THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LA  FÉE. - Restez aussi, je vous l'ordonne.

SCÈNE  III

Le théâtre change et représente la maison de Mathurine.

Mathurine, Dorothée.

 

DOROTHÉE. - Oui, ma mère, il était ici il n'y a qu'un instant, et je lui avais fait promettre de nous attendre. Mais il paraît qu'il se sera impatienté.

MATHURINE. - D'après ce que tu m'as dit, cela m'a l'air d'un fou et j'aime autant qu'il ne revienne pas. Mais ce n’est pas de lui qu'il s'agit, c’est de notre bonheur... Voilà, grâce au don que tu as reçu, notre fortune faite... Ah çà, il faudra avoir soin de ne pas nous laisser manquer d'eau. Toi et ta sœur, vous irez chacune à votre tour à la fontaine ; mais je ne saurais trop t'engager à ne pas apprendre à tout le monde ce qui nous arrive, car les habitants misérables de ce village, et Dieu fait s'il y en a, tomberaient tous chez nous.

DOROTHÉE. - Ma mère, il serait pourtant si doux de les soulager !

MATHURINE. - Pardine oui, un tas de gueux comme ça. Ils n'ont qu'à travailler. Mais j'entends du bruit, c'est sans doute Fanchon. 

 

SCÈNE  IV.

 

Les mêmes, Fanchon, accourant.

 

FANCHON. - Ah ! ma mère, je suis perdue.

MATHURINE. - Oh ! Dieu , quelle horreur !

FANCHON. - C’est ma sœur qui est cause de mon infortune.

DOROTHÉE. - Hélas ! ma pauvre sœur, en quoi suis-je coupable ?

MATHURINE. - Oui, monstre, c'est toi qui causes son malheur ; tu l'as trompée pour la perdre. Sors d'ici, malheureuse ! sors de cette maison... Je ne sais ce qui me retient que je ne t'assomme !

DOROTHÉE. - Quoi ! ma mère, vous me chassez ?

MATHURINE. - Oui, pour jamais !

DOROTHÉE,  se dirigeant vers la porte. - Grands Dieux ! que vais-je devenir ?

 

SCÈNE  V.

 

Les mêmes, la Fée, le Prince, Arlequin.

 

(Au moment où Dorothée va sortir, la fée paraît et l'arrête.)

 

LA  FÉE. - Restez, Dorothée, c’est moi qui vous en prie.

ARLEQUIN, à part. - La pauvre petite est dans les larmes. Est-ce que ce serait de ne plus m'avoir vu ?

FANCHON. - Ô ciel ! c’est la méchante Fée à qui je dois mon affreux visage.
(Elle veut sortir.)

LA  FÉE. - Restez aussi, je vous l'ordonne.

ARLEQUIN, à part- Oh ! le vilain laideron ! Pourvu qu'elle ne devienne pas amoureuse de moi. Je ne serais pas flatté de jeûner pour elle !  

LA  FÉE. - Dorothée, je n'ai pas oublié que, lorsque j'étais sous les habits d'une pauvre vieille, vous m'avez tendu une main généreuse ; j'ai voulu vous en récompenser. Mais sachez, ma chère enfant, que ce n’est point le hasard qui m'avait amenée près de vous, depuis longtemps je vous portais un vif intérêt. Vos vertus vous méritaient un sort heureux ; j'avais fait parvenir au prince Almanzor, mon filleul, votre portrait, pour le rendre amoureux de vous.

LE  PRINCE. - Oui, divine Dorothée, sans savoir en quel lieu du monde vous résidiez, je me suis mis en route pour vous trouver. Le hasard ou plutôt ma bonne marraine, à mon insu, m'a rendu témoin de votre bon cœur et m'a fortifié, plus que jamais, dans l'intention de vous épouser...

DOROTHÉE. - Qu'entends- je ? Se peut-il ?...

ARLEQUIN. - La vérité, la belle, et qui pis est, je ne suis plus amoureux de vous.

DOROTHÉE. - Mais ma mère, ma pauvre sœur ?

LA  FÉE. - Quoique votre mère ait été injuste à votre égard, je veux bien lui pardonner.

MATHURINE. - Que de bonté !  Dorothée.Va, ma pauvre enfant, je me repens bien de t'avoir maltraitée.

LA  FÉE. - Quant à Fanchon, elle s’est montrée trop endurcie pour que je ne prolonge pas sa pénitence ; mais si elle peut se repentir, je lui promets, en votre faveur, de l'abréger.
(Fanchon s'éloigne en levant les mains au ciel.)
Soyez heureux tous les deux, et n'oubliez jamais qu'un bienfait obtient toujours sa récompense.

 

RIDEAU


FIN  ALTERNATIVE

par l'auteur du site.
 

     La servante entre et se jette sur Arlequin en criant : "Mon amour, je te reconnais. Tu es celui dont j'ai toujours rêvé ! Embrasse-moi !" Elle se précipite sur Arlequin qui se sauve en criant : "Au secours !"

 

     Une autre version du conte est visible sur : 

http://theatredemarionnettes.wifeo.com/les-fees.php

     Cette pièce est tirée de l'ouvrage : http://urlz.fr/6oy7.
 

 
 



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