Alors, un naufragé (ou plutôt Robinson) passe à la mage, et s'écrie :)
ROBINSON. - Reverrai-je jamais ma mère ?
(Robinson arrive jusqu'au rocher du tableau.
Il cherche vainement à monter dessus. Ses mains glissent.
Au bout de quelque temps, cependant, on voit son corps en partie hors de l'eau. Il a réussi à s'accrocher au rocher.
Robinson pousse alors un soupir de soulagement, lève la tête s'écrie :)
ROBINSON. - Mon Dieu, je suis sauvé !...
Le rideau tombe.
ACTE TROISIÈME
Robinson dans son île.
ACTE TROISIÈME
ROBINSON DANS SON ÎLE. - DÉLIVRANCE DE VENDREDI.
SCÈNE I
LE PERROQUET. - (il vient se percher sur une des branches d'un arbre du rocher.) Cocotte ! Cocotte ! petite Cocotte !. Médor ! Médor !
SCÈNE II
LE PERROQUET, LE CHIEN (Il vient du rocher et se
retourne vers le perroquet.)
LE CHIEN. - Ouaou ! Ouaou ! Ouaou !
LE PERROQUET. - Médor !
LE CHIEN. - Ouaou ! Ouaou ! Ouaou !
LE PERROQUET. - À l'enclos, Médor ! à l'enclos !... allez vite ! allez vite ! (Le chien sort.)
SCÈNE III
LE PERROQUET. - Cocotte ! petite Cocotte !
SCÈNE IV
LE PERROQUET. DEUX CHÈVRES ET UN BOUC venant du rocher et poussés par le CHIEN.
LE CHIEN. - Ouaou ! Ouaou ! Ouaou !
LE PERROQUET. - À l'enclos, Médor ! à l'enclos ! allez vite ! allez vite ! (Les chèvres et le chien sortent par la gauche.)
SCÈNE IV.
LE PERROQUET. - Cocotte ! Cocotte ! petite Cocotte ! petite Cocotte !.. as-tu déjeuné, Cocotte ? oui ! oui ! oui ! oui ! oui ! oui ! et de quoi ?... du ro.. mignon, du ro.. Robinson !... Robinson !..
SCÈNE V
LE PERROQUET, ROBINSON.
ROBINSON (sortant du rocher). - Il est temps d'aller à l'ouvrage : j'entends mon perroquet qui m'appelle... (Il se retourne vers le perroquet) voilà, Cocotte ! as-tu déjeuné Cocotte ?
LE PERROQUET. - Oui ! oui ! oui ! oui ! oui ! oui ! oui !
ROBINSON. - Mes chèvres sont allées à l'enclos ; il parait que Médor a été docile à la voix de mon perroquet (il rentre au rocher et revient arec le perroquet sur son panier.)
LE PERROQUET. - À l'enclos, Médor ! à l'enclos ! allez vite, allez vite, Robinson ! Robinson ! pauvre Robinson !
ROBINSON. - Charmant oiseau, que ta voix fait de bien à mon âme. Hélas ! depuis que je suis dans cette île déserte, je n'ai pas entendu d'autres paroles que les tiennes... Ainsi, l'a voulu le ciel pour me punir. Malheureux que je suis ! Quel a été mon sort depuis trente-quatre ans et surtout pendant les premières années de mon séjour dans cette île, où j'étais dépourvu de tout ce qui est nécessaire à la vie ?... Que dis-je ? j'étais alors moins malheureux encore qu'aujourd'hui ; car je croyais mon île tout-à-fait déserte et je la parcourais en toute sécurité ; mais depuis que j'ai trouvé sur le sable la trace d'un pied d'homme, bien marquée ; depuis que j'ai reconnu qu'une partie de mon île était souvent visitée par des sauvages cruels qui se nourrissent de chair humaine ; je suis, sans cesse, tourmenté par la crainte d'être surpris et mangé par ces barbares. Aussi, mon premier soin tous les matins, est d'aller à la découverte. (Il avance vers la mer.) Voyons donc, si je n'apercevrai pas en mer quelque canot (Il marche vers la mer)... Qu'est-ce ; en voici venir un, je pense... oui, c'est un canot, je ne puis en douter... montons cependant dans mon rocher, afin de mieux le découvrir (Il se retourne et rentre dans le rocher).
SCÈNE VI
ROBINSON (de son rocher ; il paraît regarder vers la mer). - Oui, c'est un canot ; ce sont des sauvages, ils ont un, deux prisonniers. Sans doute, qu'ils les amènent ici pour les assommer et les manger... ainsi, je vais les voir se repaître du sang de ces malheureux ! Ah ! si je pouvais empêcher leur horrible festin !... mais je suis seul et ils sont en trop grand nombre pour que je puisse songer à les attaquer... non, tout ce que je puis, c'est d'attendre ici que quelque heureuse circonstance les fasse s'écarter et me permette alors de sauver la vie à ces malheureux prisonniers... les voici près du rivage ; il vont débarquer ; examinons sans bruit toutes leurs actions et profitons du moment favorable, s'il se présente (il baisse un peu sa lunette comme s'il regardait sur le rivage et reste dans cette position jusqu'à ce que les sauvages entrent en scène).
SCÈNE VII
On voit passer et rentrer aussitôt une partie de la pirogue Il en débarque d'abord une bande de trois sauvages, au son de sa trompette.
Ils sont suivis par une bande de sauvages escortant les prisonniers.
Enfin, un autre groupe de sauvages ferme la marche. Ces trois bandes, après être sorties du côté du rocher, reviennent dans le même ordre vers la mer.
SCÈNE VIII
Un sauvage se dirige vers le rocher, quand il en est près, il se retourne vers la mer et chante :
SAUVAGE. -
Allina o taï dou
Uvénor raï mava
Pénini onden nidou
Houau mënou dentola.
SCÈNE IX
LE MÊME (on voit arriver la bande des quatre sauvages qui ne danse qu'au refrain).
LES SAUVAGES. -
Ovaho, avahé, avahou tada
Ovaho, avahé, avahou ta (bis)
Allina, etc.
(Après plusieurs danses, les sauvages se retirent tous vers la mer.)
SCÈNE X
Un sauvage, venant du rivage, entre et se retourne en criant :
SAUVAGE. - Ihalo !... ihalo !