THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LA CHAMBRE DE LA VIEILLE FILEUSE


Chambre très rustique. La vieille paysanne file et chante.

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ombre de Paul Eudel

LA FILEUSE. (Chanson populaire)

Derrière chez mon père,
Un oiseau il y a
Un oiseau
À la volette
Un oiseau il y a.

Il dit tous les jours
Qu'il s'envolera
Qu'il s'envole
À la volette
Qu'il s'envolera.

Il s'est envolé
Sur un chêne au bois
Sur un chêne
À la volette
Sur un chêne au bois.

     (Les autres couplets à volonté).

LA PRINCESSE, frappant légèrement à la forte, l'entrouvrant et passant sa tête. - Coucou ! Bonjour Madame !

LA FILEUSE. - Entrez, entrez ma belle.

LA PRINCESSE. - J'ai entendu de loin votre chanson et je suis venue jusqu'ici... Alors, vous habitez la tour, et c'est votre chambre ?

LA FILEUSE. - Oui, mon enfant.

LA PRINCESSE, regardant partout, étonnée et amusée. - J'aime ce vieux fauteuil, il est joli ! Oh ! Ce bahut ! Qu'il est amusant ! (Elle s'assied sur un petit tabouret auprès de la fileuse). Vous chantiez tout à l'heure une chanson que je ne connais pas. Voudriez-vous me la chanter ? J'adore les chanson.

LA FILEUSE. - Volontiers, mon enfant. (Elle chante la même chanson).

LA PRINCESSE. - Cette chanson est bien jolie. Vous me l'apprendrez, n'est-ce pas ? Je reviendrai vous voir souvent, car nous allons rester tout l'été dans ce château.

LA FILEUSE. - J'aurai plaisir à vous voir, ma fille, car j'aime la jeunesse... et vous me paraissez aimable.

LA PRINCESSE. - Mais que faisiez-vous donc quand je suis entrée ?

LA FILEUSE. - Je filais, ma belle enfant.

LA PRINCESSE. - Vous filiez ? Voilà quelque chose que je ne connais pas.

LA FILEUSE. - Vraiment ? De mon temps, toutes les fillettes savaient filer.

LA PRINCESSE. - Voulez-vous me montrer, Madame ?

LA FILEUSE. - Avec plaisir, mon enfant. Regardez : je serre ma quenouille sous mon bras, je tords le fil qui s'enroule autour du fuseau qui tourne vite, vite... (Elle file).

LA PRINCESSE. - Oh ! Que c'est joli !

LA FILEUSE. - Ne voudriez-vous point essayer ?

LA PRINCESSE. - Oh si ! Donnez-les moi que je voie si j'en ferais autant. (Elle s'avance pour prendre la quenouille ; aussitôt, elle se renverse, évanouie).

LA FILEUSE, se précipitant. - Qu'avez-vous, ma chère enfant ? Vous vous êtes piqué la main avec le fuseau ? Ce n'est rien... Revenez à vous... Ouvrez les yeux... Mais elle est évanouie. (Elle appelle). Au secours ! Au secours !

(La dame d'honneur accourt).

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LA DAME D'HONNEUR. - Elle est sans connaissance ! Vite, de l'eau. (Elle lui asperge le visage). Frappez-lui dans les mains pendant que je délace son corsage... Ciel ! Voici le Roi !...

LE ROI. - Retirez-vous, mes bonnes femmes. La princesse ne s'éveillera pas. Transportez-la dans sa chambre. Son sommeil va durer cent ans. Ainsi l'on prédit les fées !



LE SOMMEIL DE LA BELLE

     La chambre de la Princesse. La Belle est étendue sur un lit. La Reine, aidée d'une Dame d'Honneur, termine en pleurant l'arrangement du lit. Le Roi pleure silencieusement.

LA REINE. - Là... mettons encore ce voile rose sur notre pauvre enfant. Arrangeons ses boucles blondes... (Elle la contemple). Qu'elle est belle ainsi !

LA DAME D'HONNEUR. - Ses joues sont roses comme des fleurs... ses lèvres pareilles à du corail.

LE ROI. - Elle dort tranquillement. L'entendez-vous respirer doucement ?

LA REINE. - Ne dirait-on pas un ange ? Oh ! Ma fille, plus jamais je ne verrai ses beaux yeux... (Elle pleure plus fort).

LE ROI. - J'ai mandé un médecin célèbre. Qui sait s'il ne trouvera pas un remède pour la tirer de ce sommeil. (À la dame d'honneur). Madame, voulez-vous demander s'il est arrivé ?

     (La dame disparaît une minute).

LA DAME D'HONNEUR. - Sire, le voici. (Elle sort).

LE MÉDECIN, saluant profondément. - (Il examine la Princesse endormie). Hélas, Sire, la science est impuissante à faire cesser l'enchantement. Il n'est pas en mon pouvoir d'éveiller la Princesse. Je puis, du moins, vous assurer qu'elle se porte à merveille. (Il salue et sort).

LA DAME D'HONNEUR. - Sire, la fée des Fleurs vient d'arriver dans un char tiré par trois dragons.

LE ROI. - Je vais aller la recevoir. (Il sort).

LA FÉE DES FLEURS. - (Elle entre suivie du Roi et de la dame d'honneur. Elle s'approche du lit). Chère enfant, vous voilà donc endormie pour un siècle ! En vérité ma baguette lui a donné la beauté parfaite.

LA REINE. - Oh ! Chère Fée, je passerai le reste de mes jours à pleurer mon malheur.

LA FÉE DES FLEURS. - Non pas ! Vous allez dormir en même temps que votre fille. Je vais faire le tour du château et je toucherai de ma baguette les gardes, les valets, les cuisiniers, les servantes, les chevaux et les chats qui s'endormiront pour cent ans. Pensez donc, si la princesse, en s'éveillant, se trouvait seule dans ce vieux château, elle serait bien embarrassée !

LE ROI. - Quelle bonne idée ! Ainsi la vie sera simplement suspendue pendant cent ans. Et nous nous éveilleront en même temps que notre chère enfant !

LA REINE. - Et nous reverrons ses beaux yeux... et nous entendrons sa douce voix ! Ah ! Chère fée des Fleurs ! Laissez-moi l'embrasser encore une fois avant de m’endormir. (Elle embrasse la princesse).

     (Coups de baguette de la fée. Les personnages se groupent pour dormir. La fée sort doucement).

Musique très douce (Rêverie ou berceuse) ou couplets de Bouchor.

Chantons la Belle au bois dormant,
Dormant au bois si longuement,
Chantons la Belle au bois dormant,
Plus belle que les fleurs du mois charmant.

La blonde enfant repose
Dans un château très vieux,
Sa joue est blanche et rose,
Mais nul n'a vu ses yeux, etc...

 

LE PRINCE CHARMANT

 

NARRATEUR. - La fée plongea tout le château dans un profond sommeil.

 

 
 



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