THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

     Le cerf se nourrit d'herbes, de boutures et d'écorce d'arbre ; sa peau fournit un cuir souple et durable ; les couteliers et les fourbisseurs emploient utilement son bois. La durée de sa vie est fort longue, mais il est très rare qu'il l'achève naturellement.
(Le cerf sort.)



SCÈNE VIII.

Les Précédents, cachés ; L'AUTRUCHE.


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PÉDANTUS. - L'autruche. C'est le plus grand de tous les oiseaux ; elle paraît presque aussi haute qu'un homme à cheval : elle a communément sept pieds de hauteur ; son plumage est un mélange de noir et de blanc.
     L'autruche habite les contrées brûlantes de l'Afrique et de l'Asie, et ne se multiplie point hors de son pays natal ; elle se plaît dans les lieux sauvages et solitaires où rarement la pluie tombe. On assure qu'elle ne boit point. Elle se nourrit indistinctement de tout ; il ne lui faut pas une nourriture bien recherchée pour satisfaire son appétit, et elle digère avec une incroyable facilité ; la femelle pond de quarante à cinquante oeufs par chaque couvée. Il n'y a point d'oiseaux qui puisse porter plus loin la tendresse et les soins pour ses petits. Son plumage, ses oeufs et sa chair sont fort recherchés. On rapporte que lorsque l'autruche est poursuivie par des chasseurs, elle cache sa tête derrière un arbre, et s'imagine n'en point être vue, parce qu'elle ne les voit pas.

(L'autruche sort.)



SCÈNE IX.

Les Précédents, cachés ; LE PAON.

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PÉDANTUS. - Le paon. Nous n'aurions pas de termes pour exprimer la beauté du paon, s'il fallait entrer dans les détails de ses superbes nuances. Quand il étale sa queue, il n'y a pas un seul oiseau qui lui soit comparable pour l'élégance et la magnificence ; mais son cri perçant et désagréable diminue beaucoup le plaisir que cause le brillant de ses couleurs. D'un autre côté, sa gourmandise insatiable et son caractère destructeur contribuent encore davantage à lui faire perdre l'intérêt qu'inspire son incomparable beauté.
     C'est des Indes orientales que les paons ont été d'abord apportés en Europe : cet oiseau était trop beau et sa chair trop délicate pour qu'on le laissât dans ses retraites natales. Dès le temps de Salomon, on a vu le paon parmi les choses précieuses que ses flottes rapportaient. Les Grecs avaient aussi une prédilection particulière pour cet oiseau, et le premier paon qu'on montra dans Athènes fit faire à bien des personnes le voyage de Lacédémone dans cette ville pour le voir.

     Le paon vit de grains comme les autres volailles, mais sa nourriture de goût est l'orge ; il s'accommode aussi de plantes tendres et d'insectes. Sa femelle pond cinq à six œufs, qu'elle lui cache avec soin de crainte qu'il ne les casse.
(Le paon sort.)


SCÈNE X.
 

 

PÉDANTUS, CHARLES.


PÉDANTUS, entrant à reculons par la gauche. - J'espère, monsieur Charles, que voilà une excellente leçon ; qu'en pensez-vous ?

CHARLES, entrant aussi par la gauche. - Moi, je pense que nous n'avions pas besoin de venir de si loin pour voir ces animaux-là.

PÉDANTUS. - Vous trouvez ?

CHARLES. - Mon dieu, oui. À Paris, on les voit quand on veut. N'avons-nous pas chez Franconi le cerf Coco et l'éléphant Baba ? Ne rencontre-t-on pas, tous les jours dans les rues, des ours muselés qui tiennent un bâton et que l'on fait danser ? Et pour le reste, ne peut-on pas aller au Jardin des Plantes ?

PÉDANTUS. - Au Jardin des Plantes... au Jardin des Plantes... petit sot ! on y voit des animaux, il est vrai, mais des animaux fatigués d'une longue captivité, qui n'ont ni vivacité ni force, et qui ne nous présentent plus que les ombres de ce qu'ils devraient être.

CHARLES. - Tenez, monsieur Pédantus, si vous m'en croyez, nous retournerons en France, ou bien nous irons dans d'autres pays plus amusants que celui-ci, car je commence à m'y ennuyer.

PÉDANTUS. - Quoique votre observation ne soit pas fort aimable, monsieur Charles, j'y souscrirai volontiers, espérant que vous me tiendrez compte de ma complaisance, et qu'elle tournera au profit de votre éducation. Notre aérostat n'ayant éprouvé aucun choc, pourra peut-être nous servir encore dans une nouvelle excursion.

CHARLES. - Je cours me placer dans la nacelle.
(Il se retourne et sort par la gauche. )



SCÈNE XI.

PÉDANTUS seul, au Public.


PEDANTUS. - Quant à vous, messieurs, si, comme mon élève, vous n'êtes pas très partisans de ma méthode, ni contents de ma leçon d'histoire naturelle, indiquez-moi, je vous prie, un autre plan d'éducation ; mais si, au contraire, vous êtes satisfaits de ma manière d'enseigner, faites en part à vos amis et à vos connaissances.
(Il sort par la gauche.)

     (Un instant après on voit leur ballon traverser obliquement les airs, de l'angle inférieur de gauche à l'angle supérieur de droite, et disparaître à tous les yeux.)


RIDEAU
 


     Une autre saynète -par Paul Eudel- présente des animaux :
http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/les-animaux.php

     On pourra consulter Une leçon de zoologie du théâtre Séraphin, sur le même thème :
http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/une-lecon-de-zoologie.php

 ,  De Séraphin, encore, on trouvera des indications pour réaliser une saynète avec des animaux :
http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/defiles.php

     Enfin, deux autres saynètes de MTT sont disponibles à partir de :
http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/m-t-t-.php

 
 



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