THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

     (L'éléphant sort).
 

BERTHE. - Papa, que signifie le mot pachyderme, que je viens d'entendre pour la première fois ?

 

MONSIEUR DUVERT. - Il vient de deux mots grecs, dont la traduction est épais et peau, et se dit d'un ordre de ruminants comprenant des animaux remarquables par le cuir dur et épais dont sont revêtus la plupart d'entre eux. Tels sont le rhinocéros, l'hippopotame, le cochon, le tapir, et aussi les solipèdes : le cheval et l'âne.


ÉDOUARD et BERTHE. - Les solipèdes ?
 

MONSIEUR DUVERT. - Ils tirent leurs noms de la forme de leurs pieds qui se terminent par un seul doigt, renfermé dans un sabot unique.


CLAIRE. - Le seval et l'âne.

(Elle chante.)

À dada sur mon bidet,
Quand il trotte il fait...

BERTHE, sévèrement. - Eh bien ! Claire !


ÉDOUARD. - Les plus beaux chevaux sont les chevaux arabes ; n'est-il pas vrai, cher père ?

MONSIEUR DUVERT. - Certes ! ils sont de petite taille, mais bien faits, sveltes et nerveux. Je veux maintenant vous présenter un animal remarquable par la corne qui surmoule son nez.

BERTHE. - Le rhinocéros ?

MONSIEUR DUVERT. - Précisément.

     (Un rhinocéros paraît.)


ÉDOUARD. - Qu'il est grand ! 

MONSIEUR DUVERT. - Brute, sans intelligence, il est paisible et même timide.

BERTHE. - Est-ce un carnassier ?

MONSIEUR DUVERT. - Non, il se nourrit d'herbes et de racines.


ÉDOUARD. - Ainsi, le rhinocéros n'est pas méchant ?

MONSIEUR DUVERT. - Ordinairement. Cependant il est parfois sujet à des accès de fureur que rien ne peut maîtriser. En mille-cinq-cent-treize, un rhinocéros, envoyé au pape par Emmanuel de Portugal, fit périr le navire qui le portait.

     (Le rhinocéros sort.)

BERTHE. - L'hippopotame est-il plus féroce ?

MONSIEUR DUVERT. - Non. Bien que doué d'une force prodigieuse, il n'attaque jamais personne.

     (Un hippopotame paraît.)

EDOUARD. - J'ai lu que sa peau est à l'épreuve de la balle

MONSIEUR DUVERT. - Je l'ai lu aussi, mais je doute qu'elle résiste aux balles lancées par les armes nouveau système. (L'hippopotame sort.) Laissez-moi maintenait vous dire, mes enfants, que la famille des carnivores, c'est-à-dire des animaux qui se nourrissent de proies vivantes et qui ont un appétit sanguinaire, se divise en trois tribus, savoir :
    Les plantigrades, les digitigrades et les amphibies.
 
  Les plantigrades ont cinq doigts à chaque pied ; ils peuvent appuyer la plante du pied sur le sol.

ÉDOUARD. - Comme moi.

BERTHE. - Comme moi.

CLAIRE. - Comme moi aussi : ze suis une plantigrade.

MONSIEUR DUVERT. - Non, mes bons amis, nous appartenons tous quatre au premier ordre, qui ne comprend qu'un seul genre et qu'une seule espèce : l'homme ! 


CLAIRE. - Ze ne suis pas un homme, moi !

ÉDOUARD. - Écoute donc, Claire.

BERTHE. - Oui, tu interromps toujours.

CLAIRE. - Si ça m'amuse d'interrompre...

MONSIEUR DUVERT. - Ne vous fâchez pas, enfants. Les caractères de cet ordre, appelé l'ordre des Bimanes, sont : la stature droite, des mains aux membres antérieurs seulement, trente-deux dents et le pouce opposé à l'index ainsi qu'aux autres doigts. Regardez vos mains.

BERTHE. - C'est vrai.


ÉDOUARD. - C'est juste. 

MONSIEUR DUVERT. - L'homme a reçu un rayon de l'intelligence divine ; c'est le roi de la nature !


Toto (Dover publications inc.)

 

SCÈNE III.
 

Les Mêmes, TOTO, LOUISON.

 

BERTHE et ÉDOUARD. - Ah ! voici notre cousin Toto.

MONSIEUR DUVERT. - Et sa bonne.

 

M. DUVERT, CLAIRE, BERTHE et ÉDOUARD. - Bonjour, Toto.


TOTO. - Bonzour, mon oncle.

BERTHE et 
ÉDOUARD. - Et nous ?

T0TO. - Bonzour, cousin et cousines.

 


Louison (Dover publications inc.)

 

LOUISON. - Bonjour, monsieur Duvert, bonjour, monsieur Édouard et mesdemoiselles.


MONSIEUR DUVERT, ÉDOUARD. - Bonjour, Louison.

ÉDOUARD et CLAIRE. - Comme tu es beau, Toto !

TOTO. - Z'ai mon sabre.

EDOUARD. - Est-ce que tu pars pour la guerre ?

TOTO. - Non, ze pars pour le Luxembourg. (Air : La bonne aventure, ô gué).
Lorsque le petit Toto
Sort avec sa bonne,
Toujours il manze un gâteau
Que Louison lui donne,
Z' mange avec le même plaisir
Sou, meringue, éclair, plaisir !
Ma bonne est bien bonne, vrai !
Ma bonne est bien bonne !

CLAIRE. - Claire aussi aime bien les gâteaux.

MONSIEUR DUVERT. - On lui en achètera, ainsi qu'à Toto.

CLAIRE et TOTO. - Quel bonheur !

MONSIEUR DUVERT. - Puisque Toto a son sabre, il ne doit pas avoir peur.

TOTO. - Il n'a zamais peur.

MONSIEUR DUVERT. - En ce cas, nous allons lui faire voir quelques animaux.

LOUISON. - Des animaux ?

 

MONSIEUR DUVERT. - Féroces, mais doux comme des moutons : on a limé leurs dents, rogné toutes leurs griffes l

 

TOTO. - Z'aime bien les animaux : on m'a donné un seval en bois et un sien en carton pour mes étrennes.


MONSIEUR DUVERT. - Voici le tigre.

(Un tigre paraît.)

CLAIRE. - Oh ! le gros chat !

 

MONSIEUR DUVERT. - En effet, Claire a un peu raison : le tigre est un mammifère du genre chat. Il est à peu près de la même taille que le lion, mais il est plus bas sur jambes et plus mince que lui. Il a la tête plus petite et plus arrondie.


ÉDOUARD et BERTHE. - C'est vrai.

(Le tigre sort.)

 

MONSIEUR DUVERT. - Cette fois, voici un ours. Cet autre plantigrade est remarquable par sa taille, sa force, par la lourdeur de ses allures, et aussi par la facilité qu'il a de marcher debout sur ses pattes de derrière et de grimper sur les arbres.


ÉDOUARD. - Est-il vrai qu'il y en a des blancs ?
 

MONSIEUR DUVERT. - Oui, dans les mers polaires, sur les îles de glace. Ces derniers nagent et plongent très habilement. Vous pourriez, du reste, en voir au Jardin des plantes et au Jardin d'acclimatation, où je vous conduirai quelque jour.


ÉDOUARD. - Oh ! cher père, aujourd'hui même.

BERTHE et CLAIRE. - Oui ! oui !

MONSIEUR DUVERT. - Aujourd'hui ?

 

L0UIS0N. - Nous vous accompagnerons, monsieur, si toutefois vous voulez bien te permettre ?


MONSIEUR DUVERT. - Certainement.

BERTHE. - Vous consentez, cher papa ?

 

MONSIEUR DUVERT. - Il le faut bien. Je n'ai jamais le courage de vous refuser !


TOUS LES ENFANTS. - Quel plaisir !
 

BERTHE. - Nous allons voir vivantes toutes ces méchantes bêtes qui viennent de défiler devant nous.

 

ÉDOUARD. - J'emporterai du pain pour les chèvres et les oiseaux.

 

MONSIEUR DUVERT. - En ce cas, préparez-vous, mes chers amis. Nous allons au Jardin des plantes ; dimanche, nous ferons notre visite au Jardin d'acclimatation.


TOUS. - En route. (Air : Nous n'irons plus au bois).
Partons, vite, partons
Pour le Jardin des plantes ;
Dans ces courses charmantes,
Tous, nous nous instruirons !

 

(La toile tombe.)


     Cette saynète est à rapprocher de Les animaux de Paul Eudel :
http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/les-animaux.php
et de Pédantus de MTT, qui s'en inspirent.

http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/pedantus.php
 
 
 



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