigneur, il n'y a plus rien... Depuis que vous faites le siège de la cité, nous avons tout mangé...

LE DRAGON. - Je devrais te rôtir pour tant de témérité. Me dire, à moi, qu'on me refuse un peu d'hospitalité, un peu de charité, un peu de tendresse... alors que je vous apprécie grandement... Mais, j'aime le courage, tu en as eu pour venir me parler, c'est pourquoi je ne vais pas te manger tout de suite... Alors, comme ça, la ville ne détient plus de nourriture ? Tu es dans l'erreur, bonhomme. Ta ville regorge de viande. Je sais, je sais, l'homme ne vaut pas un bon rôti de bœuf bien saignant mais, comme on dit : faute de grives, on se contente de merles. J'exige donc qu'on me livre chaque jour un homme ou une femme pour que je puisse manger. Jeune ou vieux, peu m'importe. Il est surtout très important qu'ils me soient livrés vivants car je suis intraitable sur la fraîcheur de ma nourriture. Je reviendrai ce soir pour chercher mon panier-repas. En attendant, je me contenterai d'un hors-d’œuvre ! (Il saisit l'homme qui vient de lui parler, s'envole et sort de l'écran.)

NARRATEUR. - Le peuple de la ville se résigna et donna un homme ou une femme chaque jour au dragon. Un tirage au sort fut organisé.

LE DRAGON, apparaissant. - Holà, habitants de Sylène ! Je viens porter réclamation car vous ne jouez pas le jeu ! Votre tirage au sort est truqué. Comme de par hasard, le sort tombe toujours sur les plus vieux ou les plus vieilles de la ville. J'en assez de manger de vieilles carcasses. Je veux de la viande tendre, qui n'ait pas été endurcie par un travail trop difficile. Je veux de la viande jeune, qui n'ait pas été racornie par les années. Je veux de la viande noble, qui n'ait pas été altérée par des ancêtres dont on ne connaît rien. Je veux... je veux la princesse royale, je veux la jeune et belle Aïa ! Gare à vous si elle n'est pas là quand je reviendrai tout-à-l'heure.
 

mariée en théâtre d`ombres ombres chinoises silhouette marionnette
princesse

 
 



Créer un site
Créer un site