THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

NICOLAS. - Oh ! ben, une taloche de plus ou de moins, c’est pas ça qui fait ; j'y suis habitué.

ARLEQUIN. - En ce cas, mon cher, puisque tu es si accommodant, je te prends à mon service. Mais j'aperçois quelqu'un. Je te parlerai dans un moment. Va à la cuisine.


NICOLAS. - Oui, monsieur, je vais y attendre vos ordres.

   (Il entre dans la cuisine).

SCÈNE VIII.

Arlequin , Flonflon .

homme silhouette theatre d`ombres ombres chinoises marionnettes
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84374221

ARLEQUIN. - Monsieur, j'ai l'honneur d'être votre serviteur.


FLONFLON, chantant. -
Mon cher monsieur, en vérité,
Vous avez bien de la bonté.


ARLEQUIN. - Puis-je, monsieur, savoir qui vous êtes ?

FLONFLON. - C’est trop juste.

Air : Reste, reste, troupe jolie.

Bravant les ris et la critique,
Visant universalité,
De vers je tiens une fabrique
Pour le talent et la galerie,
L’esprit, la jeunesse, la beauté,
Même, en m' prévenant huit jours d'avance.

Je fais, n'en soyez pas surpris,
Des impromptus de circonstance...
Et le tout au plus juste prix.

ARLEQUIN. - J'entends ; monsieur est poète. Mais quel est le genre que vous cultivez de préférence ?


FLONFLON. - Le vaudeville, le vaudeville. C’est le seul genre un peu propre, surtout quand on le traite à ma manière. Car vous n'ignorez pas... (Chantant).

Que c’est la façon de faire qui fait tout.

ARLEQUIN. - J'aime beaucoup les vaudevilles ; mais il me faut aussi d'autres pièces.

 

FLONFLON, chantant. - Ah ! N'en demandez pas davantage. Ah !


ARLEQUIN - Mais, monsieur, remarquez...

FLONFLON, chantant. -

Non, mon ami Thomas,
Tu n' sais pas c' que tu veux dire ;
Non, mon ami Thomas,
Non, je ne t'écoute pas.

ARLEQUIN. - Vous êtes pas mal malhonnête; quand je vous parle, c’est pour être écouté.


FLONFLON. - Soit ! je vous écoute.

ARLEQUIN. - C'est une tragédie qu'il me faut, et dans le genre d'Hernani, par exemple.

FLONFLON. - Ah ! Monsieur aime le théâtre étranger... hé bien, prenez mon vaudeville.

ARLEQUIN. - Il est fou. (Haut). Une tragédie en vaudeville...

FLONFLON. -
Vraiment, mon compère, voire,
Vraiment, mon compère, oui.


     Et le public y courrait. Cela aurait au moins l'attrait de la nouveauté.

Air : Des Cancans.

Du nouveau
Du nouveau

Du nouveau.
C’est ce qu'il faut ;

Du nouveau
Du nouveau...
C'est un mot
Qui fait écho.

Que demande le marchand ?
Que demande le chaland ?
Que demandent les spectateurs ?
Que ne trouvent pas les auteurs ? 

Du nouveau
Du nouveau
Du nouveau,
C’est ce qu'il faut.

Pensez-vous que plusieurs tragédies n'offrent pas des situations qui prêtent au vaudeville. Par exemple, Mithridate mourant unit Xipharès et Monime, ne peut-il leur dire :

Allez-vous-en gens de la noce.
Allez-vous-en chacun chez vous.

Pyrrhus poursuit Andromaque, dont il veut obtenir la main... Andromaque, qu'il ennuie, lui répond :

Inutile : vous en serez content, aussi vrai que je m'appelle. Flonflon.

Flon-Flon, lariradondaine,
Flon-Flon, lariradondé.

ARLEQUIN. - Hé bien, monsieur Flonflon, nous allons passer dans mon cabinet, et nous pourrons, peut-être, faire affaire ensemble.


FLONFLON. - Tout comme il vous plaira. (Il chante).

Hé gai gai, mon officier,
Allons à la guinguette...

 

ARLEQUIN. - Je vous rejoins, je n'ai plus qu'un mot à adresser à l'aimable compagnie que je vois là.


Air : de Madame Scarron.

Dans cette esquisse légère
Notre auteur eut le dessein

De faire rire et. de plaire :
Son fort est dans votre main,
Que de Flon-Flon chaque ouvrage

De vous tienne son éclat
Et que votre suffrage
Scelle notre contrat.


Approuvez (bis)
Cette œuvre légère ;
Et vous nous prouvez
Que nos efforts ont su vous plaire.
Mais pour loi,

Oui, pour loi.
Prenez l'indulgence.
Et chacun, je pense,
Aura bien rempli son emploi.

RIDEAU



Cette pièce d'ombres est tirée de l'ouvrage consultable et téléchargeable en ligne, auquel on pourra se reporter :

http://openlibrary.org/books/OL23549332M/Histoire_de_ce_spectacle_depuis_son_origine_jusqu'a_sa_disparition_1776-1870.
 
 
 



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