THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

Il fera froid dans les tranchées.
Trop souvent du froid du tombeau !
On y passera deux années,
Les pieds dans la boue et dans l'eau.
Mais qu'importent glace ou mitraille.
Le bon poilu « ne s'en fait pas ».
La mort ? il la brave, il la raille.
Chacun est mortel ici-bas.
Sachant que de tout il faut rire,
Le bonhomme, soldat français,
S'amuse, en fils de Rabelais !
Éclats de bombe, éclats de rire !


LES POILUS S'AMUSENT

Pêche à la ligne dans les tranchées.

La permission. - Attendez-moi !
 

Modes de Paris.
 

Entre les deux, son cœur balance.
 

Je promène mon filleul.
 

La croix de guerre.

Le jus.

Un envoi des Marraines.

Le bon cantonnement.

Salut aux blessés.

On dit que nous rigolons tout le temps dans les tranchées.
 

Un litre de pinard.

Un coup de pinceau.


Sa décision.

Les totos.

On ne peut vous servir qu'à six heures du soir.

En Italien, nous appelons Jeanne d'Arc Garibaldi.


CHANSON  DE  LA  MARRAINE

J'avais une marraine,
Que mon cœur, que mon cœur

Est sans peine.
J'avais une marraine
Et ne fais qu'y songer.

Elle m'écrivait de si douces lettres,
Pleines de tendresse et presque d'amour,
Que j'imaginais qu'elle devait être
Adorable et plus belle que le jour.

Et dans mon gourbi, le soir, à la lune,
Pour fuir le cafard, ce songe ennuyeux,
Je me figurais ma marraine brune
Avec le teint mat et de grands yeux bleus.

Après tout, peut-être qu'elle était blonde,
Charmante Vénus, avec des frisons,
Ma marraine était pour moi tout au monde,
Et je rêvais d'elle au son du canon.

Voilà l'autre jour que mon tour arrive
Et pour son pays j' pars en permission.
Je prends donc le train omnibus pour Brives,
Ousque ma marraine avait sa maison.

poi

J'arriv' le matin, je sonne à la porte,
Mais dans l'escalier je faillis m'asseoir ;
C'est un monstre affreux, une femme torte,
L'être le plus laid que l'on puisse voir.

 
 



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