THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

MONSIEUR  DE  TURENNE  EN  ALSACE

La cigogne d'Alsace, agrippée à son toit,
S'ébroue en contemplant d'en haut ce qu'elle voit.


Ce sont de lourds canons qui passent par la plaine ;
Honneur aux escadrons de Monsieur de Turenne
Soldats de Malplaquet, soldats de Fontenoy,
Dragons du maréchal de Villars, les ancêtres,
Chevauchant par les bois de sapins et de hêtres,
Dominant les chemins que demain nous suivrons,
Vainqueurs des Impériaux, superbes escadrons !

EN  ALSACE

L'heure du grand réveil sonne, le coq gaulois
Ouvre ses ailes, chante au-dessus de l'Alsace ;
L'écho joyeux répond., son cri remplit l'espace.
On va donc les revoir, les frères d'autrefois !
Oui, c'est le coq dressant les plumes de sa queue,
L'immortel Chanteclair, vous l'avez reconnu ;
Et derrière la ligne bleue
Cesse la plainte des vaincus.

Les voici nos dragons, franchissant la frontière.
D'un geste brusque ils ont renversé le poteau.
Pour le combat ils ont tiré hors du fourreau,
Après un long repos, la terrible rapière.
Ils chargent ! C'est Mulhouse, Altkirch !

La fin du jour
Les verra dans Colmar — demain Metz et Strasbourg !
À ces soldats vaillants l'espérance est permise ;
Ils ont franchi le seuil de la terre promise.

SEPTEMBRE  1914

Mais un arrêt soudain ! Ce n'est pas l'heure encor.
 

La Belgique envahie, on se bat dans le Nord.
Charleroi., la retraite., et tout près de l'abîme
Nos poilus se dressent dans un élan sublime.

Halte ! Il faut arrêter la grande chevauchée.

Voici qu'il faut descendre au fond de la tranchée ;
Nos superbes soldats subissant le destin,
Cavaliers à l'aurore et le soir fantassins,
Creusent le sol boueux, portent des sacs de terre,
Construisant des abris, et c'est cela la guerre.