THÉÂTRE D'OMBRES ET DE SILHOUETTES

LE  CAPITAINE. - Assez causé. Au moins, si nous n'avons pas été heureux à cette dernière expédition, il faut espérer que nous le serons davantage à celle-ci. Ne vous découragez pas pour cela ; songeons à aller faire une visite dans les lieux de nos trésors, avant de nous mettre en route. Toi, Pied-de-Bœuf, tu vas rester en sentinelle pour nous avertir si tu entends quelqu'un.
 
PIED-DE-BŒUF. - Oui, capitaine. Tu le vois, Casbourg, pourquoi suis-je choisi ? Parce que je suis plus brave que toi.

CASBOURG. - Dis donc parce que tu es le plus lâche, et que le capitaine veut te faire changer.

LE  CAPITAINE, s'approchant du rocher. - Sésame, ouvre-toi ! (La porte s'ouvre).

(Tous les voleurs entrent, excepté Pied-de-Bœuf).

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Voleurs chargés de butin.
 

SCÈNE  III.

 

Ali Baba caché, Pied-de-Bœuf se promenant en tremblant.

ALI  BABA, ayant entendu les paroles prononcées par le Capitaine. - Je n'oublierai pas ces paroles-là .

PIED-DE-BŒUF. - Quel triste métier que le mien !...

ALI  BABA. - Je te crois.

PIED-DE-BŒUF. - Hein ? J'ai cru entendre. (Il écoute). Il me semble toujours...Mais ce sont mes oreilles qui me cornent... Ce n'est pas pour dire... je ne suis pas trop rassuré ici... Heureusement que personne ne me voit...

ALI  BABA. - Oui, heureusement.

PIED-DE-BŒUF, tremblant. - Ce n’est pas que j'aie peur. (Il regarde autour de lui). Mais si c'était quelqu'un... C’est de ce côté que doit venir Gennaro. (Montrant la droite). Plaçons-nous en face, pour n'être pas pris au dépourvu. (Il s'assied sur une pierre qui est au bas du rocher). Oui, je suis très bien, assis. Maintenant, je ne tremble plus.

ALI  BABA, d'une grosse voix forte. - Tremble !

PIED-DE-BŒUF. - (
La peur le suffoque, le fait sauter de dessus son siège et tomber par terre.. Il parle). Holà ! On a parlé. (Se couchant sur une oreille). Ecoutons... (Il se relève). C’est une plaisanterie... je te connais.


ALI  BABA. - Je te connais.

PIED-DE-BŒUF. - C'est un de mes acolytes qui veut éprouver ma bravoure... On ne m'intimide pas ainsi ; je ne suis pas un lâche.

ALI BABA. - Lâche !

PIED-DE-BŒUF. - Oh ! que je suis simple ! (Il rit). Ah ! ah ! ah ! C’est l'écho. C’est l'écho. (Il rit). Eh bien ! je veux être un brigand...

ALI  BABA. - Brigand !

PIED-DE-BŒUF. - Si tout autre que moi... Mais, par réflexion, la nymphe de cette forêt n’est pas du tout honnête ; on dirait qu'elle met de la malice dans le choix des mots qu'elle répond... Et je suis sur que plus d'un coquin...


ALI  BABA. - Coquin.

PIED-DE-BŒUF. - Qui m'appelle ?... Ah ! c’est encore ce maudit écho ; c’est singulier, cet écho, on jurerait que c’est quelqu'un qui vous parle.

 

SCÈNE  IV.

Les précédents, Casbourg, le Capitaine et les voleurs qui sont sortis de la caverne.

 

     (Casbourg, voyant Pied-de-Bœuf occupé, s'approche doucement de lui par derrière et lui dit, en déguisant sa voix :)

CASBOURG. - Arrête ! ou je te brûle la cervelle !

     (La surprise fait tomber Pied-de-Bœuf par terre à plat-ventre. Il se cache la tête avec les mains).


PIED-DE-BŒUF. - Aïe ! Aïe ! À moi !... À mon secours... je suis mort !

CASBOURG, changeant sa voix. - Téméraire !

PIED-DE-BŒUF. - Je ne suis pas téméraire.

CASBOURG. - Avoue donc que tu n'es qu'un lâche.

PIED-DE-BŒUF. - Je l'avoue, mais ne me tuez pas.


LE CAPITAINE. - Indigne de nous servir !

PIED-DE-BŒUF. - À la bonne heure !


CASBOURG. - Capitaine, il faut nous en délivrer.

PIED-DE-BŒUF, se relevant avec surprise. - Quoi ?Ah !

(Tous lui rient au nez).

 

PIED-DE-BŒUF. - Quoi ! vous riez !... Si j'avais su que vous fussiez là, je n'aurais pas eu peur.

CASBOURG. - Poltron !

PIED-DE-BŒUF. - Ce n'est pas par poltronnerie ; c’est que je ne suis pas encore hardi.


LE CAPITAINE. - Camarades, nous allons partir pour la fameuse expédition que j'ai méditée ; je serai toujours à votre tête ; jurez donc de seconder ma fureur.

TOUS LES VOLEURS. - Nous le jurons.

LE  CAPITAINE. - Suivez-moi.

(Ils défilent au son de la musique).

 

SCÈNE  V.

Ali Baba, sur son arbre.

 

ALI  BABA. - Les voilà pourtant partis. (Il descend, se met à genoux et lève les mains au ciel). Ah ! mon Dieu ! je vous rends grâce. (Il se relève). Oui, coquins, n'espérez pas m'échapper ; je connais votre retraite, et je cours la déclarer. (Il fait quelques pas, puis s'arrête). Mais non, je ferais mieux, selon moi, puisque je connais le secret pour la faire ouvrir, de m'emparer d'un bon sac de pièces d'or, cela nous fera du bien. Et puis, comme dit le proverbe : « C'est un plaisir que de voler un voleur. » Je ne risque rien ; ils ne reviendront pas de sitôt ; enrichissons-nous à leurs dépens. (Il s'approche de la caverne). Voyons si elle obéira à mon commandement : « Sésame, ouvre-toi ! » (La porte s'ouvre). Ô merveille !... Entrons.

 

ACTE  II.

Le théâtre représente l'intérieur de l'habitation d'Ali Baba.

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maison d'Ali Baba
 

SCÈNE  PREMIÈRE. 

Ali Baba, seul.

 

ALI  BABA. - Me voilà, enfin, du nombre des riches : je ne croyais pas en être de sitôt... Mes malheurs... ma malheureuse situation, tout enfin m'éloignait d'une telle pensée. Voilà comme dans la vie on a tort de faire serment de rien... car ce qu'on n'attend point vient le plus souvent sans qu'on y pense... Ah ! voici ma femme.

 

SCÈNE  II.

Les précédents, Maria entrant.

 
 



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