UNE LEÇON DE ZOOLOGIE.
COMÉDIE EN UN ACTE
du théâtre Séraphin.
http://archive.org/stream/lethatredesomb00guig#page/n91/mode/2up
planche du domaine public.
Personnages :
MONSIEUR DUVERT.
ÉDOUARD, son fils.
BERTHE, sa fille.
CLAIRE, sa fille.
TOTO, leur cousin.
LOUISON, bonne de Toto.
SCÈNE PREMIERE
Monsieur Duvert (Dover publications inc.)
MONSIEUR DUVERT, appelant. - Berthe, Édouard, Claire, où donc êtes-vous ?
BERTHE, ÉDOUARD et CLAIRE, dans la coulisse. - Dans le jardin, cher papa.
MONSIEUR DUVERT. - Dans le jardin ! Prenez garde de marcher dans les plates-bandes.
BERTHE, ÉDOUARD et CLAIRE. - Soyez tranquille, cher papa ; nous courons après les papillons.
MONSIEUR DUVERT. - Venez près de moi, mes enfants.
Édouard (Dover publications inc.)
SCÈNE II
BERTHE, ÉDOUARD et CLAIRE entrent, courant après des papillons.
BERTHE. - À moi ces beaux papillons !
ÉDOUARD. - À moi ceux-ci !
CLAIRE. - Ze veux ces beaux-là, moi, na !
MONSIEUR DUVERT. - Arrêtez, je vous en prie : respectez ces pauvres insectes. Admirez leur légèreté, leur délicatesse et leurs ailes, qui étalent aux regards une pompe de couleurs sans pareille et des dessins d'une originalité inimitable !
Berthe (Dover publications inc.)
BERTHE. - Est-il vrai, papa, que ces gracieux papillons doivent leur origine à de vilaines chenilles ?
MONSIEUR DUVERT. - Oui, ma chère Berthe. Mes enfants, je veux aujourd'hui vous montrer les animaux les plus intéressants qui se puissent voir. Ils appartiennent à la classe des mammifères, la première du règne animal.
ÉDOUARD. - Mais nous aurons peur, mon cher père.
MONSIEUR DUVERT. - Rassure-toi, Édouard : nous ne courrons aucun danger. Retirons-nous à l'écart, afin de faire place aux hôtes de la grande ménagerie.
(Ils se placent à la gauche du spectateur.)
ENSEMBLE. (Air : Nous n'irons plus au bois).
Retirons-nous ici,
Pour qu'ils passent,
Repassent.
Retirons-nous ici :
Silence, les voici.
MONSIEUR DUVERT. - Voici le lion : sa beauté, sa taille, sa force, l'ont rendu célèbre : cette magnifique crinière est l'apanage du mâle.
ÉDOUARD. - Oh ! papa, renvoyez-le... j'ai peur !
(Le lion sort.)
MONSIEUR DUVERT. - Si le lion est du genre chat, l'animal que vous voyez (Un renard entre.) est du genre chien, ainsi que le loup. Le renard est la terreur des basses-cours, dont il croque les habitants. Il est fin et rusé !
BERTHE. - Vous parliez du loup, je sais une chanson sur lui. (Elle chante.)
Prom'nons-nous dans les bois,
Tandis que le loup n'y est pas.
Loup, y es-tu ?
MONSIEUR DUVERT, faisant une grosse voix. - Me voici ! (Un loup paraît.)
Claire (Dover publications inc.)
ÉDOUARD, BERTHE et CLAIRE. - Sauvons-nous !
MONSIEUR DUVERT. - Ne bouge pas ! compère le loup ne nous traitera pas comme le petit Chaperon rouge. Examinez-le ; il a la taille et la physionomie du chien ; il est fort et robuste, mais il est poltron ! (Le loup sort.) La femelle du loup se nomme louve ; les petits se nomment louveteaux.
BERTHE. - Papa, pourriez-vous nous faire voir quelques-uns de ces grands animaux que nous avons admirés au Jardin des plantes et au Jardin d'acclimatation ?
MONSIEUR DUVERT. - Certes, tenez.
(Un dromadaire entre.)
BERTHE. - C'est un chameau.
ÉDOUARD. - Non, c'est un dromadaire.
MONSIEUR DUVERT. - Édouard a raison : le dromadaire, assez commun au nord de l'Afrique et en Arabie, n'a qu'une bosse, tandis que le chameau, lequel est originaire de l'Asie, en a deux.
ÉDOUARD. - Comme il a le pied large !
BERTHE. - Et quel long cou !
CLAIRE. - Ze veux monter sur la grosse bébête, moi !
MONSIEUR DUVERT. - Cet animal est d'une utilité considérable ; la nature lui a donné les quatre estomacs des ruminants, et, de plus, un cinquième estomac, qui lui sert pour conserver l'eau.
ÉDOUARD. - Comment, pour conserver l'eau ?
MONSIEUR DUVERT. - Sans doute : cet estomac est un réservoir, dans lequel l'animal puise dans les moments de disette. (Le dromadaire sort.) Nous allons, maintenant, voir le quadrupède le plus rare de l'intérieur de l'Afrique : la girafe..
BERTHE. - Que veut dire ce mot : quadrupède ?
MONSIEUR DUVERT. - Qui a quatre pieds Voici la girafe.
LES ENFANTS. - Oh ! qu'elle est belle !
MONSIEUR DUVERT. - Remarquez la hauteur disproportionnée de ses jambes de devant, plus élevées que celles de derrière.
ÉDOUARD. - Son pelage est parsemé de taches fauves.
CLAIRE. - Ze veux monter sur la grande bébête.
BERTHE. - Elle t'emporterait bien vite loin de nous.
(La girafe sort.)
MONSIEUR DUVERT. - Quand tous serez plus grands, je vous donnerai de beaux livres, dans lesquels vous trouverez l'histoire des animaux par Buffon, Cuvier, Lacépède.
BERTHE. - Y a-t-il des images ?
MONSIEUR DUVERT. - Sans doute.
CLAIRE. - Z'aime beaucoup les imazes.
(Un buffle paraît.)
BERTHE. - Qu'est-ce que cela ?
MONSIEUR DUVERT. - Un buffle : espèce de bœuf plus gros, plus fort, mais d'un caractère moins pacifique que nos bœufs européens. En Italie et dans d'autres contrées, on élève le buffle en domesticité : on l'emploie à traîner de pesants fardeaux et à cultiver la terre (Le buffle sort). Tous les bœufs sont caractérisés par leur taille trapue, leur mufle large, et par un repli de la peau qui pend sous le cou et qui est nommé fanon. Vous allez en voir un qui habite l'Amérique méridionale, dans le bassin du Mississippi : c'est le bison, il porte sur les épaules une poche graisseuse dont les Indiens sont très friands.
(Un bison parait et passe lentement.)
ÉDOUARD. - Quel œil stupide !
CLAIRE. - Ze veux voir un éléphant.
BERTHE. - Oh ! oui, papa, montre-nous un éléphant.
MONSIEUR DUVERT. - Volontiers.
(Un éléphant paraît.)
ÉDOUARD et BERTHE. - À la bonne heure !
CLAIRE. - Quand z'aurai du sucre. . . ze...
BERTHE. - Tu lui en donneras.
CLAIRE. - Non, ze le manzerai.
BERTHE. - Comme il est lourd !
MONSIEUR DUVERT. - Oui, mais en dépit de son air, l'éléphant est intelligent ; sous la peau épaisse, ridée, qui couvre cette énorme tête aux petits yeux, se cache une cervelle bien organisée. Ce pachyderme aime la musique, il marque la mesure. On lui apprend à faire des bouquets, à ramasser des pièces de monnaie, à danser sur la corde et même à tracer des caractères avec une plume.
BERTHE et CLAIRE. - Est-il possible ?
ÉDOUARD. - Tu le sais bien, Berthe, puisque nous avons vu au cirque des éléphants qui faisaient des tours et des exercices merveilleux.