(Changement de décor : au bain).
Un jour la Reine se rendit au bain ; après avoir renvoyé ses servantes, elle descendit les degrés de marbre, et commença à jouer nonchalamment avec les pétales de roses sauvages qui flottaient sur l'eau.
Tout à coup elle entendit une voix coassante qui disait :
LE CRAPAUD. - Ô Reine, réjouis-toi, car le plus grand désir de ton cœur va être satisfait.
LA REINE, effrayée. - Qui parle ?
LE CRAPAUD. - Regarde derrière toi, et ne tremble pas, car je viens t'apporter de bonnes nouvelles.
(La Reine se retourne et aperçoit le crapaud).
LA REINE. - Et que m'annoncez-vous, Monsieur le Crapaud ? que le plus cher vœu de mon cœur va se réaliser ? Comment connaissez-vous mes désirs ?
LE CRAPAUD. - Ce que tu souhaites le plus au monde, c'est d'avoir un petit enfant.
(La Reine hoche la tête affirmativement).
LE CRAPAUD. - Très bien. Vois-tu les feuilles vertes de cet amandier ?
LA REINE. - Oui, je les vois.
LE CRAPAUD. - Ses feuilles vertes se faneront et le vent de l'hiver les fera tomber. Alors ses branches seront dépouillées, mais le printemps viendra, et avant que les feuilles renaissent, ses rameaux seront couverts de fleurs. Lorsque cet épanouissement arrivera, un petit enfant reposera sur ton sein.
LA REINE. - Puisses-tu dire vrai..
(L'écran s'éteint. On se retrouve au château).
NARRATEUR. - Et en effet, lorsque le printemps est revenu et que les branches se sont couvertes de fleurs, la Reine mit au jour une petite fille si belle que personne n'en avait jamais vu une pareille.
ombre élaborée à partir de :
http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/arts-decoratifs/collections-26/parcours-27/chronologique/xixe-siecle/les-salles-302/la-duchesse-de-berry/berceau-de-parade-du-duc-de
Maintenant le bonheur remplissait les cœurs de tous les habitants du royaume !
Toutes les cloches des églises sonnèrent ; des drapeaux furent mis aux maisons et des banderoles suspendues à travers les rues.
Puis les canons tirèrent : Boum, Boum, Boum, pour annoncer au peuple que tous avaient un jour de repos afin que le plus riche seigneur aussi bien que le plus modeste paysan puisse se réjouir du bonheur de la Reine.
LE ROI. - Jamais il n'a existé une enfant aussi belle ! Comment l'appellerons-nous ?
LA REINE. - Elle s'appellera Primerose !
LE ROI. - Sans aucun doute, c'est un prénom magnifique, digne d'une princesse.
NARRATEUR. - Le baptême eut lieu quelques semaines après sa naissance. Ce fut une fête splendide, car tous les seigneurs et les grandes dames du royaume y assistèrent dans leurs plus riches habits, ainsi que les princes et les ambassadeurs des pays les plus éloignés.
Au Palais un magnifique repas avait été préparé. Pour fournir les cuisines, les chasseurs avaient dû travailler. Bêtes à bois, ours, durent payer un lourd tribut au festin. Et même... (Vision du chat). Mais je préfère ne pas en parler.
On servit sur des plats en argents les mets les plus raffinés du royaume. (Défilé éventuel de serveurs sur une musique enjouée).