THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LES  POILUS  À  TRAVERS  LES  ÂGES

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6527621c.r=Les+Poilus+%C3%A0+travers+les+%C3%A2ges%2C+ombres.langFR

ombres et poème par Henriot

1918

domaine public



PROLOGUE


C'est la nuit et la neige tombe.
On entend le fracas des bombes.

Le poilu veille à son créneau ;
La patrouille arrive piano.
Échange du mot : elle passe.

Bravant le feu, bravant la glace,
Le poilu, le fusil au poing,
Sur la terre regarde au loin.

Mais voici que dans les nuées,
Fantômes clairs sous les buées,
Des cavaliers, sabres au clair,
Soudain chevauchent dans les airs.

Des fantassins ! ceux de Bouvines,
De Denain ou de Fontenoy,
Portant piques et coulevrines,
Pour la Patrie et pour le Roy !

Oui, ce sont ceux des épopées,
Héros brandissant des épées,
Des oriflammes, des fanions,
Des bannières fleurdelysées,
Du passé, nobles bataillons !

Tous, régiments comme escadrons,
Chantent leur gloire dans l'espace ;
Messieurs, c'est le Rêve qui passe.

LA  GUERRE  DE  TROIE

Antiquité ! premier dragon !
Saluez le bouillant Achille,
Lequel serait fort tranquille,
N'était son talon.
Du mont Ida, les trois déesses,
La blonde Vénus sans jupon.
Junon, la Reine, avec son paon.

La belle Hélène qui, dit-on,
En ce temps fit marcher la Grèce !
« Pour Constantin, quelle leçon ! »
Ménélas, le Roi bon garçon
Qu'aucune corne n'épouvante.

Mais les Grecs assiègent Ilion !
Le meilleur tour de leur façon
Fut un quadrupède, dit-on,
Tout en bois de construction,
Qui contenait dans son croupion
Plus de dix mille bataillons
De fantassins et de dragons.


 

     (Parlé : Messieurs, le cheval de Troie et ce qu'il y avait dans le cheval !)


 

LES  HUNS

Ancêtres des poilus, nos grands-pères gaulois
Aux barbares d'alors opposent leurs poitrines;
Et les Huns d'Attila, par la plaine et les bois,
Sèment partout l'effroi, la mort et la ruine.


 

CÉSAR  FRANCHIT  LES  ALPES


Contre les Goths et les Teutons

César entraîne ses légions.

     (Cette histoire-là fut naguère L'objet de quelques commentaires.)


 

ROLAND  À  RONCEVAUX

La France dans ce siècle eut deux grandes épées,
Deux glaives : l'un royal et l'autre féodal ;
Toutes les deux du même sang furent trempées !
L'une eut pour nom Joyeuse et l'autre, Durandal.
C'est Durandal ici dont vous voyez l'image.
Charlemagne la donne à son neveu Roland.
 

Contre l'avant-dernier des fiers Abencérages
Roland part du pied gauche et sonne l'olifant.
 

Hélas ! il existait encor des Pyrénées !
Déplorable infortune et tragique épopée !
Cent mille rocs sur lui tombèrent à la fois.
Ah ! que le son du cor est triste au fond des bois !


 


 
 



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